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La mort est parfois préférable - Sacha Erbel

La mort est parfois préférable

Auteur : Sacha Erbel Editeur : TAURNADA ÉDITIONS (08/09/2022)

249 pages


Résumé :

Yan est flic à la police judiciaire de Lille. Depuis quelque temps, un « passager clandestin » s'est invité dans sa vie : « l'Araignée », c'est le surnom qu'elle lui a donné. Alors que Yan traque l'auteur du meurtre d'un journaliste connu pour ses reportages à sensation, elle n'a pas d'autre choix que de composer avec son « invisible ennemie » : insidieuse, omniprésente, l'Araignée tisse sa toile, cuisante morsure dans ses chairs survenant n'importe où, n'importe quand… En parallèle, Brath, son collègue, enquête sur la mort étrange d'un homme retrouvé décapité, assis au volant de sa voiture, la tête reposant sur la banquette arrière. En équilibre sur un fil, Yan ne baisse pas les bras, avance sur son chemin de douleurs au risque de se perdre… définitivement.


Avis :

Une nouvelle sortie des éditions Taurnada au résumé à nouveau très alléchant. Cette histoire d'Araignée m'a fortement intriguée, une allégorie à la fois imagée et mystérieuse. Ce livre a été pour moi une révélation; pas tant pour l'aspect enquête policière, dont le dénouement semble assez prévisible (bien que très original il faut l'avouer), que pour l'Araignée.

L'intrigue est prenante; l'auteure alterne deux enquêtes en parallèle : un suicide par décapitation et le meurtre d'un journaliste. Si Yan est en charge de l'affaire du journaliste, avec son partenaire, Granulé, son mentor et ami, Brath a, quant à lui, écopé du suicidé. Si les deux enquêtes ne sont pas forcément amenées à se rejoindre, les enquêteurs interagissent constamment entre eux, que ce soit au poste ou en dehors, pour échanger sur leurs affaires en cours ou alors parler privé.

Le problème, c'est que depuis que Yan a rencontré l'Araignée, elle va mal, très mal et elle ne souhaite surtout pas que cela se voit; elle se renferme sur elle-même et a parfois des sautes d'humeur. Pire, elle est prête à tout pour continuer à bosser parce que son boulot, c'est tout ce qui lui reste.

J'ai beaucoup aimé l'ambiance qui règne entre ces collègues policiers, qui se côtoient depuis des années et se connaissent par cœur. Les souvenirs de bizutage, l'évocation des années d'études… on sent vraiment un côté famille. En même temps il y a une certaine rivalité bon-enfant, comme la course à la meilleure voiture de service ! Sacha Erbel retranscrit également a quel point ce métier est dur, la nécessité de dissocier un corps de la personne qu'il a été, les crimes auxquels sont confrontées les forces de police étant parfois atroces.

Voilà pour la partie roman policier. La plume de l'auteure est vraiment agréable à lire, son récit bien construit et, surtout, les émotions et réactions de ses personnages sont très réalistes. Ce qui m'a énormément touchée, je vous le disais, c'est l'insidieux compagnon de route de Yan, l'Araignée comme elle l'a appelé. D'abord très imagé, à la limité de l'irréel, le mal dont souffre Yan est finalement nommé. Une maladie dont on parle (trop) peu, et quand bien même on en parle, on ne le fait qu'en surface. L'une de mes meilleures amies en est atteinte et, en lisant La mort est parfois préférable, j'ai découvert ce qu'elle traversait. Je lui ai envoyé un message pour lui demander si c'était très douloureux (parce qu'en vrai, elle n'en parle jamais), je me suis rendue compte à quel point, de la même manière que Yan, elle prenait sur elle et cachait sa douleur aux autres. Chaque Araignée est différente, certaines, peut-être, moins douloureuses que d'autres. Lorsque j'ai parlé de Yan à mon amie, elle m'a dit "comme je la comprends". Rien que pour ça, pour avoir pu entamer ce dialogue et voir la force dont fait preuve mon amie, je remercie Sacha Erbel d'avoir écrit ce roman. D'avoir créé cette héroïne, peut-être un peu personnelle, sa lutte constante, son besoin de faire cesser la douleur, peu importe le risque de surdosage médicamenteux, sa honte devant le corps médical qui ne comprend pas sa détresse, sa honte d'être dépendante. C'est une héroïne qui m'a profondément marquée et touchée, et j'espère qu'elle pourra porter son message à un grand nombre de lecteurs.

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