Emulsion :
Au delà du visible
Auteur : Vanaly Nomain
Éditeur : Autoédition (21/08/2017)
Résumé éditeur : Deux mondes. Deux amours. Un choix impossible. Une quête de soi qui attire Maïa aux frontières du réel, dans un monde qui se meurt. Le visible et l'invisible, unis dans une émulsion alchimique et quantique. Dans l'esprit de la jeune fille de quinze ans, tout se mêle, se chevauche, se lie. Quel lien existe-t-il entre un grand-père guérisseur, le cri des tarsiers dans la nuit, un corps qui trébuche, un petit garçon qui sait tout, une révolte qui gronde, une attirance irrésistible et la fin du monde ? Et l'eau et l'amour, partout. Émulsion, ce sont des âmes qui se cherchent et ne se trouvent pas, entre illusion et réalité.
Le bonheur, c'est comme le vent, ça ne se retient pas, ça ne s'emprisonne pas. Il faut juste le sentir quand il vous effleure. Le bonheur, c'est un sentiment fugace.
Avis :
Une jolie couverture qui attire l'œil mais un résumé qui ne m'avait pas forcément convaincue. Pourtant, lorsque Vanaly Nomain m'a contacté via SimPlement pour me proposer de découvrir Emulsion : Au délà du visible, je me suis laissée tenter, notamment au vue des commentaires positifs. Bien m'a en pris, et je remercie chaleureusement l'auteure pour sa confiance.
En effet, malgré son originalité, Emulsion a su me séduire et j'ai beaucoup aimé ma lecture. Originalité car l'auteure mêle plusieurs mondes différents dans ce petit pavé et si on peut avoir des reproches à faire sur différents sujets, on ne ressort pas moins conquis de sa lecture.
Emulsion est tantôt poétique, tantôt philosophique et regorge, à n'en pas douter, de réflexions intéressantes et qui poussent à cogiter. Vanaly Nomain nous plonge dans un premier temps au cœur du Laos, aux côtés de Maïa, 10 ans, et son grand-père, chaman, qui vivent à l'écart de la population. L'ambiance est exotique, captivante, on se prend d'affection pour cette petite fille et apprécie le lien qui l'unit à son grand-père. Le tout est entouré d'une aura de magie, mystique... et tout d'un coup, nous nous retrouvons propulsé en France, auprès d'une ado de 16 ans, mal dans sa peau, qui n'arrive pas à s'intégrer et ne rêve que de repartir. Elle connaît ses premiers émois et grandit auprès d'une famille pour le moins particulière. Je résume outrageusement, mais l'idée est là, et je ne veux pas non plus trop spoiler ! Le changement est brusque, radical et pourtant, on se fait très bien à la transition et on en vient à admirer la capacité de l'auteure a effectuer une telle transition sans perdre son public. Les personnages qui entourent Maïa sont tous originaux, attachants et blessés; c'est ce qui en fait leur force et leur attrait. On regretterait presque qu'ils ne soient pas tous un peu plus développés. Viens un moment où l'auteure effectue un nouveau virage, établissant dans le paysage connu (notre réalité), des changements d'abord subtils puis prenant une dimension beaucoup plus importante. Le fantastique prédomine alors le récit.
Tout est bien pensé et part, chose hyper originale, de la mythologie grecque. Vanaly est partie d'un mythe et a brodé un vaste conte tout autour. C'est beau, émouvant, triste aussi et on a des regrets par moment, on est frustré, on a mal pour les personnages. D'un côté ça ressemble beaucoup à la vie. On trouve une analyse fort juste du monde tel qu'il est, malade; et un questionnement sur la vie et ce qui nous entoure.
Si je devais trouver des points négatifs à ce livre, ce serait la rapidité de certains passages, notamment la fin. Si tout ce qui est en haut et en bas et que la boucle est bouclée, elle ne me satisfait pas complétement parce que je reste sur certaines questions et que, même si cette fin est à l'image du roman, belle, d'une certaine façon; elle reste trop subjective pour moi et met de côté certains personnages que j'aurais apprécié revoir.
Une très belle découverte, qui m'a donné envie de lire à nouveau cette auteure.
Et pourtant, derrière cette recherche ultime du style, de ces accessoires qui donnent l'illusion d'être quelqu'un, je vois bien que beaucoup sont aussi peu sûrs d'eux et effrayés que moi. Mais eux, au moins essaient, eux au moins se collent à un groupe comme ils peuvent. L'être humain est capable de tout pour éviter ce rejet insupportable, digne de lépreux.
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La graine nait dans l'obscurité et l'humidité de la matrice puis grandit dans la lumière éclatante du soleil, révélant tout son potentiel de croissance. Chaque plante, chaque être vivant n'a qu'un seul but : toucher le ciel et atteindre les étoiles. Nous poursuivons cette quête verticale menant un combat éternel, dans le jeu incessant du jour et de la nuit, de l'ombre et de la lumière, comme des éléments indissociables, tel le funambule sur sa corde qui ne peut maintenir son équilibre et continuer sa progression qu'au prix de minuscules balancements latéraux. Ainsi tourne l'univers, sans égard à la moralité humaine, dans une danse rythmée entre le positif et le négatif, le nord et le sud, le bien et le mal.
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La vie a-t-elle un sens ? Quel lien existe-t-il entre chaque élément séparé de notre vie, font-ils partie d'un tout, d'un projet, d'une cohérence universelle ? Existe-t-il une logique pour nous diriger vers un destin inéluctable ? Sommes-nous reliés d'une même particule élémentaire ? Comment penser qu'une conscience universelle mène le dessein du monde à travers de telles diversités et contradictions ? Comment imaginer le visage de Dieu dans ce chaos perpétuel ?
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En cet instant, nous sommes les enfants du chaos et du désespoir. Dans l'obscurité d'une bougie éteinte, notre baiser prend le goût d'un espoir amer.