La vie en vrai
Auteur : Emma Green
Editeur : Editions addictives (13/10/2022)
472 pages
Résumé :
Et si s'accepter comme on est, c'était commencer à vivre pour de vrai ? À 17 ans, Louve est la victime des Royals, ces élèves populaires qui la harcèlent au lycée comme sur les réseaux sociaux jusqu'à la pousser au pire. Mais quand on touche le fond, il n'y a plus qu'une chose à faire : remonter. Aidée de sa famille, parfois maladroitement, Louve décide de rendre les coups et se rapproche du plus cruel de tous, l'intouchable Lazare Nightingale. Sous ses boucles brunes, Laz ne cherche qu'une chose : qu'on lui fiche la paix. Et tant pis si pour ça, il doit se montrer odieux. Mais il n'imagine pas encore que sous la fragilité de Louve se cache une guerrière. Ni que son attirance pour elle va peu à peu briser ses barrières.
Avis :
Petite panne de lecture. Rien qu'un Emma Green ne puisse résoudre. J'ai donc sortie La vie en vrai de ma PAL, livre que j'avais acheté après avoir terminé PS : Oublie-moi ! puisque nous y retrouvons la fille de Léo et Wolf dont on découvre le nom à la toute fin du roman. L'envie de connaitre l'histoire de Louve, après avoir passé un si bon moment avec ses parents, et l'intérêt suscité par le trope du harcèlement n'étant pas étrangers à cette acquisition.
Mission à nouveau accomplie pour les Emma Green puisque j'ai dévoré La vie en vrai en l'espace de quelques jours. Ce roman peut néanmoins heurter la sensibilité de certains lecteurs et j'ai moi-même été parfois mal à l'aise par rapport au comportement de quelques personnages. Certes, on comprend rapidement qu'il ne faut pas se fier aux apparences mais j'ai quand même eu du mal avec les harceleurs passifs, notamment le héros qui a moyen d'agir mais ne le fait pas. Les conséquences, dans la vraie vie, pour quelqu'un de moins entouré et de moins fort que Louve, pourraient être dramatiques. Petit bémol sur ce point donc, car cet aspect donne un côté malsain à la romance, toutefois, je pense que les autrices en ont eu conscience en l'écrivant puisque l'héroïne elle-même se fustige sur ses sentiments (qu'on ne contrôle pas au final).
Tout commence par une tentative de suicide avortée, une prise de conscience et une famille qui se mobilise. J'ai adoré retrouver Wolf et Léo, en arrière plan de cette romance, toujours aussi marquants mais malmenés par le quotidien et les retards de développement d'une enfant en bas âge. Forcément, la grande sœur, Louve, se sent délaissée au moment où elle a le plus besoin de soutien car elle subit un harcèlement particulièrement virulent dans le lycée américain qu'elle vient d'intégrer. Coupée de ses amis, restés à Paris, honteuse de ce qu'elle subit, elle finit opter pour la seule solution qu'elle pense avoir : mettre fin à sa vie.
Gros coup de cœur pour les personnages et particulièrement Willa, la tatie qui déchire. Elle occupe tout l'espace, sa présence donne instantanément le sourire et toutes ses répliques sont pépite. Elle est LE remède miracle pour retrouver gout à la vie et passer en mode warrior. Je suis absolument fan de cette fille et de sa prévenance. On retrouve aussi Judith et ses tocs. Elle vit désormais avec son fils (Wolf) et il est vrai qu'entre Constance, la dernière née, et elle, il ne reste pas beaucoup de place pour Louve à la maison. Judith est aussi drôle que dérangeante et, là où Willa illumine l'espace, elle a plutôt tendance à fatiguer. Léo, force de la nature, apparait surmenée et dépassée par les évènements; elle ne sait pas toujours exprimer ses sentiments et a tendance à attaquer plutôt qu'accompagner. Autant dire qu'il y a quelques tensions entre la mère et la fille; mais, à travers Léo, on capte bien l'inquiétude permanente d'un parent pour son enfant. Wolf, quant à lui, n'est pas très présent car il voyage beaucoup pour l'agence, cependant, il tempère le caractère de sa femme et a une relation très forte avec Louve. Il est à la fois protecteur et assez cool mais surtout il dégage toujours ce charisme de dingue. Oui, les autrices arrivent à faire ressentir tout ça à travers leurs mots.
Pour en revenir aux personnages principaux : j'ai nommé Louve et Lazare, qui s'expriment tour à tour au fil des chapitres, j'ai adoré voir leur relation évoluer. J'ai adoré voir les barrières de Lazare tomber au contact de Louve. Pas brusquement mais petit à petit, tout doucement, dans une lutte constante entre son corps et son esprit. J'ai aussi aimé découvrir le passé du jeune homme, par petites touches puisqu'on n'apprend son "secret" que vers la fin du roman (même si on se doute fortement des choses). J'ai aimé le côté girl power, l'énergie que déploie Louve et son investissement pour faire bouger les choses dans son lycée, pour qu'il n'y ait pas d'autres victimes après elle. Les barrières qu'elle rencontre aussi, face au pouvoir de certains parents, le sentiment d'injustice omniprésent (surtout en présence du psy). J'ai aimé le fait qu'elle mène son propre combat et qu'elle trouve des soutiens. J'ai adoré les réparties mais aussi les incertitudes et les hésitations. J'ai aimé vivre la vie en vrai avec Louve.
Comme je l'ai dit plus haut, il ne faut pas se fier aux apparences. Lorsque la réalité éclate ici, même si c'est n'est qu'à moitié une surprise, on comprend que souvent les gens n'ont pas conscience de la portée de leurs actes. On se dit que parfois les parents prennent des décisions pour le bien de leur enfant parce qu'il faut agir, mais que ces décisions, bonnes ou mauvaises, ne sont pas toujours appréciées à leur juste valeur. On se dit que la jalousie peut pousser aux actions les plus viles. On se dit aussi qu'il n'est pas facile d'être un adolescent, encore plus de nos jours (avec les RS) et d'avantage encore lorsqu'on est "différent". On se dit que tout le monde a quelque chose à cacher et que, parfois, on attire l'attention sur les autres pour ne pas exposer ses propres failles.
Comme toujours avec Emma Green, et malgré le malaise ressenti par l'orientation de la romance et les violences qui peuvent être difficiles à lire (certains messages sont atroces), tout matche parfaitement : personnages, émotions, dialogues, messages et addictivité !
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