Avec le temps
Auteur : Elodie Alain
Editeur : Auto édition (22/07/2024)
254 pages
Résumé :
« Je fais leur connaissance, je m’occupe d’eux, je m’y attache, puis je les perds. C’est infaillible. Je me promets toujours de ne pas y laisser trop de moi. Pourtant, chaque essai se termine en échec. Ma raison me conseille de garder mes distances, mais mon cœur en est incapable. C’est le risque, j’en ai pleinement conscience.
La dernière en date s’appelait Lucette. Elle nous a quittés il y a tout juste une semaine. Elle s’est endormie tranquillement un soir, sans ouvrir les yeux au petit matin. Nul doute qu’un ange est né et qu’il veillera sur nous. »
Cléa est aide à domicile. Elle jongle entre sa famille, son métier qu’elle aime par-dessus tout et sa mère atteinte d’une maladie incurable. Ancienne journaliste, elle recueille également les expériences de vie des personnes âgées dont elle s’occupe et les transforme en mémoires. Découvrir leur histoire, c’est aussi un peu plonger dans la nôtre.
En général, l'être humain a tendance à tout prendre personnellement. Alors que, pratiquement toujours, la réaction des autres n'a absolument rien à voir avec lui, mais seulement avec leur propre vie, avec leurs préoccupations, leurs problèmes, leurs enfants, leur travail, leurs parents.
Avis :
Ceci est le septième roman d'Elodie Alain (précédemment publiée sous Koenigshoven) et le sixième que je lis. J'ai découvert l'autrice il y a plusieurs années et c'est toujours avec plaisir que je prends connaissance de ses nouveaux écrits. Toujours un peu à l'aveugle, sans savoir où je vais car ses livres sont très différents les uns des autres.
Ici, Elodie nous confie des bouts de vie de plusieurs personnages. Le fil rouge ? Il se prénomme Cléa et exerce le métier d'aide à domicile, c'est à travers son regard que nous découvrons ses protégés mais également son histoire à celle. La plume d'Elodie est très belle. Elle écrit sur la vie, mais aussi sur la mort, qui sont irrémédiablement liées. Quelque part, j'ai l'impression qu'elle cherche à dédiaboliser cette mort qui peut faire peur, dont on ne parle pas alors qu'elle n'est que l'aboutissement d'une vie. Si j'ai apprécié l'immersion dans la vie de Cléa et les commentaires qu'elle fait sur son métier et son rapport à la vie/mort j'ai également trouvé qu'il y avait quelques répétitions et que les croyances de Cléa sur une vie après la mort étaient assez maladroitement amenées. Je découvrais une histoire agréable, certes, tendre également, mais pas franchement passionnante.
Et puis… il y a cette découverte que l'aide soignante fait à propos de sa mère, il y a aussi les mémoires qu'elle se propose d'écrire pour les personnes dont elle s'occupe. Pour que leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants aient une trace de la vie de leur aïeul. Pour que, peut-être, ils découvrent pour la première fois ce père ou ce grand-père d'une façon qu'ils ne connaissaient pas. Le récit gagne en rythme, les révélations se font, petit à petit car l'autrice alterne les histoires de Marcelin, ce militaire à la retraite qui n'a pas d'autre famille que sa sœur, d'Etienne qui se confie sur son enfance difficile, d'Odette, qui vient de perdre sa moitié et n'arrive pas à continuer seule. On s'attache à ces personnalités, on a envie d'en apprendre plus sur leur passé mais aussi partager leur avenir. Le récit (et l'héroïne) d'Elodie est d'une grande bienveillance, il prône l'indulgence vis à vis des autres, il énonce des vérités, pas toujours jolies sur le comportement humain.
Le texte n'est pas parfait mais qui l'est ? Il est balbutiant par moment, incisif à d'autres, joyeux mais aussi triste. Un peu comme la vie. Il parle de deuil, de maladie mais aussi d'amour. Il dénonce le jugement, parfois hâtif de comportements alors qu'on ne sait pas ce que peuvent traverses les autres.
Une lecture toute douce avec son lot de secrets, de rancœurs et de pardons (ou pas), avec ses non-dits qui, parfois se transforment en tempêtes. Une lecture toute douce dans laquelle l'histoire de Marcelin m'a particulièrement émue. Une lecture toute douce qui prouve qu'il faut libérer la parole et voir la vie du bon côté :)
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