A pas de loup
Auteur : Isabelle Villain
Éditeur : TAURNADA ÉDITIONS (14/01/2021) 241 pages
Résumé :
Lorsque Rosalie, Philippe et leur petit Martin, âgé de six mois, décident de s'installer à La Barberie, un éco-hameau niché en plein cœur des Alpes-de-Haute-Provence, c'est bien pour fuir un quotidien devenu trop pesant. Pour tenter une expérience audacieuse. Vivre autrement. En communion avec la terre et en harmonie avec les saisons. Mais l'équilibre de cette nouvelle vie va un jour se fissurer. Un grain de sable va s'infiltrer, déstabiliser et enrayer cette belle mécanique. Et ce très beau rêve va se transformer peu à peu en un véritable cauchemar.. Votre pire cauchemar…
Avis :
Et voici mon troisième livre voyageur, reçu dans le cadre des booktrotteuses. Il me permet de découvrir une nouvelle maison d'édition et de valider mon épreuve du dé-lire challenge d'été, ainsi que celle du cap d'été puisque le récit se déroule en été (malgré ce que peut laisser penser cette couverture enneigée).
Le roman est assez court, construit avec une double narration : un décompte des jours dans l'instant présent, et des retours dans le passé pour découvrir les différents personnages, et les circonstances qui les ont amenées à rejoindre La Barberie. Isabelle Villain déroule les faits et introduit dans son récit des renseignements sur les espèces menacées, les médecines alternatives ou encore l'écologie. Ces informations sont amenées par le biais de dialogues, ou lors d'un constat sur la vie d'un des personnages, et donnent parfois l'impression d'une énumération dans le simple but d'éclairer le lecteur. Pour autant, ces éléments sont plutôt intéressants.
Si je n'ai pas vraiment ressenti de tension à la lecture de se thriller, je me suis facilement laissée entraîner par la plume de l'auteure, et l'envie de savoir ce qui était arrivé à Philippe deux ans auparavant. Ce hameau qui, au premier abord, peut paraitre idyllique dans sa manière de fonctionner, au plus près de la nature, en quasi auto-suffisance, n'est finalement pas ce qu'il parait et c'est ce que nous constatons au fil des pages; même si nous n'arrivons pas à mettre précisément le doigt sur ce qui cloche tout de suite.
Le résumé parle de cauchemar et il est vrai que le mot est plutôt approprié. Le récit prend une direction que l'on ne voit pas vraiment venir ; un fait isolé qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe puis, lorsqu'une nouvelle occurrence se produit, la lumière commence à se faire et notre perception des choses bascule. On pourrait craindre que l'action ne dérive vers du "trop" ou du "sensationnel" et pourtant Isabelle Villain arrive à cadrer son scénario et à le rendre crédible.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Rosalie, sa construction, sa façon de voir les choses, de tout vouloir contrôler, son ambigüité. J'ai trouvé les réactions de Martin un peu en décalage par rapport à son âge (10 ans), comme se cacher derrière son père ou mesure le temps avec ses bras, mais cela peut être lié à la manière particulière dont il a été élevé, coupé de tout.
Malgré quelques petites imperfections, A pas de loup est drôlement bon et je suis encore très perturbée de ma lecture. Ce petit roman qui parle d'idéal de vie, de protection de la nature et de retour aux sources, énonce avec justesse des dérives de notre société; mais il met aussi le doigt sur ces choses qui se passent sous notre nez sans que l'on ne s'en aperçoive. Tout est raconté à la troisième personne du présent, passant d'un personnage à l'autre, listant avec simplicité les faits et prenant le lecteur comme confident. On entre dans la vie de chaque personnage, sans réellement s'y attacher mais entrainé par une dynamique plutôt efficace, on cherche à comprendre comment s'articulent les différents éléments.
La fin m'a laissée pantoise même si, d'une certaine façon, je l'attendais. Ce que l'auteure met en avant dans son roman est accentué par les notes qu'elle a insérée à la toute fin du livre, et cela fait aussi froid dans le dos que le devenir de La Barberie.
Un court thriller qui fait réfléchir, qui fait se repasser encore et encore les évènements dans la tête en se disant "et si...".
Comments