C'est la mort à la plage
Auteur : Coralie Caujolle
Editeur : Eyrolles (27/06/2024)
380 pages

Résumé :
Après dix-sept ans d’absence, Victoire Valéjane revient pour la première fois à Dorville afin de vendre les terres viticoles dont elle a hérité. Un retour aux sources qui l’angoisse bien plus qu’un road trip à l’étranger.
Dès son arrivée, elle se heurte à l’hostilité de son frère, Elias, au flot de souvenirs liés au décès de sa mère, et à un père avec lequel elle a coupé tout lien. À cette équation s’ajoute Gabriel, son petit ami du lycée, qu’elle n’a aucune envie de revoir. Ou alors juste un peu…
Mais ce qu’elle envisageait comme un voyage express se complique lorsque les corps d’anciens camarades du lycée sont retrouvés. Le choc de ces assassinats plonge Victoire dans les méandres d’une sombre affaire datant de son année de terminale. Pour sauver son frère, suspecté par la police, Victoire doit mener l’enquête et découvrir qui se cache derrière ces meurtres.
Avis :
Le titre, les couleurs de la couverture, le résumé… c'est tout cela à la fois qui m'a séduite lors de mon tour de repérage à la Foire du Livre de Brive. J'attendais donc beaucoup de ce roman de Coralie Caujolle (que je n'avais encore jamais lue) et c'est plutôt un carton plein ! Je l'ai sorti assez rapidement de ma PAL car j'avais besoin d'un peu de légèreté; je ne sais pas si l'on peut vraiment dire que C'est la mort à la plage est léger, car il aborde plusieurs sujets délicats, notamment le deuil, mais il se dévore et met en scène une héroïne touchante que j'ai adorée.
La rencontre n'a pourtant pas été intuitive et, dans un premier temps, j'ai été légèrement perdue. En effet l'autrice nous propulse dans la vie de Victoire, sans transition aucune, alors qu'elle regagne son village d'enfance, après 17 ans d'absence. C'est par contrainte qu'elle est tenue de s'y rendre et elle ne compte pas s'y attarder plus que nécessaire. Assez vite, je me suis prise d'affection pour la jeune femme dont on découvre le passé, aussi bien que le présent, au cours des quelques journées d'été qu'elle passe à Dorville.
Sur fond d'enquête policière, Coralie Caujolle évoque tout ce qui fait d'une petite ville un endroit où l'on n'a pas droit à l'erreur : tout le monde se connait et rares sont ceux qui oublient les faux pas. Ainsi, alors que de nombreuses années ce sont écoulées, Victoire est toujours considérée comme la pyromane de service, la fille qui file un mauvais coton et qui a joué de mauvais tours à beaucoup de monde.
Victoire retrouve toutes les personnes de son passé qui, pour la plupart, n'ont pas changé. Pourtant, chacun a avancé en son absence et elle ne fait plus partie de la vie de la bourgade, qui a continué sans elle. Si sa réussite professionnelle ne laisse aucun doute, la jeune femme a perdu quelqu'un d'essentiel dans l'opération. L'autrice découpe son roman en plusieurs parties : une partie pour une journée à Dorville, du 12 au 17 juillet. L'intrigue se concentre donc sur peu de jours mais nous n'en avons pas l'impression car ce sont finalement 17 ans que nous allons passer en revue.
Entre nostalgie et regrets, nous découvrons les raisons du départ de la jeune femme, le ressentiment qui en est né et les liens brisés; des personnages bornés, qui ne savent pas communiquer et se sont enfermés dans leurs déceptions jusqu'à devenir des étrangers.
Chaque passage suit les déplacements de Victoire dans le présent, nous dévoile une part de son passé, ainsi qu'un extrait du journal qu'elle tenait à l'époque. A travers ces instantanés de vie, nous apprenons à connaitre cette femme blessée qui n'a trouvé que la fuite pour se construire, mais aussi ses piliers de l'époque : son petit frère, le garçon dont elle est amoureuse et ses deux plus proches amis.
Coralie Caujolle met son héroïne à nu, ce qui ne l'en rend que plus bouleversante. Sa relation avec son frère est magnifique et semble couler de source, même quand ils se battent froid; c'est l'une des choses que j'ai préféré dans ce roman. L'écriture est fluide et dynamique, le retour dans le passé laisse libre cours aux sentiments qui sont très bien exploités. J'ai trouvé que chaque situation sonnait juste, j'ai apprécié la confrontation des différents caractères, les déceptions induites par la prise de conscience qu'on ne connait pas si bien les gens. J'ai adoré le sens de la répartie de Victoire, notamment face aux habitants à la critique facile qui sont bien plus doués pour commenter que pour agir. J'ai aimé voir l'évolution de Victoire, les leçons qu'elle tire de son passé et les décisions, parfois difficiles, qu'elle prend; le fait que l'autrice ne choisisse pas la facilité et que son héroïne prenne ses décisions en toute âme et conscience.
C'est la mort à la plage est un roman introspectif qui aborde les difficultés du passage à l'âge adulte, le deuil, la famille, l'amitié ou encore le premier amour. Il a la senteur des moments heureux, éphémères, la révolte de l'ado incomprise, l'acidité de l'injustice, le piquant de la trahison et la douceur de la famille retrouvée.
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