Ma bonne étoile
Auteur : Clara Richter
Éditeur : Dreamland (03/01/2018)
Résumé éditeur :
La vie d'Alix a basculé à la mort de son grand frère Paul qui s'est noyé lors d'une soirée entre amis. Depuis ce drame, la jeune lycéenne est submergée par des émotions qui l'étouffent : rage, tristesse, culpabilité, incompréhension. Fragile et meurtrie, Alix croise le chemin d'Elyas, un garçon dont l'existence a également volé en éclats. Il a fui la Syrie où ses parents, ses frères et sœurs ont été tués sous ses yeux. Entre les deux adolescents, la compréhension est immédiate. L'attirance aussi. Ensemble, ils vont tenter d'apprivoiser leurs nouvelles existences et de résoudre le mystère de la mort de Paul. Est-ce un suicide ? Un stupide pari Facebook qui a mal tourné ? Ou bien son frère avait-il un secret ? Obnubilée par cette enquête, Alix ne réalise pas à quel point Elyas a, lui aussi, besoin d'aide…
"La mer est une salope, a lâché Elyas. Elle te séduit, elle t'allume, elle te baise, avec son va-et-vient incessant, et puis elle te rejette et t'abandonne juste après. J'aime pas la mer."
Avis :
J'ai découvert Ma bonne étoile un peu par hasard sur IG. Le résumé et la perspective de croiser l'auteure à Livre Paris m'ont convaincues de sauter le pas. Clara Richter est pétillante, souriante et adorable; cela m'a encore plus donné envie de découvrir son premier roman.
Je suis plutôt difficile en terme de romance et, ce qui m'a particulièrement attirée dans Ma bonne étoile, c'est l'aspect sur le mystère de la mort du frère de l'héroïne. Malheureusement, c'est un sujet qui n'est pas très développé dans le roman. Pourtant, j'ai complétement adoré ma lecture. Clara Richter nous fait ressentir tout un tas d'émotions plus vraies que nature et je me suis retrouvée dans l'histoire d'Elyas et Alix, ou plus particulièrement en Alix.
Clara Richter fait un pari risqué, puisqu'elle mêle à sa romance la notion de deuil et l'actualité de la guerre en Syrie. Difficile de ne pas tomber dans la facilité ou le cliché, difficile de trouver le bon équilibre entre ces sujets. Pour moi c'est gagné ! Je ne sais pas jusqu'à quel point l'auteure a poussé ses recherches sur la guerre en Syrie, s'est inspirée de faits réels ou a extrapolé (c'est d'ailleurs un petit reproche que je ferais à ma lecture, une note de l'auteure expliquant sa démarche) mais le rendu est parfait.
On suit Alix, jeune-fille de 16 ans qui vient de perdre son frère; son combat au quotidien pour faire son deuil et avancer malgré ses parents qui souffrent seuls. Alix est posée et raisonnable, elle a des allures de fille modèle et a la chance d'être soutenue, comprise et bousculée par sa meilleure amie Jeanne. J'ai été quelque peu surprise par le rapport des lycéens à l'alcool (ou au sexe pour certains), c'est un univers dans lequel je n'ai jamais "trempé", à l'instar d'Alix et, soit les choses ont évoluées en 16 ans, soit je n'avais pas conscience d'une partie du monde lycéen. E
Elyas est un jeune Syrien qui a perdu sa famille "à cause" de Bachar al-Assad. Il est brisé et voue une haine féroce à cet homme et son régime qui détruisent son pays chéri, et qui lui ont ravi ces êtres à qui il tenait tant. Il se retrouve seul et amputé.
Entre Alix et Elyas, on ne peut pas dire que ce soit le coup de foudre, mais ils vont se rapprocher dans leur souffrance. La relation entre les deux adolescents est magnifique; ils se soutiennent, se cherchent, se taquinent. Ils essaient de surmonter leur peine ensemble. Leurs échanges m'ont replongés quelques années en arrière, des papillons plein le ventre. Tout est juste, bien écrit, un brin provocateur par moments et très poétique par d'autres. La musique est omniprésente dans le roman, et accompagnent nos deux protagonistes tout du long.
Comme je vous le disais, "l'enquête" sur la mort de Paul, le frère d'Alix, est un peu reléguée au second plan. C'est néanmoins une des étapes nécessaire à la jeune-fille pour avancer, se convaincre qu'elle connaît bien son frère. Celui-ci cachait pourtant un secret que j'avais facilement deviné à une réflexion faite par une de ses amies.
Ma bonne étoile est un roman poignant, qui restera une très belle lecture. Sur le premier amour, si beau, si fort. Sur le deuil. Sur la confiance. Sur l'amitié. Sur la construction et la reconstruction de soit. Et surtout, un roman qui peut permettre de prendre conscience des horreurs perpétrées dans le monde. C'est le genre de messages que je trouve très important.
Le calcul de toutes ces forces en présence me rappelait combien nous n'étions que des corps soumis à des interactions. Tout ce qu'on voulait y mettre derrière, les sentiments, les émotions c'était du pipeau. Ce qui avait fait couler mon frère, c'était cette stupide attraction terrestre, qui avait mis minable la poussée d'Archimède. Tout le chaos que cela avait engendré dans nos vies n'était rien dans l'ordre des choses et du cosmos. Les forces gravitationnelles se moquaient bien de savoir si j'allais élucider le mystère de la connerie accidentelle de Paul, si ma mère allait s'en remettre un jour, ou si j'allais revoir Elyas au lycée. La lune tournerait toujours autour de la Terre et la Terre autour du Soleil et nos petites vies merdiques n'avaient qu'à s'en contenter.