Circé
Auteur : Madeline Miller Éditeur : POCKET (02/05/2019)
559 pages
Résumé :
Fruit des amours d'un dieu et d'une mortelle, Circé la nymphe grandit parmi les divinités de l'Olympe. Mais son caractère étonne. Détonne. On la dit sorcière, parce qu'elle aime changer les choses. Plus humaine que céleste, parce qu'elle est sensible. En l'exilant sur une île déserte, comme le fut jadis Prométhée pour avoir trop aimé les hommes, ses pairs ne lui ont-ils pas plutôt rendu service ? Là, l'immortelle peut choisir qui elle est. Demi-déesse, certes, mais femme avant tout. Puissante, libre, amoureuse…
Il avait eu deux enfants, qu'il n'avait pu voir ni l'un ni l'autre pour ce qu'ils étaient vraiment. Cela dit, peut-être qu'aucun parent n'est capable de voir son enfant ainsi. En les regardant, nous ne voyons que le reflet de nos propres défauts.
Avis :
C'est ma petite sœur qui m'a offert ce livre pour mon anniversaire. Ce n'est pas un livre que j'avais spécialement repéré et je dois vous avouer que la lecture du résumé ne m'a absolument pas emballée.
Pourtant, j'ai dévoré ce roman porté par la voix de Circé, fille d'Hélios, le dieux du soleil et de Persé, elle-même fille d'Océan; une nymphe pas forcément connue.
Que dire si ce n'est que cette revisite de la mythologie Grecque, qui pose Circé comme personnage central, est très bien tournée ? Pour ma part, plus "calée" sur les dieux de l'Olympe que sur les Titans, j'ai pris grand plaisir à découvrir ces derniers, la rivalité qui les opposent aux Olympiens, mais aussi certains héros bien connus, tels que Dédale, Ulysse ou en encore Achille.
A travers le personnage féminin de Circée, Madeline Miller vulgarise et romance cette mythologie plutôt complexe (les descendances sont nombreuses et tous ont plus ou moins un lien de parenté). Elle se réapproprie les mythes, occultant certains personnages pourtant présents dans l'Odysée.
La jeune nymphe fait un peu figure d'ovni parmi ses pairs. Jugée inutile et inintéressante par sa famille, Circé ne trouve pas sa place, en partie parce qu'elle est trop émotive. En effet, sur ce plan, elle a plus de ressemblances avec ces humains, qui l'intrigue tant, qu'avec sa famille. Et sa rencontre avec Prométhée ne va pas arranger les choses.
La plume de Madeline Miller est immersive, captivante. Certains passages, comme le supplice de Prométhée, sont terriblement bien décrits et assez difficiles à lire.
En faisant de Circé son héroïne, en nous faisant percevoir les choses de son point de vue, l'auteure nous la rend attachante, touchante. On ne fait qu'un avec les émotions qui la traversent et on est saisi par son innocence, elle qui vit parmi des êtres tout puissants et dénués de sentiments. Circé va de déception en déception, cherchant à tout pris la reconnaissance et l'amour des différents piliers de sa vie : son père, puis son frère, puis cet humain auquel elle s'attache… et ainsi de de suite. A chaque nouveau rejet, le lecteur souffre pour elle.
Mais Circé a un avantage qu'un humain n'a pas : son immortalité; ainsi, elle va apprendre de ses erreurs, et essayer de ne pas les reproduire, elle va chercher une forme de bonheur, un certain accomplissement, elle va vivre sans compter sur personne d'autre qu'elle même, profitant des occasions qui se présentent, sans plus s'attacher, découvrir les vicissitudes du monde, la méchanceté de l'homme, sa soif de pouvoir et de richesse, de domination. Pourtant, elle ne fera que toucher du doigt la vérité, peinant toujours à saisir la totalité du sens des choses, son esprit, pourtant endurci par les évènements, refusant de voir (ou de comprendre) le mal. C'est donc un récit résolument moderne que nous présente Madeline Miller, malgré cet aspect mythologique qui peut sembler dépassé.
Les dieux sont omniprésents, toujours en périphérie, ils interviennent et modèlent le destin de leurs enfants ou de ceux qu'ils ont choisis et sont assez peu enclins au refus ou à la résistance.
J'ai beaucoup aimé voir l'évolution progressive de Circé, son apprentissage, ses remises en question, souvent amenées par des mots durs qu'auraient eu des membres de sa famille. J'ai aimé son côté humain, la culpabilité qu'elle ressent à causer la mort, là où d'autres n'y voient qu'un jeu.
Circé est un beau petit pavé qui pourrait rebuter au premier abord (comme ce fut mon cas), mais il serait bien dommage ne pas se laisser toucher par les mots et le récit de Madeline Miller.
Je l'ai commencé et l'ai mis de côté, car je sentais que c'était pas le bon moment et que je passais à côté de ma lecture. Il serait peut-être temps de le ressortir !