La fille du maître de chai
Auteur : Kristen Harnisch
Éditeur : L'Archipel (05/09/2018)
Résumé :
1895. Sarah Thibault, 17 ans, vit avec ses parents et sa sœur Lydie dans le Val de Loire, où la famille exploite un vignoble. À la suite du décès de son époux, la mère de Sarah est contrainte de vendre le domaine à une famille de négociants, les Lemieux, dont le fils aîné épouse Lydie.
Mais une nouvelle tragédie oblige les deux sœurs à quitter la France. Sarah, qui n'a pas abandonné son rêve de devenir viticultrice, gagne la Napa Valley, en Californie. Sur place, elle fait la connaissance d'un certain… Philippe Lemieux, qui s'est lui aussi lancé dans l'aventure viticole. Les deux Français décident d'associer leurs talents.
Mais les affaires et l'amour peuvent-elles faire bon ménage ? D'autant que Sarah cache un indicible secret…
Je les ai méprisés pendant un temps. On ne pardonne pas facilement de telles offenses. Néanmoins, j'en suis arrivée à croire que l'homme assoiffé de vengeance creuse deux tombes.
Avis :
Je remercie Mylène et les éditions de l’Archipel pour l’envoi de ce roman, pour lequel je me suis fiée au seul nom de Tamara McKinley. La pari est tenu puisque La fille du maître de chai n’est pas loin d’être un coup de cœur ! J’ai adoré ma lecture, les personnages, les sentiments et les paysages !
Les premières pages ont été un peu compliquées, difficile de se glisser dans l’histoire puis, la magie a opéré et j’ai apprécié chaque ligne de l’auteure. L’histoire est fortement liée à la terre, la cultivation de la vigne et l’amour de Sarah, jeune-fille de 17 ans au début du récit, pour le métier de vigneron. Un lien très fort l’unit à son père, qui lui laisse des libertés peu communes pour une fille en 1896 ; en effet, elle travaille avec lui dans les vignes et compte reprendre le domaine à sa suite. Si j’avais un petit reproche à faire, ce serait au résumé : celui-ci annonce beaucoup trop de choses à mon goût, dont la mort de Luc Thibault qui ne survient pourtant qu’après un certain temps…
A travers les conditions de vie de l’époque, la maladie de la vignes, la cupidité des hommes et j’en passe, Karen Harnisch brosse le portrait d’une jeune-fille pleine de caractère, guidée par sa passion et qui a soif de justice. Je me suis fortement attachée au personnage de Sarah, ai été révoltée et blessée avec elle, et surtout, j’ai admirée sa force, sa volonté et son envie de bien faire. La plume de l’auteure nous embarque deux siècles plus tôt, dans les vignes américaines, alors que les femmes militent pour le droit de vote et que la prohibition est en marche. La fille du maître de chai est prenant, à la fois beau est dur (car les évènements auxquels Sarah est confronté en l’espace de peu de temps sont des plus difficiles) ; il parle de nouveau départ, de reconstruction et bien sûr d’amour.
Amour de la terre, de la famille… indispensable à la vie.
J’ai apprécié la plupart des personnages sur lesquels nous en savons finalement assez peu, mais juste suffisamment pour comprendre comment ils sont devenus ce qu'ils sont. L’auteure présente très justement la famille Lemieux et la façon dont les choses ont « dérapées », même si, dans tout malheur des choix sont faits. Philippe, est l’exemple même de la bonté, je suis complétement tombée sous le charme (quand je vous disais que j’ai vécu comme Sarah) de cet homme fantastique en proie à un choix si compliqué. Le déchirement que ressentent les personnages entre raison et sentiment, la difficulté à communiquer à travers les omissions et l’interprétation des actions de l’autre rendent vraiment le récit poignant.
Petite, je vendangeais tous les ans la vigne familiale, c’est donc un léger sentiment de nostalgie qui m’a saisie à la mention des vendanges, j’ai apprécié (re)découvrir la fabrication du fin et revu le pressoir de mon enfance. A travers le domaine viticole, c’est aussi un esprit d’entreprise, d’innovation et de gestion qui est développé : tout faire pour que le domaine soit rentable, pour que le travail paye. L’esprit de Sarah fourmille d’idées sur le sujet et la confrontation aux méthodes américaines ne fera que confirmer la volonté de cette redoutable femme d’affaire.
Parfois, j’ai eu l’impression d’en avoir trop peu, je me serai bien attardée un peu plus aux côtés de ces personnages fascinants et tout en retenue. Sarah, Philippe, Aurora et Luc resteront chers à mon cœur.
Il m'est impossible de réparer ce que Dieu ou l'homme a provoqué. Il m'est simplement possible d'alléger sa douleur pendant un temps et, d'une modeste façon, d'affirmer son importance et l'importance de son enfant dans le monde.