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On regrettera plus tard - Agnès Ledig


On regrettera plus tard

Auteur : Agnès Ledig

Éditeur : Pocket (07/09/2017)

Résumé éditeur :

L'irruption d'’Éric et d'Anna-Nina un soir d'orage dans la vie de Valentine, institutrice dans un hameau du massif Vosgien, est un véritable coup de tonnerre. À la fillette brûlante de fièvre, au père brisé par la vie, Valentine va offrir plus qu'un simple toit. Avec tendresse et franchise, elle va bousculer les certitudes de ce père solitaire et modifier leur trajectoire toute tracée.

Il ne faut pas attendre. Il faut profiter des choses qu'on a. Pas de celles qu'on espère.

Avis :

On regrettera plus tard est le second livre de l’auteure que je découvre. Il fait partie de ses livres que j’ai acheté sans même lire le résumé, lors de ma seconde rencontre avec Agnès Ledig, à la foire du livre de Brive ; parce que j’avais beaucoup aimé Pars avec lui, parce que l’auteure est tellement touchante et parce que deux de mes amies me l’avait chaudement recommandé. Je me suis donc lancée un peu à l’aveuglette, c’est bien parfois, et j’ai adoré ma lecture. On y découvre Valentine, une jeune femme touchante et très attachante, que j’ai souvent imaginée sous les traits de sa créatrice. Car, comme nous l’avait fait remarqué Agnès, on constate à nouveau que si ses personnages sont décrits sous tous les angles psychologiquement, ils n’ont que très peu de description physique, laissant la liberté au lecteur de se les imaginer selon son cœur. Manque de description physique qui me fait défaut en général, mais pas là ; je n’ai eu aucune difficulté à me figurer Valentine, Gaël ou encore Gustave.

Le récit se découpe entre présent et passé, puisque, dans certains chapitre, nous revivons les épreuves de Suzanne durant la seconde guerre mondiale. Quand ? Comment ces épisodes vont rejoindre le présent ? Quel est le lien ? Le lien c’est un certain personnage, que j’avais « démasqué » et, pour lequel j’ai minutieusement relu les premiers passages où il apparaît en vain : Agnès prend bien soin de ne pas le nommer, ménageant le suspense jusqu’à la fin ou presque. Quoi qu’il en soit, j’ai été très touchée par ces chapitres, totalement prise dedans, frustrée de revenir dans le présent alors que je souhaitais savoir ce qu’il allait arriver à Suzanne, résoudre le mystère de ces lignes insérées dans le récit.

Au présent, Valentine rencontre Éric, un soir de tempête ; lui et sa fille Anna-Nina sonnent, complétement trempés, à sa porte. Certains chapitres seront de son point de vue à lui, d’autre à elle. C’est une rencontre qui bouscule, les personnages comme le lecteur. C’est une rencontre pleine d’espoir, entre deux êtres blessés, de manière totalement différent, par la vie. Valentine, jeune institutrice absolument étonnante, qui ne s’arrête jamais : poterie, jardinage, lecture, écriture… et son travail, elle vit à 100 à l’heure (pour ne pas voir qu’elle n’est pas heureuse ?). Valentine au grand cœur, qui s’attache aux gens, et qui en souffre souvent. Éric, son total opposé, qui traverse la vie lentement, entièrement dévoué à sa fille, et qui fuit… Gustave, ce grand-père fabuleux, là quand on a besoin de lui, un pilier, un exemple. Nanie, cette petite fille qui a vécu sur les routes et qui est tellement éveillée, à l’écoute des autres, désireuse d’apprendre, sensible et réceptive. Et enfin Gaël… le meilleur ami, la moitié. J’ai adoré la relation Valentine / Gaël, qui semble si simple, si fusionnelle. Les joutes verbales entre les deux amis sont excellentes, pleine de sens, de verve, de poésie parfois.

Le roman d’Agnès Ledig remue tellement de choses, nous amène à réfléchir, nous secoue ; et il sonne tellement juste. Une réflexion sur la vie, sur ce que nous offre chaque nouvelle journée, sur l’amour ; l’amour qui est au centre de beaucoup de choses, l’amour qui fait mal. Comme dans part avec lui, je me suis retrouvée dans certaines situations, c’est peut-être ce qui fait qu’on regrettera plus tard me parle. J'ai d'ailleurs relevé tout un tas de citations qui ont fait écho en moi.

- Tu crois qu'on peut aimer deux femmes en même temps ? enchaine-t-il sans me laisser aucun instant de répit. - Evidemment ! - Ah ? - C'est la tradition judéo-chrétienne qui l'interdit, mais aucune morale n'a à ce jour réussi à maîtriser les élans du cœur, les vrais. Depuis quand décide-t-on de ce qu'on ressent ?
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"Reviens ici et maintenant. Quand tu épluches tes carottes, ne pense pas à ta vie, pense à tes carottes." Ça marche à peu près avec les carottes. Mais pas encore avec les autres légumes.
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On peut tout se dire parce qu'on s'aime avec sincérité. Avec une sincérité rare, qui signifie qu'on peut avoir une confiance sans faille et la certitude absolue que l'autre sera toujours là. Ca arrive aussi dans les couples. Mais ce n'est pas le même genre de certitude. Parce qu'il y a les corps, le désir, et que si celui-ci s'épuise un jour, il y a de grandes chances pour qu'il entraîne dans sa chute tout ce qui allait avec. Dans l'amitié, les corps n'ont pas la parole !
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Mais on ne maîtrise pas grand chose dans la vie, tu sais ? Et c'est notre grand tort de croire que c'est possible. Vouloir tout maîtriser, parce que c'est rassurant. Mais il suffit d'un évènement particulier et tout peut être chamboulé.
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- Alors je ne devrais pas réfléchir à demain ? - Si. Mais sans espérer aucune certitude. - L'incertitude est inconfortable. - Oh oui. Mais la vie est une incertitude à elle toute seule. Il n'y a que quand on est mort qu'on est sûr d'être mort. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'imprévu. C'est comme ça, et on n'y peut rien. On peut juste l'accepter.

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