Les contes inachevés - 1
La vilaine belle-sœur
Auteur : Aya Ling
Éditeur : MxM Bookmark (23/08/2017)
Résumé :
En déchirant par mégarde un vieux livre d'images, Kat est téléportée dans le monde de Cendrillon, où elle incarne Katriona, l'une des hideuses belles-sœurs ! En tant que jeune fille de noble lignage, sa vie change du tout au tout et elle doit apprendre à survivre aux lois de ce nouvel environnement, à commencer l'épreuve de passer les portes avec une robe à arceaux… Pour revenir chez elle, elle va devoir compléter l'histoire, jusqu'à ce qu'ils soient heureux et aient beaucoup d'enfants. Mais les obstacles sont de taille : l'autre belle-sœur est belle à s'en damner, la marraine la bonne fée est aux abonnées absentes et le prince - carrément canon, soit dit en passant - déteste les bals. Dans de telles conditions, arrivera-t-elle seulement à rentrer chez elle… ?
Krev, j'ai besoin d'un tapis volant. Ou d'un portoloin. Ou d'une armoire de Narnia. Quelque chose qui me permette de voyager sur une longue distance, pas seulement avec un cheval et un carrosse.
Avis :
Vilaine belle-sœur est le premier livre des éditions MxM Bookmark que je lis. Plusieurs parutions de cette ME me tentent beaucoup mais j’avais décidé de découvrir Aya Ling car elle était présente à Livre Paris 2018 ; si je n’ai finalement pas pu la voir et que j’ai découvert le premier tome des contes inachevés un peu sur le tard, je ne regrette pas d’avoir tenté l’aventure car j’ai beaucoup beaucoup aimé ma lecture.
Si l'affaire était plutôt mal engagée (ambiance lycée avec une jeune-fille ultra timide qui n’arrive pas à aligner deux mots face à un garçon, une reine du lycée qui semble un peu stéréotypée, la jeune-fille timide qui rentre dans le nouvel élève super sexy…) à partir du moment où Kat se retrouve propulsée dans le monde des contes (ce qui arrive relativement vite), j’ai complétement revu mon jugement. On se trouve dans une toute autre ambiance, dans un conte connu (Cendrillon), où rien ne se déroule comme on l’attend.
Aya Ling prend totalement possession de cette histoire archi-connue et nous concocte un univers parallèle ultra original où la magie des trolls envoûte les livres et permet ce miracle : pour sortir du livre et retourner à sa vie normale, Kat devra rétablir le cours de l’histoire et offrir le spectacle qu’ils attendent au roi et à la reine des trolls. J’ai énormément apprécié le personnage de Kat dans ce royaume ; qui tâtonne pour comprendre ce qui lui arrive, ne l’accepte pas et fini par se résigner. Elle prend petit à petit confiance en elle et tente par tous les moyens de rapprocher le prince de Cendrillon pour rétablir la fin heureuse. Mais le royaume d’Athelia n’a pas un univers de paillettes et de conte de fées, ici règne la compétition entre les jeunes-femmes qui recherchent le meilleur parti à qui s’unir, les hommes (et notamment les nouveaux riches) cherchent à acquérir toujours plus de richesses et de pouvoir au détriment des plus faibles, la famille royale est soumise à l’approbation du parlement pour voter des lois et la marraine fée est introuvable. Pour Kat, jeune-fille de notre temps, ce qu’elle découvre est inadmissible : la condition de la femme, le traitement des serviteurs ou encore le travail des enfants. J’ai trouvé certaines situations cocasses, plus d’une scène m’a arraché un sourire et surtout, j’ai fébrilement attendu de voir comment Kat allait se dépêtrer de ce casse-tête alors qu’à chaque fois qu’elle rencontrait le prince Edward leur attraction devenait plus évidente.
Pour autant, tout le récit ne tourne pas autour de Kat et Edward puisque Kat reste plutôt indépendante ; elle crée quelques liens d’amitié et se démène pour faire changer les choses pour ces personnes à qui elle s’attache, tout en sachant qu’elle ne restera pas. Le fait d’être dans un monde « imaginaire » et d’avoir un impératif à tenir pour rejoindre sa famille la pousse à se dépasser et ne pas tenir compte du regard des autres ; Kat s’accomplit à travers cette mission, même s’il est possible qu’elle y laisse quelques plumes. J’ai beaucoup aimé les personnages secondaires également : Elle (Cendrillon) qui ignore tout de ses origines, Mme Gregory, le Duc Henry (cousin du prince) et surtout Poppy cette jeune campagnarde qui a le cœur sur la main et devient la seule vraie amie de Kat dans cet univers de compétition. Bianca (l’autre belle-sœur de Cendrillon) et sa mère sont également parfaites dans leurs rôles, on les trouve telles qu’on les attendait et cela ne parait, en conséquence, pas exagéré. Quant au prince Edward, je l’ai gardé pour la fin, mais je suis également tombée sous son charme ; ce jeune-homme qui a tout mais qui reste pourtant près du peuple, cherche à améliorer sa condition, jardine, fuit les mondanités… Ce jeune-homme simple et très cultivé, au charme ravageur. Mr Darcy comme le nomme Kat dans un premier temps.
Ceci est le dernier élément que j’ai beaucoup apprécié : les références littéraires (le portoloin notamment) et autres de notre temps dans ce monde qui ne le connais pas, cela crée un espèce de décalage rigolo et permet en même temps au lecteur de rester ancré dans la « réalité ».
J’ai donc adoré ma lecture mais ai été un peu refroidie par la fin fin, car si la fin du conte (entièrement réinventé par Aya Ling) m’a totalement satisfaite, ce n'est pas le cas de ce qui arrive après… mais c’est une autre histoire ! Il est fort probablement que je découvre Il était deux fois (la suite), même si j’appréhende un peu ce que je vais y trouver et que j’ai peur de ne pas autant apprécié que La vilaine belle-sœur…
-Vos pieds, dit-il en regardant mon gros orteil avec insistance. Ils saignent. Mec, je marche depuis des heures avec ces talons, à cause de ton château tellement énorme que c'en est ridicule. Je me contente de lever les yeux au ciel.
-Bien sûr. Essayez donc de marcher avec ces talons depuis l'entrée du château, de rester debout pendant des heures à attendre la présentation, et on verra si vos pieds ne saignent pas.
Comment pouvez-vous vous montrer aussi passionnée quand vous parlez pour les enfants, mais froide comme un concombre quand il s'agit de vous-même ?