L'île des souvenirs
Auteur : Chrystel Duchamp
Editeur : L'ARCHIPEL (09/03/2023)
232 pages
Résumé :
Delphine, 22 ans, est étudiante à Lyon. Issue d'une famille bourgeoise, elle tente de s'affranchir de son éducation stricte en écumant bars et boîtes de nuit. Au cours d'une soirée, elle suit une mystérieuse brune jusqu'à sa voiture… Quand elle se réveille dans une maison abandonnée, elle est menottée à un radiateur. Bientôt rejointe par une autre prisonnière. L'enquête confiée à la Crim n'avance pas assez vite aux yeux de l'opinion. Sous pression, le capitaine Romain Mandier accepte l'aide d'un profiler et d'une psychotraumatologue. Qui est cet homme en noir, qui hante les souvenirs confus d'une des captives ? Pourra-t-on exhumer de sa mémoire les fragments qui mèneront au coupable ?
Les êtres humains incarnaient des historiques de recherche ambulants dans lesquels les capitalistes piochaient allègrement pour toujours plus se remplir les poches.
Avis :
Après avoir été bluffée par Le sang des Belasko, m'être laissée berner par Délivre-nous du mal, il était évident que je découvrirai L'île des souvenirs !
Et… Oh. Mon. Dieu ce livre ! surtout cette fin ! Encore une fois, Chrystelle Duchamp nous retourne le cerveau, s'attaquant ce coup-ci à la mémoire et plus particulièrement à la psychotraumatologie, le fait d'enfouir un évènement traumatisant dans les abysses de son cerveau.
La construction du récit est astucieuse : nous assistons au déroulé de l'enquête de plusieurs points de vue. Ceux des prisonnières, celui du policier en charge de l'enquête, puis des experts qui l'assistent et enfin, un regard inattendu qui balaie toutes nos certitudes. Cet écrit se présente comme le livre publié par l'un des personnage.
Chaque partie introduit l'un des personnages dont on présente la vision, son passé, ses espoirs, ses actions. Les portraits sont mordants, succincts mais nous permettent tout de même d'avoir de l'empathie pour ces hommes et femmes avec lesquels la vie n'est pas tendre. On se laisse prendre par la recherche de la vérité, le besoin de savoir ce qu'il s'est réellement passé dans cette maison abandonnée. On remonte dans le passé, cherche les connexions qu'il peut y avoir dans le présent, tente de comprendre comment s'articulent les différents évènements auxquels nous assistons.
Un fois encore, Chrystelle Duchamp prend un ton professoral pour exposer les mécanismes de défense et autres mystères de l'inconscient ou encore les principes de décomposition des corps. Ces explications se fondent parfaitement dans l'intrigue et nous permettent d'en saisir toutes les ficelles.
L'île des souvenirs nous entraine aussi dans le monde de l'art et, à la manière de la seconde prisonnière, nous nous perdons dans les méandres du tableau qu'esquisse l'auteure. A tel point que la touche finale nous subjugue, sans nous laisser le temps d'en disséquer toutes les nuances, de vérifier s'il n'y a pas de faux raccord. Machiavélique.