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Mortelle tentation - Christophe Ferré


Mortelle tentation

Auteur : Christophe Ferré

Éditeur : L'Archipel (09/10/2019)


Résumé :

Quand l'homme que vous aimez est accusé du pire, la confiance et la passion vacillent. Connaît-on vraiment la personne qui partage notre vie ?

Dans un coin sauvage des Pyrénées, le cadavre d'une jeune femme est retrouvé entièrement nu. Peter, le mari d'Alexia, randonne en solitaire à cet endroit mais il est injoignable depuis le jour du meurtre. D'abord inquiète qu'il ait croisé la route de l'assassin, Alexia découvre avec effroi qu'il connaissait la victime.

Et s'il était en réalité le meurtrier ? Déchirée entre l'amour et le doute, Alexia doit faire éclater la vérité.


Avis :

J’avais apprécié La petite fille du phare de l’auteur, lue l’année dernière, et c’est tout naturellement que j’ai souhaité découvrir le nouveau roman de Christophe Ferré : Mortelle tentation. La couverture est tout aussi belle, sur le même modèle, le visage d’une femme, avec en transparence un paysage correspondant au lieu de l’action.

Le style est efficace, des phrases courtes, qui nous entraînent dans la quête de vérité d'Alexia. Nous font ressentir une urgence, un drame qui s'annonce; vous savez, comme dans les films policiers ou les thrillers quand la petite musique retentit. Ce rythme effréné est renforcé par les chapitres courts, qui s’enchaînent sans qu'on n'y prête attention.

Pourtant, si j’ai beaucoup aimé l’ambiance pesante, angoissante qui filtre au travers des pages, nous incitant à les tourner pour découvrir le fin mot de l’histoire, je n'ai pas réussi à apprécier les personnages et certaines tournures m'ont dérangée. Je suis donc un peu tiraillée dans mon appréciation…

L'intégralité du roman se déroule à travers les yeux d'Alexia, et c'est le personnage que j'ai le moins aimé, notamment à cause de sa condition de femme "soumise" au grand amour de sa vie. Qu'il soit sans cesse rabâché qu’elle est avocate et que son métier soit avancé comme le graal du bon sens (qu’elle n’a pas) alourdi le récit. De plus, elle a un vrai côté girouette, changeant d’avis comme de chemise et, si l’on comprend que Christophe Ferré a voulu retranscrire sa confusion et son désespoir, pour moi, cela a eu l’effet de la rendre antipathique. Certes, on comprend sa détresse de soupçonner son mari d’être un tueur, mais sa foi en lui, alors qu’il nous est présenté comme l’homme de sa vie à mainte reprise, celui sans qui elle n’est plus rien, m’a semblé très faible et peu crédible. Oui, on en apprend sur ce pauvre Peter qui s’embrouille dans ses mensonges, nous faisant douter jusqu’au bout : coupable, pas coupable ? mais après 22 ans de mariage, on s'attendrait à un peu plus de confiance. Christophe Ferré nous amène à penser, qu'on ne connait jamais vraiment les gens et cela a un côté effrayant : que nous cachent nos proches ? sont-ils au dessus de tout soupçon ? C'est ce que va découvrir Alexia et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a beaucoup de mal à gérer la situation.

Ce qui m’a également gênée, c’est l’image qu'elle renvoie : elle, l’avocate, semble ne pas pouvoir exister sans son mari (ou sans un homme à ses côtés). Femme soumise qui, pourtant, travaille quotidiennement sur des cas de violence conjugale. Elle n’est malheureusement pas meilleure mère qu'épouse ou amie car elle ne semble se rappeler de l’existence de son fils, un peu livré à lui-même, que par intermittence et sa meilleure amie et elle ont des rapports pour le moins étranges.

Certains dialogues manquent de naturel et le vocabulaire employé par moment, parfois grossier m’a fait tiquer, ne collant pas avec le milieu dans lequel évoluent les personnages ; comme ce mot « poupée » employé à plusieurs reprises pour désigner les victimes (dans la bouche d'Alexia il m'a encore plus choquée) ou encore « massacré » qui revient régulièrement.

J’ai été un peu surprise, également, bien que n’y connaissant rien en terme de procédure, que le procureur fasse autant de révélation à Alexia, sous le simple couvert de sa parole.

Je vous avoue que je ressors légèrement agacée de ne pas avoir plus appréciée ma lecture car l’ambiance qu’arrive à véhiculer Christophe Ferré dans son roman a eu un véritable effet page-turner sur moi. Comme un bilan "j'ai aimé, mais j'ai pas aimé" ; toutes les petites choses qui m’ont parfois horripilée ne m’ont pas empêché de poursuivre ma lecture avec frénésie. J’ai ressenti une véritable tension, été oppressée par l'étau qui se referme autour d’Alexia de plus en plus seule, et surtout ai douté sur l’identité du meurtrier jusqu’à la fin.

Au final, j’ai été ravie des révélations, même si le mobile m’a surprise, pas ce à quoi je m’attendais, on se retrouve un peu dans une autre dimension, comme si on avait basculé dans un film hollywoodien. Les réactions incohérentes d’Alexia tout au long du récit, expliquées par l’amour inconditionnel (même si elle doute de lui) qu’elle porte à son mari, ont vraiment été un point dur pour moi ; par exemple, elle a peur de celui qu’elle aime depuis plus de 20 ans, mais ne s’inquiète pas une seconde que quelqu’un ce soit introduit chez elle sans qu’elle ne le remarque… on ne peut pas s’empêcher de se dire « mais je n’aurais pas fait ça », et ce manque d’identification au personnage d’Alexia m'a vraiment empêché de l'apprécier.

Le gros point fort du roman reste son ambiance oppressante et le fait que l’auteur arrive à nous faire douter de tout (je l'avoue, même si je savais qui n'était pas l'assassin, je me suis laissée berner).


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