Gris comme le cœur des indifférents - Pascaline Nolot
Auteure : Pascaline Nolot
Scrinéo
Parution : Mars 2023
Note : 4,5 / 5
112 pages
Résumé éditeur :
Hier, Papa a frappé Maman.
C'était un jour banal, plombé seulement par la couleur du ciel et les hurlements. Un jour gris. Gris comme le cœur des indifférents.
Un roman bouleversant, à propos des violences faites aux femmes.
Avis lecteur :
J'ai découvert Pascaline Nolot avec Rouge, roman que je conseille aux lecteurs avertis, certaines scènes pouvant heurter les plus sensibles, avec des thématiques comme les différences physiques et de l'exclusion qu'elles peuvent provoquer, voir même le harcèlement, les croyances, les superstitions et les limites de la religion, en allant jusqu'à la violence physique.
Je ne suis donc pas surprise de retrouver cette auteure sur la thématique de la violence faite aux femmes. La 1ère phrase pose le cadre "hier, papa a frappé maman".
Le roman est placé du point de vue de l'adolescente, Lyra, qui v(o)it les violences familiales au quotidien. Elle cherche à protéger ses petits frères, tout en se sentant impuissante pour protéger sa mère.
Un jour, sa mère lui annonce qu'elle va quitter son père... puis rien ne se passe. Jusqu'au jour où elle rentre à la maison, et qu'elle découvre, une fois de plus, une scène d'horreur. Ce jour là, tout bascule et où elles se retrouvent à l'hôpital.
C'est donc entre les murs aseptisés de l'hôpital que l'on suit Lyra dans ses pensées, elle oscille entre protection (d'elle même, de ses frères, de sa mère...), colère, souffrance et déni. Des souvenirs ressurgissent, associés à une couleur spécifique (gris, vert...), entre instants de bonheur familiaux et drames.
Sujet au combien délicat, il est amené ici par l'auteure avec délicatesse et sensibilité (sans pour autant occulter les passages violents). La vision d'une adolescente permet aussi une certaine perspective, avec des mots justes qui sonnent tellement vrai.
Elle réussi à nous transmettre un tas d'émotions, en très peu de pages (moins d'une centaine), jusqu'au dénouement (attendu mais pourtant si difficile).
Le texte s'accompagne de coordonnées, de contacts divers pour lutter contre la violence dans le cercle familiale. Ce texte a probablement vocation a être diffusé aux adolescents, pour les aider à libérer la parole. Mais pas que, il peut être diffusé largement, tant ce fléau (et le silence qui l'entoure) est un réel drame de société.
Un texte fort et bouleversant, que je ne peux que conseiller.
Un chiffre : plus de 100 femmes sont mortes en 2022, sous les coups de leurs compagnons, et donc autant de familles dévastées..
Elle répète tout le temps qu'il ne faut rien attendre de la vie, ni des gens. Qu'il faut se préserver, se blinder. Que cela évite la déception et les cœurs brisés. Sans cesse, elle égrène sa philosophie amère, forgée à l'aune de l'expérience des années. Elle a peut être raison : pas d'espérance, pas de souffrance. Mais cela vaut-il la peine d'exister sans vibrer?
Pour celles qui l'ont précédée. Pour celles qui la vivront encore si aucun voisin ne se remue, si aucun gouvernement ne met en place un plan de suivi d'actions digne de ce nom, si on ne lutte pas véritablement contre les violences. Je n'accepte pas, je n'accepterai plus, qu'on se contente d'attendre les bras croisés que toutes les femmes maltraitées se voient réduites au silence et que leurs orphelins portent leur deuil pour le restant de leur existence.