La ballerine de Kiev
Auteur : Stéphanie Perez
Editeur : EDITIONS RÉCAMIER (29/08/2024)
256 pages
Résumé :
Février 2022, comme toute l’Ukraine, aux premiers jours du conflit, les danseurs du ballet de l'Opéra national de Kiev sont happés par la guerre. Dmytro, danseur étoile, s’engage dans l’armée sans hésiter. Une fois la terreur dépassée, Svitlana, sa femme également étoile, devient secouriste. Eux qui menaient une existence centrée sur leur corps et leur art découvrent la solidarité, la résistance, mais aussi la peur et la mort. Les corps parfaits sont mutilés, les amitiés qui semblaient solides sont brisées par la trahison.
La guerre bouleverse les certitudes et pousse à faire des choix impossibles. Comment remonter sur scène ? Danser a-t-il encore du sens face à la barbarie ? L’art est-il un moyen de résister et de
se reconstruire ? Une seule certitude : Svitlana ne dansera plus jamais comme avant…
Avis :
J'm'attendais pas à ça. C'est dans le cadre du Comité de Lecture Cultura que j'ai découvert La ballerine de Kiev. Nouvelle autrice, nouvel maison d'édition; c'est le genre de chose que j'aime avec le comité. Ce livre là, épreuves non corrigées (ENC) / couverture provisoire, n'avait pas de résumé. Dos blanc. C'est donc la couverture (provisoire) et le titre qui m'ont appelés. Pourtant, je ne m'attendais pas du tout à ça. Quelle claque ! Stéphanie Perez est assurément une autrice que je vais suivre.
Lorsque j'ai compris que l'autrice abordait la guerre en Ukraine, je me suis d'abord demandé s'il n'était pas trop tôt pour en parler dans une fiction. Les livres sur les première ou la seconde GM sont légion mais il s'agit d'un passé révolu là où la guerre en Ukraine est toujours d'actualité. J'ai eu peur de la manière dont elle pourrait traiter le sujet. Très vite, j'ai été happée par sa plume, par ces personnages, auxquels on peut facilement s'identifier et je suis restée en apnée tout au long de ma lecture, appréhendant la signification de la dernière phrase du prologue.
La ballerine de Kiev suit Svitlana, une étoile, au lendemain du premier bombardement des Russes. A ses côtés, Dmytro, son compagnon à la ville comme sur scène, mais aussi d'autres danseurs, éclaireurs de l'Opéra ou voisin. Alors que nous découvrons les changements dans leur vie, la peur, la rupture entre l'avant et l'après, Svitlana écrit des lettres pour expliquer ce qu'elle a traversé. Ces lettres, nous ne savons pas tout de suite à qui elles sont adressées mais nous le comprenons rapidement après la découverte de certains éléments.
Ce roman est à la fois sublime et difficile. Sublime dans le message, dans la manière dont il est écrit, dans l'omniprésence de la danse, dans l'humanité qui se dégage des réactions des personnages, que ce soit la fuite ou le combat. Difficile car on parle de guerre et qu'elle est réelle, car il y a beaucoup de morts, de mutilés, des tortures et des vies brisées. Mais il y a aussi énormément d'amour et surtout cet espoir. Il y a cette envie de continuer à vivre, de permettre aux autres de s'évader à travers l'art, d'avancer malgré tout, pour l'Ukraine, pour les Ukrainiens.
Il est tellement facile de détourner les yeux mais Stéphanie Perez nous les fait garder grands ouverts. Sa plume est délicate, les images choisies poétiques, des sentiments se dégagent de chaque page. Plus d'une fois, les larmes ont gagné mes yeux. Le personnage de Svitlana semble si réel et ce qu'elle traverse est réellement bouleversant. Comment réagirions nous si, du jour au lendemain, notre vie était irrémédiablement chamboulée ? Si nos enfants étaient tués, torturés ou amputés ? Ce sont des questions auxquelles j'espère ne jamais avoir à répondre et il est effrayant que d'autres aient eu à le faire. Quelle est la part de fiction et de réalité dans La ballerine de Kiev ? Peut-être y aura-t-il un mot de l'autrice expliquant sa démarche dans le livre, ce n'est pas le cas de ces ENC.
Je n'ai probablement pas su trouver les bons mots pour vous parler de cette expérience de lecture mais je peux vous encourager à découvrir le roman de Stéphanie Perez.
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