Jeux imprudents
Auteur : Emma Green
Éditeur : Editions addictives (12/04/2018)
681 pages
Résumé : « À 17 ans, je fuis l'enfer, ma famille d'accueil et le désert du Nevada pour venir retrouver Harry Quinn sur son île paradisiaque. Harry, c'est mon amour d'enfance. Et ma plus grande trahison. Kidnappé à 3 ans et séquestré jusqu'à 11, il a traversé le pire. Et j'étais là. Maintenant majeur, de retour parmi les siens et devenu le roi de la fac de Key West, il s'est reconstruit sans moi et s'est métamorphosé : je l'ai quitté enfant, je le retrouve immense, puissant, sculpté, beau à crever. C'est bien joli, tout ça mais moi, je deviens quoi ? Moi qui lui rappelle son enfance volée, cette vie d'avant qu'il veut tant oublier, j'ai tout à perdre. Harry compris, mais j'ai trop besoin de lui pour renoncer. Il avait juré de ne jamais m'abandonner. Pourquoi a-t-il brisé notre pacte ? »
Mais ça ne peut pas être bon de tout garder enfoui, murmure doucement Betty-Sue. L'âme a besoin de s'alléger parfois, pour mieux grandir, s'épanouir.
Avis :
J'ai lu les premiers jeux (l'histoire de Tristan et Liv), il y a déjà quatre ans (que le temps passe) ! J'avais vraiment adoré cette duologie et j'en garde encore un très bon souvenir puisque je songe toujours à la relire. Lorsque les Emma Green ont sorti une suite plusieurs années après, j'étais à la fois ravie de prolonger le plaisir et inquiète que ces deux nouveaux tomes ne soient pas à la hauteur.
Difficile de comparer si longtemps après, mais je n'ai absolument pas été déçue par Jeux imprudents. Un découpage classique en plusieurs parties (qui correspondent, je pense, aux épisodes numériques), qui se terminent toutes par un cliffhanger et, malheureusement la fin du roman n'échappe pas à l'a règle ! Alors que j'approchais de la fin de ma lecture, me demandant ce qui pourrait bien justifier un autre opus: bim ! Les auteures nous laissent dans une situation rageante ! Une réaction qu'on ne comprend que trop bien, compte tenu de tout ce qui a été dit plutôt dans le roman, mais qui est tout autant incompréhensible. Vous voyez le malaise un peu ? Mais je saute les étapes !
Le gros point positif dans cette suite, c'est qu'on a droit à pas mal de scènes avec Tristan et/ou Liv et ça fait drôlement plaisir de voir ce qu'ils sont devenus. Bon, je ne vous cache pas que parfois ça sonne un peu trop parfait mais ça passe quand même tout seul ^^ Je ne vous parle pas de Betty-Sue, la grand-mère de tous, qui est simplement extra. Elle n'a pas changé d'un iota, toujours un petit grain de folie et cette énorme capacité à prendre soin des autres, être à leur écoute; elle semble avoir un deuxième sens qui lui permet de cerner les gens et de savoir ce qui est le mieux pour eux. Un vrai vent de fraîcheur et de franchise.
Nous rencontrons également Harry et June (of course); Harry, que l'on se rappelle petit garçon adorable, mais qui a vu son enfance brisée lorsqu'il s'est fait enlevé, n'étant retrouvé que plusieurs années plus tard. Ce qu'on ne savait pas (du moins je n'en avais pas gardé souvenir), c'est que lorsqu'il vivait avec son kidnappeur, il pouvait compter sur une fillette nommée June pour le soutenir. Fillette qu'il n'a pas revue depuis, malgré leurs serments d'enfants. Le truc, c'est que la vie de June est allée de mal en pis après le départ d'Harry, et qu'elle est actuellement en cavale, sans personne sur qui compter. Personne... sauf Harry, vous vous en doutez.
Harry ressemble beaucoup à son frère par certains côtés; le magnétisme, l'impression qu'il fait sur les autres, la volonté qu'il a, et le besoin de protéger ceux qu'il aime. Mais Harry est aussi torturé à cause de ce qu'il a vécu plus jeune. J'ai adoré ce jeune-homme qui croque la vie à pleines dents et n'a qu'une seule envie : devenir policier pour protéger les plus faibles. June, quant à elle, est une vrai battante, un peu garçon manqué, qui ne mâche pas ses mots et croit encore dur comme fer aux serments qu'ils se sont fait. Contrairement à Harry, qui est plus qu'entouré par sa famille, elle n'a pas d'attaches et ne fait confiance à personne. Son seul lien avec son passé et son éducatrice, qui semble très attachée à elle, et surtout très soucieuse de son bien-être. Elle lui envoie régulièrement des listes assez sympa pour lui redonner foi en la vie.
L'alchimie entre June et Harry est parfaite (mais pour ça en sait qu'on peut compter sur Emma Green), ils apprennent à se réapprivoiser petit à petit, pourtant, une menace plane.
On retrouve l'ambiance très idyllique, type rêve américain de Key West. Ses riches étudiants et son beau temps permanent. Les Queen croulent sous l'or et peuvent avoir à peu près tout ce qu'ils souhaitent. Beaux. Riches. Ombrageux. On pourrait dire que ça en fait un peu trop, mais encore une fois, ça fonctionne vraiment bien.
Ajoutez à cela une jeune asiatique fantasque nommée Zelda, un gentil afro-américain, des jumeaux un peu lourdingues et un prof inspirant, vous comprendrez qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde en parcourant les presque 700 pages de ce roman. Tout est bien dosé (excepté la beauté et l'argent, on l'aura compris^^): les silences de June, sa peur omniprésente, les hésitations d'Harry, les réactions explosives de Tristan et la gentillesse de Liv. Si le secret de June est assez vite éventé pour qui sait lire entre les lignes, son travail et sa prise de décision face à ça sont très réalistes.
Puis… nous revoilà à cette fin ! A cette tragédie qui fait que… il faut un dernier tome. Une toute dernière fois. Dernière fois que je vais vivre avec appréhension, sachant par avance que je risque d'être fortement secouée. Emma Green, je ne vous remercie pas !
♡
Je t'aime à en crever, June. / Je t'aime à en vivre, Harry.
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