Dans l'obscurité scintillent les fragiles étoiles
Auteur : Marjolaine Solaro
Editeur : L'ARCHIPEL (25/01/2024)
416 pages
Résumé :
À 13 ans, Solal est un collégien pas tout à fait comme les autres. Avec son année d’avance, sa puberté qui se fait attendre, et malgré l’interdiction d’avoir un téléphone portable, il navigue avec agilité dans les méandres de l’adolescence.
Un jour, la très populaire Sterenn, camarade de sa classe de 3e, se suicide sans préavis. Pour Solal, c’est le choc. Depuis plusieurs semaines, Sterenn et lui avaient noué une amitié sincère, mais secrète.
Comment surmonter la culpabilité de ne pas avoir su l’aider alors qu’ils étaient devenus si proches ? Comment faire le deuil d’un lien qui n’a pas existé aux yeux des autres ?
Solal a beau être entouré par une famille aimante et des copains fidèles, peut-il continuer à vivre sans Sterenn ?
Avis :
Si j'ai choisi de lire Dans l'obscurité scintillent les fragiles étoiles, c'est parce que le sujet abordé me touchait. Un sujet douloureusement d'actualité, un sujet qui heurte et qui suscite l'incompréhension. Un sujet qui me faisait diablement peur, je ne savais pas à quel point je serais malmenée par le roman de Marjolaine Solaro et cette incertitude m'effrayait. Il faut dire que je suis un peu comme Solal, j'ai besoin de maîtrise.
L'autrice nous livre un avant-propos expliquant pourquoi elle a écrit ce livre, quel cheminement il a suivi et à quel point elle a conscience de la délicatesse de sa démarche. Ces quelques mots donnent entre plus de profondeur à ce qui suit.
Dès le prologue et son énumération de premières fois, un voile de tristesse nous étreint, nos yeux commence à s'humidifier. Nous pénétrons l'esprit de Solal, ce garçon touchant et renfermé, ce garçon complexé par sa petite taille et subjugué par cette fille au prénom parfait. Ce garçon qui n'est pas tout à fait comme les autres garçons de son âge, ne serait-ce que par le cocon familial dans lequel il évolue. Ce garçon qui, tout en reconnaissant la chance d'avoir des parents comme les siens, n'arrive pas toujours à leur parler ou à comprendre leur comportement.
Marjolaine Solaro signe un roman tout en pudeur, un roman à la fois doux, qui évoque (merveilleusement bien) les trésors de l'enfance, et dur, par le thème du suicide mais également les affres de l'adolescence dont certains sont plus protégés que d'autres. Le revers de la popularité, les ravages des réseaux sociaux et la sur-connectivité. On ressent parfaitement la fracture à la sortie de l'innocence de l'enfance. Jusqu'au découpage des chapitres en AVANT / APRES.
L'écriture est touchante, les mots, les émotions, les situations sonnent juste. Je me suis reconnue dans certains comportements de Solal, comme dans d'autres de ses parents. J'ai compris l'inquiétude, le besoin de savoir ce qu'il se passe dans la tête de son enfant pour pouvoir le protéger, l'aider du mieux possible. J'ai aimé le fait que sa maman, qui avait mal vécu un épisode de sa jeunesse et particulièrement la réaction de sa propre mère, le voit d'une autre manière en se retrouvant cette fois-ci à la place de la mère. J'ai aimé la dialogue sur trois générations.
L'autrice aborde également la culpabilité, qui fait suite à l'incompréhension. Les scènes que l'on se rejoue pour savoir si on aurait pu l'empêcher. Et, bien sûr, le deuil. Le deuil que chacun gère à sa manière. La difficulté de dire au revoir ou de concevoir que la vie continue malgré tout. Malgré le manque. Malgré le vide. Malgré l'inconcevable.
Marjolaine Solaro m'a infiniment touchée.
Si certaines habitudes des adolescents de son roman m'ont semblées invraisemblables: comme finir leurs journées seuls à la plage (mon enfant le plus âgé n'a que 12 ans, je n'ai peut-être pas encore conscience de certaines choses), elles n'enlèvent rien à la méticulosité avec laquelle sont traités les personnages. A la facilité avec laquelle elle retranscrit ces durs instants. Elle s'attache à tous les personnages, les proches, comme les moins proches de Sterenn, et transcrit le tsunami émotionnel qui touche les parents d'élèves, jusqu'aux professeurs, en passant par cet élève qui l'a déjà croisée une fois.
Lorsque j'ai refermé Dans l'obscurité scintillent les fragiles étoiles, j'ai foncé acheter du cacolac et des têtes brûlées, histoire de replonger un peu en enfance, pour le plus grand plaisir de mes enfants !
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