Dans la chaleur de l'été
Auteur : Vanessa Lafaye
Éditeur : Belfond (19/05/2016) / Pocket
320 pages
Résumé :
Heron Key, Floride, 1935. Depuis le départ d'Henry en 1917, parti rejoindre les troupes Alliées en France, Missy Douglas n'a jamais cessé de penser à lui. Dix-huit ans plus tard, après avoir survécu à l'enfer et erré en Europe, Henry rejoint enfin son village. Mais l'homme n'a plus rien du garçon désinvolte de l'époque. Pourtant, Missy le sait : elle seule peut le sauver de ses démons…
Mais le retour des vétérans n'est pas du goût de tout le monde : qui sait si ces hommes désociabilisés, potentiellement violents, ne représentent pas un risque pour la société ? Parqués dans un camp insalubre, Henry et ses compagnons d'armes cristallisent autour d'eux les plus folles rumeurs… Et la tension monte d'un cran lors des célébrations du 4 Juillet. Là, sur cette plage scindée entre noirs et blancs, les festivités prennent une tournure tragique : une bagarre éclate ; peu après, une femme blanche est retrouvée violemment battue. Et un nom revient sans cesse : Henry. Missy, elle, refuse d'y croire. Et pour aider l'homme qu'elle aime depuis l'enfance, la jeune femme va déployer un courage extraordinaire. Et se mettre en grand danger. Mais dans le lointain, un terrible ouragan menace, qui pourrait changer à jamais Heron Key et ses habitants, et mettre en péril le lien entre Missy et Henry…
Avis :
Voici un livre qui attendait depuis fort longtemps que je le sorte de ma pile à lire. Un livre parfait pour cette troisième épreuve du challenge BookLanta auquel je participe sur Instagram, puisqu'il me permet de valider à la fois l'immunité (lire un livre d'un auteur décédé) et le confort (lire un livre qui se déroule durant l'été).
Dans la chaleur de l'été débute le 4 juillet et se déroule sur les jours suivants. C'est un roman inspiré de faits réels, qui nous place dans les années 30, dans une petite bourgade des Etats-Unis où la ségrégation et les injustices envers les noirs sont dans l'air du temps.
J'ai trouvé ce roman doublement passionnant : l'aspect historique et les précisions apportées par l'auteur à la fin sont très enrichissants et nous rappellent que c'était il n'y a pas si longtemps… et le récit en lui même est captivant. La plume de l'auteure nous happe, nous entraîne, le temps de quelques jours dans cette petite communauté fermée, où tout le monde se connait, se côtoie, où les mêmes rituels ont lieu tous les ans, immanquablement. Nous suivons plus particulièrement certains personnages, comme Missy, cette jeune érudite noire, au service d'une riche famille, ou encore Henry, ce vétéran qui a côtoyé des blancs en France, où il était traité en héros, et ne s'habitue pas à l'injustice de son pays. Hilda, cette ancienne beauté en mal d'amour, Dwayne, ce shérif rempli de colère qui se bat contre lui-même… autant de personnages différents, avec leurs failles, leurs désillusions et leurs rêves.
Un récit immersif, des personnages auxquels on s'attache, d'autres qu'on se prend à détester. On suit le fil des évènements, qui conduit, inéluctablement à l'arrivée de l'ouragan, force de la nature, qui remet tout le monde sur un pied d'égalité. Tour à tour, nous sommes saisis par l'injustice et la cruauté de l'être humain, bercés par l'espoir qu'il reste un peu de bonté. Un livre poignant, dont la lecture nous fait sentir impuissants, au bout duquel semble briller un faible espoir… mais est-il bien réel ?
La plume est fluide, le rythme, calme et descriptif s'emballe au fur et à mesure de l'intrigue, comme la tempête menaçante. Certains hommes sont profondément bons, d'autres de la pire espèce. Pourtant, la nature ne fait aucune distinction; il ne faut donc pas s'attendre à quelque chose de gai ou à une certaine justice (ou un retour de karma). Non, ici nous sommes face à la vie, dans toutes ses difficultés mais aussi ses bons moments. Les vies se déroulent sous les doigts de Vanessa Lafaye, et au bout du fil, un devoir de mémoire pour ces hommes, envoyés au front et délaissés par le gouvernement à leur retour, pour ces hommes, persécutés à cause de leur couleur de peau.
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