Illusions d'optique
Auteur : Jane Stanton Hitchcock
Éditeur : Archipoche (22/08/2018)
Résumé :
Spécialiste du trompe-lil, Faith hésite lorsque la vieille et richissime Mrs Griffin, collectionneuse d'art, lui demande de peindre une fresque dans la salle de bal de sa somptueuse demeure, Le Refuge. Cassandra, l'unique fille des Griffin à laquelle Faith ressemble étrangement, n'y a-t-elle pas été assassinée, quelques années plus tôt ? Sur les conseils de son vieil ami Harry, elle accepte. Intriguée par ce crime que la police n'a jamais pu élucider, Faith s'aventure, en pénétrant au Refuge, dans une maison où règnent faux-semblants et illusions d'optique .
Au terme d'une longue vie de pique-assiette mondain, il avait acquis la certitude que la plupart des gens étaient capables de tout, pourvu que l'occasion leur en fût offerte.
Avis :
Encore un titre des éditions de l’Archipel qui m’attirait beaucoup; un résumé qui s’annonçait mystérieux, intriguant et qui promettait du suspens. Je remercie Mylène pour cet envoi et cette lecture surprenante.
Au premier abord, Illusions d’optique est plutôt indigeste, un langage soutenu, une héroïne très particulière, on ne rentre pas dedans facilement. Pourtant, une fois passée l’adaptation à cette écriture dense, on se laisse prendre par l’ambiance et le mystère entretenu par Jane Stanton Hitchcock. Les personnages sont très originaux, que ce soit Faith, son ami Harry ou son employeur Mrs Griffin. L’originalité réside, à mon sens, dans l’âge des personnages et leur situation personnelle : si Faith a presque 40 ans, son meilleur ami est septuagénaire, de même que Mrs Griffin ; ce sont tous trois des solitaires qui ont eu des expériences malheureuses dans le passé, les rendant quelque peu cyniques et désabusés. Faith semble en grande recherche d’elle-même ; abandonnée par son père, puis malmenée par son amant légèrement imbu de lui-même, elle a repris sa vie en main mais s’interroge beaucoup sur son parcours. Ce sentiment sera renforcé lorsqu’elle pénétrera l’antre de Mrs Griffin et commencera à faire des parallèles entre son passé et celui de Cassandra, la fille décédée de la vieille dame. Son amitié avec un homme beaucoup plus âgée qu’elle est également appréciable et colle totalement au personnage ; leur rapport est très touchant et on sent le lien fort qui les unis, le soutien qu’ils s’apportent mutuellement dans toutes circonstances. Harry n’est finalement pas tant présent que cela dans l’intrigue, même s’il est l’élément précurseur, celui qui a convaincu Faith d’accepter le travail proposé par Mrs Griffin. Cette dernière est indescriptible, sortie d’on ne sait où, elle s’est fabriqué une image irréprochable, a épousé un héritier et se retrouve l’une des femmes les plus riches du monde ; elle est un modèle de paraitre et a un goût très sûr en matière d’art et de décoration. C'est une sorte de référence pour Faith qui est honorée qu'elle fasse appel à elle. Mais Mrs Griffin apparaît comme complètement lunatique, passant de grande dame à vieille femme sénile et affaiblie.
Dans illusions d’optiques (ou le titre nous annonce déjà la couleur), tout est faux-semblants, des personnages aux liens qui les unissent. L’auteure entretien son suspens tout en gardant le lecteur fébrile et attentif ; si certains passages nous semblent lourds à la lecture, nous n’en sommes pas moins captivés, guettant le prochain élément qui nous en apprendra un peu plus sur le comportement étrange de Mrs Griffin et les événements ayant conduit à la mort de sa fille quelques années auparavant. Si l’on arrive à faire quelques déductions grâces allusions de la vieille dame (en tout cas j’avais deviné certains points), on est loin de se douter de toute l’ampleur de la supercherie ; et quand je suis arrivée aux dernières pages je me suis dit : non ! Ce n'est pas possible ! C’est un truc de fou ! et encore, je n’avais pas découvert le dernier point de ce livre machiavélique !
Vous l’aurez certainement compris, on ne s’attend vraiment mais vraiment pas à ce que nous révèle Jane Stanton Hitchcock, pas tant sur le passé que sur le présent. Dans Illusions d’optique, la notion d’argent, de pouvoir, de richesse est omniprésente, et nous voyons bien les ravages que cela peut faire, l’expression "l’argent ne fait pas le bonheur" n’a jamais été aussi juste je pense ! Mais c’est aussi un long cheminement pour l’acceptation de soi, l’analyse du passé et le pardon qui doit en découler. Un lecture plutôt compliquée, de par la lourdeur de l’écriture et le sérieux des sujets évoqués, le mal-être des personnages et leur état psychologique parfois douteux ; mais en même temps très prenante, explosive et tellement inattendue ! (je crois que je ne m’en suis toujours pas remise).
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Elle parlait toujours des aborigènes qui croient que toute photo vole l'âme du sujet. Vu l'état du monde moderne, on se demande s'ils n'ont pas raison de le croire !
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Une qualité typiquement américaine… à moins que ce ne soit une tare ? Vous vous jetez à l'eau sans regarder s'ils n'y a pas de rochers, juste au-dessous de la surface !