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Kukolka - Lana Lux


Kukolka

Auteur : Lana Lux (traduit par Brice Germain)

Éditeur : Denoël (07/03/2019)

Résumé :

Dans un orphelinat d'Ukraine des années quatre-vingt-dix, Samira, sept ans, rencontre Marina. Samira, depuis longtemps victime de brimades à cause de sa peau mate de Tzigane, trouve en la blonde Marina une alliée inattendue. Aussi, lorsque sa seule amie est adoptée par un couple allemand, la petite Samira décide de la rejoindre à Berlin et prend la fuite.

Elle est alors recueillie par un groupe de vagabonds, qui vivent dans une maison sans électricité, eau courante ni toilettes. Elle croit avoir enfin trouvé un refuge, malgré tout : elle dort sur son propre canapé, des amis plus âgés qu'elle lui apprennent la vie et on commence enfin à la remarquer, notamment Rocky, le seul vrai adulte de la bande. D'autant plus que ses yeux verts et sa voix enjôleuse font d'elle une mendiante très efficace.

La fillette est loin d'imaginer que commence pour elle un long calvaire dans les milieux interlopes d'Europe de l'Est avant de pouvoir retrouver sa seule vraie famille : Marina.



Avis :

Lorsque les éditions Denoël m'ont proposé de découvrir Kukolka, j'ai été à la fois très tentée par le résumé et un peu freinée par la dureté annoncé du récit. Pourtant, c'est avec une grande facilité que nous découvrons la vie de Samira, malgré la difficulté des sujets évoqués tout au long du livre.

Le récit est narré par Samira, petite-fille orpheline qui grandit dans un foyer; rejetée par ses camarades et maltraitée par certains adultes à cause de ses origines tziganes notamment, son monde change à l'arrivée de Marina, qui deviendra sa meilleure amie et son objectif. Marina et Samira, deux prénoms à la fois similaires et différents, tout comme les deux fillettes qui les portent. Deux prénoms qui marquent leurs origines et les destins si éloignés qui les attendent. À travers son regard d'enfant, qui a été confrontée trop vite aux difficultés et aux bassesses de la vie, elle nous confie la vérité sans détour avec des mots simples et des phrases courtes, ce qui rend le récit percutant facile à lire et permet d'atténuer la noirceur des choses. Samira se retrouve, malgré elle, plongée trop vite dans un monde d'adultes qui se joue d'elle et l'utilise pour son intérêt personnel, sans lui dévoiler la vérité des choses; exploitant son désir de revoir Marina pour la contraindre à faire certaines choses. Dès sa fuite du foyer, Samira se retrouve sous la coupe d'un certain Rocky et tout ce qu'elle voit, c'est qu'elle a enfin trouvé un foyer ! Bien sûr, elle se rend compte que certaines choses ne sont pas normales, mais elle se fie à ce que les plus grands lui disent car eux connaissent la vie. De toute manière, entre Rocky qui l'exploite et la population du pays qui la rejette à cause ses origines et de ce qu'elle a été contrainte de devenir pour survivre, il n'y a pas beaucoup de solution pour la fillettes. Plus d'une fois, Samira se retrouve livrée à elle-même et fait tout pour s'en sortir; sa volonté de vivre et de retrouver Marina est impressionnante et pousse au respect. Elle se raccroche à l'image de son amie, à la Barbie qu'elle lui a offerte et à l'idée qu'elle la rejoindra bientôt.

Le récit de Samira est très poignant, elle nous conte sans détour et sans tricherie ce qu'elle perçoit du monde qui l'entoure, avec une grande naïveté parfois. On ressent tout de même une certaine distance avec les émotions, le lecteur n'en est pas submergé, il est seulement frappé par les horreurs, les pertes et les désillusions que subit la petite fille. Sa grande chance (ou au contraire sa malchance) est d'avoir un physique remarquable avec de magnifiques yeux et de faire plus âgée qu'elle ne l'est réellement. Dès le départ les dés sont pipés car tout se joue sur les apparences, certains la rejetterons pour son physique et ce qu'il représente alors que d'autres s'en serviront.

J'ai découvert à travers les mots de Samira une petite fille attachante, une vraie battante qui se relève toujours et s'interroge sur la vie; une petite fille qui a soif d'apprendre et d'amour.

Le livre objet Kukolka a une présentation un peu particulière : il n'y a pas de chapitre, il est simplement divisé en 3 grandes parties. Difficile donc de trouver un endroit où faire une pause, mais on s'y habitue finalement assez vite ! Au fil des pages, on voit Samira grandir et on s'attend au pire chaque fois que quelque chose de bien lui arrive; ce yoyo émotionnel est très éprouvant pour le cœur du lecteur. D'autant plus que lorsque que l'on commence à se dire qu'on est vraiment paranoïaque, les vrais visages des gens se révèlent.

Kukolka ce n'est vraiment pas une belle histoire, pourtant, Lana Lux, avec les mots de Samira, nous fait apprécier le parcours de la petite-fille et sensibilise sur les horreurs que subissent certains enfants en foyer, dans la rue ou même arrachés à leur famille. Sur la honte qui les font taire ou encore sur l'amour qu'ils portent parfois à leur bourreau, sur l'impuissance des forces de l'ordre et la réalité de l'existence de telles pratiques ! A côté de ça, il y a réellement des instants de bonheur, et des moments rigolos, comme lorsque Samira découvre la nourriture Allemande: choc des cultures garanti. Enfin, on comprendra que ce qui fait tenir quelqu'un, son objectif, son but dans la vie, n'est souvent pas partagé, mais l'important, c'est qu'il existe. Et le fossé entre les existences de Samira et Marina nous fera réfléchir aux privilèges que nous tenons pour acquis, sans nous rendre compte, parfois, de la chance que nous avons.


Apparemment c'était important pour les Allemands de tout découper. Mais qui fait ça ? Qui coupe tous ces aliments ? Je m'imaginais de grandes salles avec plein de petites tables. Un enfant était assis à chacune d'elles et coupait les aliments avec un grand couteau. Mais qui récupérait les tranches ? Qui les pesait ? Qui les emballait dans ces jolis films plastique ? ça faisait exploser mon imagination.

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