Mais sinon, tout va bien
Auteur : Max Deloy
Éditeur : Harlequin (02/05/2019)
Résumé :
Déjà, s'appeler Georges quand on a la trentaine, c'est partir avec un sacré handicap. Mais aujourd'hui, c'est bien le dernier souci de ce père célibataire au bord de la crise de nerfs. Car tout fout le camp. D'abord, sa carrière : s'exhiber en slip kangourou pour une publicité n'est pas exactement ce qu'il avait en tête en embrassant le métier de comédien. Mais pour payer ses factures et conserver l'école de théâtre léguée par ses parents, il n'a pas le choix. Ensuite, il y a Henrik, son fils adoré, surdoué mais exigeant, qui fait fuir tous ses professeurs. Enfin, Georges n'a que quelques mois pour monter Phèdre avec une poignée d'amateurs et une prof incontrôlable. Bilan : c'est la cata. Et quand une nouvelle élève, aussi talentueuse que fascinante, et une préceptrice punk aux cheveux bleus, surgie de nulle part, mettent leur grain de sel dans ce monumental bazar, Georges commence à se demander si les dieux n'auraient pas une dent contre lui.
Avis :
Mais sinon, tout va bien… C’était une lecture incontournable. Parce que j’aime beaucoup l’écriture de Maxime Gillio qui publie ici sous un pseudonyme (oui bon je n’ai lu que "Thérapie" qui est un duo et "Ma fille" mais c’est un bon échantillon) et aussi parce qu’il sortait au moment de notre WE entre filles, que Nadge est une fan inconditionnelle de l’auteur (elle a presque tout lu, elle) et qu’on l’a donc lu à trois, embarquant, sans le savoir, nos exemplaires dans l’une de ses villes préférées au monde.
Ce qui est drôle avec ce roman, c’est qu’il y a eu plein de petits signes au fil de la lecture : Georges est le prénom de mon grand-père, que j’aurai pu porter si j’avais été un garçon, l’un des personnages principaux s’appelle comme moi et Georges menace de s’exiler dans le Cantal (dans une bergerie pour être précise), le département de Nadge !
Bref, j’ai rencontré Georges et j’ai été séduite. J'ai adoré même !
Les deux gros points forts du récit de Max Deloy, selon moi, sont l’écriture et l’humour. En effet, l’auteur emploie un vocabulaire très riche et varié qui rend la lecture vraiment plaisante et nous permet d’avoir une vision très imagée des scènes décrites. De plus, chose assez rare lors d'une lecture, j’ai beaucoup beaucoup ri; toute seule devant mon livre ou avec les copines lorsque nous en étions à peu près au même passage.
La plume de Max est acide, grinçante et en même temps légère, pour nous conter les aventures de ce trentenaire (tiens il a pile poil mon âge en plus ^^) qui a dû croiser un chat noir en même temps qu’il passait sous une échelle, c’est pas possible autrement. En clair, Georges (moi je ne trouve pas que ça fasse vieux hein et puis il y a George Weasley tout de même) accumule les déconvenues… et pourtant, c’est un homme adorable, un peu trop bonne poire certainement et, si ça le bouffe parfois de ne pas savoir s’imposer, il a le cœur sur la main. On s’attache instantanément à cet homme qui élève seul son fils surdoué et tente de remplir leur gamelle avec des petits boulots de figuration, car il n’a pas encore trouvé le rôle qui fera de lui le prochain Vincent Cassel (et pas sûr qu’il le trouve un jour). Georges c’est le voisin gentil, que tout le monde voudrait avoir mais dont ses propres voisins font peu cas ; il a un sens de la moralité très élevé et celui-ci risque de lui causer quelques tracas. Finalement, c’est lorsque l’on se soucie d’inconnus que l’on risque de s’attirer les foudres des plus égoïstes. Pourtant, dans son malheur, qu’il subit parfois avec un peu trop de résignation, George a une grande chance : celle d’être entouré de personnes exceptionnelles (même si pour certaines on ne le voit pas au premier regard).
Max Deloy nous a pondu des personnages extras qui sont réunis autour de Georges depuis plus ou moins longtemps mais qui forment un cocon familial des plus atypique. Certes il y a des divergences de point de vue, les mots fusent et les égos se froissent mais ils sont toujours là les uns pour les autres, aussi cabossés soient-il.
Il y a Henrik, le fils surdoué dont la mère est absente ; du haut de ses 12 ans il exprime son amour à son père comme il peut. Sa peur de la société le pousse à rester la plupart du temps enfermé dans l’appartement et sa capacité à décourager ses préceptrices est grande !
Il y a Juan, l’ami d’enfance et agent, dont les méthodes sont parfois douteuses mais qui est là pour Georges autant que l’inverse est vrai. Parrain d’Henrik, il entretient une relation très forte avec le garçon. Il soutient son ami sans jamais chercher à l’influencer, le confortant dans ses décisions. Une belle amitié vraiment.
Il y a Mireille (surnommée Tortue Géniale), l’ancienne actrice, qui a connu les parents décédés de Georges et est toujours restée à ses côtés. Pas facile la Mireille, pas très affectueuse non plus mais un talent immense et elle veille sur Georges et le secoue quand c’est nécessaire.
Il y a Margot, LA préceptrice qui déchire tout. Légèrement surdouée sur les bords elle aussi, elle parle sans filtre et, si elle se confie peu sur elle, c’est une fine observatrice qui fait mouche à tous les coups et a une volonté d’acier.
Et il y a les élèves de côté cour, l’école de théâtre de notre trentenaire. Pas de grands acteurs, pas forcément pris au sérieux par leur prof, mais des hommes et femmes d’origines différentes, avec des complexes, des passés pas toujours faciles, qui se font du bien les uns aux autres.
C’est grâce à ce petit monde que notre Georges va grandir et surmonter ce qui l’attend, même s’il a tendance à repousser toute main secourable dans un premier temps (c’est qu’il est fier et qu’il veut se débrouiller tout seul le bougre, gare à celui qui s’intéresse un peu à lui). L’espèce d’auto-apitoiement dont il fait preuve (enfin c’est vrai qu’il encaisse le pauvre) m’a un peu agacée je l’avoue ; il reste focalisé sur ses propres problèmes sans voir qu’autour de lui on le soutiendrait si il en donnait l’occasion (fierté masculine ?).
Bref.
Pour être complet sur le bilan, il ne faut pas oublier les personnes mal intentionnées, les secrets qui vont voir le jour et la tendance de Georges à être attiré par les mauvaises femmes.
Peut-être est-ce un préjugé, mais en voyant l’éditeur, je m’attendais à de la romance. Et bien elle n’est pas si présente que ça. Certes, Georges cherche l’amour, mais ce n’est qu’un sujet accessoire du roman de Max Deloy, tout ne tourne pas autour de cette recherche ; et justement, la romance n’est peut-être pas là où on l’attend. Par contre, je vous garantis que c’est bien un roman d’amour ! Il y en a à revendre dans ce livre : amis, famille… Tout ce qu’il faut pour s’en sortir, c’est être entouré des bonnes personnes !
Il se trouve que j'ai été tellement prise par ma lecture que je n'ai pas pensé à relever de citation. Mais je vais tout de même vous citer un passage, le premier, il me semble, à m'avoir fait franchement rire :
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