Mantis Religiosa
Auteur : Katell Curcio
Éditeur : Librinova (25/07/2018)
Résumé :
Nael, Brice et Richard se connaissent depuis l'enfance. Pendant trente ans, ils ont bâti une relation fraternelle. Nael et Jade forment un couple harmonieux. Richard se partage entre sa fille et son travail. Brice enchaîne les conquêtes qui l'éloignent, bien malgré lui, de son rêve d'une vie à deux. Tous les trois imaginaient avoir parcouru d'innombrables choses. Jusqu'au jour où Sylvia s'immisce dans la vie de Brice.
Certaines révélations vont outrepasser toutes les suspicions. Les langues se délient, les regards changent, les sentiments s'égratignent. C'est le début d'une spirale infernale. Cette amitié indéfectible résistera-t-elle à cette valse des non-dits ? Que vont découvrir les protagonistes de cette histoire ? Quand machiavélisme et illusion ne font qu'un, n'importe qui peut être capable du pire ?
Comme quoi, les apparences peuvent parfois se montrer trompeuses. Peut-être avons-nous tous un monstre qui sommeille en nous ?
Avis :
Je remercie Katell Cursio de m’avoir proposé de découvrir son roman ; le résumé plutôt intriguant et les avis assez positifs sur Mantis Religiosa m’ont fait sauter le pas et je vous avoue ne pas avoir fait plus que cela attention au titre qui prend tout son sens à la lecture.
J’ai beaucoup apprécié ma lecture, même si pas mal de petits points m’ont dérangée ; il n’en reste pas moins que c’est un livre plutôt prenant, bien écrit et analysé. Il accroche le lecteur et se lit plutôt facilement mais j’ai trouvé les chapitres un peu long.
J’ai eu une impression un peu particulière à la lecture de Mantis Religiosa, celle d’assister en complet spectateur au déroulement de la vie de Naël, qui nous est exposée en détail depuis son enfance. Le tout est un peu plat ; attention, pas ennuyeux du tout, cela crée même une certaine ambiance, mais il n’y a pas de montagnes russes d’émotions ou de péripéties en veux-tu en voilà : juste la vie d’une personne lambda disséquée sous nos yeux, de manière plutôt impersonnelle. Malgré tout, j’ai continuellement eu envie de connaitre la suite, de savoir ce qu’il allait se passer dans sa vie. Par moment, on trouve quelques énumérations pas forcément utiles (à mon sens), comme toutes les formalités à accomplir pour ouvrir son cabinet par exemple, qui donnent une impression de longueur. Une grande partie du récit est plutôt axée sur la perception de Naël puis, Katell Cursio nous donne accès aux pensées d’autres personnages (toujours en tant que spectateur), ce qui donne une autre dimension à l’histoire.
Mantis Religiosa véhicule une ambiance un peu pesante, lourde et nous met mal à l’aise de par les sujets abordés. C’est avant tout un livre qui parle d’amitié, de construction, de la vie tout simplement; je pense que n’importe qui peut plus ou moins se reconnaitre dans certaines étapes franchies par les trois amis Naël, Richard et Brice. Nous assistons aux prémices de leur relation, puis à l’évolution de celle-ci les années passant. Ces trois amis fusionnels qui grandissent et changent nous font poser la question : une amitié peut-elle résister à tout ? Personnellement je ne me suis attachée à aucun personnage (peut-être l’effet spectateur), et c’est finalement Naël que j’ai le moins apprécié (peut-être parce que c’est sa vision que l’on a). En effet, c'est celui du trio qui a eu le plus de « chance » dans la vie et j’ai eu l’impression qu’il avait parfois un comportement un peu hypocrite vis-à-vis des deux autres : se targuant d’être toujours franc et râlant en sourdine de la place prise par ses amis. J’ai eu beaucoup d’admiration pour Richard, qui est celui au plus lourd bagage psychologique et qui a su prendre sa vie en main et s’accomplir d’une certaine manière. Quant à Brice, son mal être a su me toucher mais je l’ai trouvé un peu trop effacé. La lourde question de l’amitié est mise à rude épreuve par Katell Cursio, et comme l’annonce si bien sa citation de début « Tandis que les blessures d'amour, du désir, de la sexualité peuvent se cicatriser, celles de l'amitié sont éternelles, définitives ». Pourtant, s’il est vrai que certaines choses ne peuvent être pardonnées, j’estime qu’en matière d’amitié tout doit être tenté, et c’est aussi ce qui m’a gêné dans le comportement de Naël et Richard : leur passivité face au changement de leur ami. Pour moi l’amitié c’est aussi soutenir et aider or, ce n’est pas ce que fait Naël, si prompt à juger le comportement de Brice sans lui tendre la main autrement que par la pensée (mais cela c’est inutile) ; certes, la distance, la routine et la vie de famille n’aide pas mais il faut parfois savoir agir (quitte à se fâcher avec la personne) lorsque les signes sont là. Et comment qualifier quelqu’un qui coupe les ponts parce qu’il ne reconnait plus son ami, le laissant livré à lui-même alors que l’on présent un danger ? Bref, comme vous pouvez le voir, je me suis beaucoup questionné sur le comportement de Naël vis-à-vis de ses amis.
Katell Cursio nous fait aussi voyager puisqu’elle nous dépeint les magnifique paysages d’Oléron, nous donnant envie de découvrir cette ile à laquelle certains personnages semblent tant attachés.
Autrement, j’ai beaucoup apprécié le personnage toxique de Sylvia ainsi que les retours dans le passé destinés à nous en révéler plus sur le personnage. Katell Cursio nous entraine dans une spirale infernale de laquelle nous ne pouvons pas sortir indemnes et si certains éléments ont pu me paraitre un peu gros, le tout est magnifiquement bien orchestré ! J’ai trouvé intéressant de voir un personnage féminin manipulateur (en général on a plutôt affaire à des hommes et on parle peut-être moins de la situation inverse).
J’ai donc passé un bon moment de lecture, tout en étant bousculée dans mes convictions ou dérangée par certains éléments mais dans l’ensemble Mantis Religiosa est une bonne découverte.