La fille qui tressait les nuages - Céline Chevet
Auteur : Céline Chevet
Editions du Chat Noir
Parution : Juin 2018
Note : 4,5 / 5
290 pages
Résumé éditeur :
Saitama-ken, Japon.
Entre les longs doigts blancs de Haru, les pelotes du temps s'enroulent comme des chats endormis. Elle tresse les nuages en forme de drame, d'amour passionnel, de secrets.
Sous le nébuleux spectacle, Julian pleure encore la sœur de Souichiro Sakai, son meilleur ami. Son esprit et son cœur encore amoureux nient cette mort mystérieuse.
Influencée par son amie Haru, Julian part en quête des souvenirs que sa mémoire a occultés. Il est alors loin de se douter du terrible passé que cache la famille Sakai...
Fable surréaliste, la Fille qui tressait les nuages narre les destins entrecroisés d'un amour perdu, une famille maudite et les tragédies d'une adolescence toujours plus brève.
Avis lecteur :
J'ai découvert Céline Chevet dans le cadre du PLIB2021 et j'ai beaucoup aimé sa plume. Sur les conseils de Clém, j'ai décidé de lire La fille qui tressait les nuages.
Ce roman est une claque, indéfinissable (j'ai d'ailleurs eut du mal à écrire cette chronique). Une atmosphère étrange dès le début, comme un malaise... dont on comprend le dénouement dans les dernières pages. Mais une excellente lecture! Ne vous fiez pas à sa couverture colorée, douce et poétique, ce roman cache en fait une tragédie plutôt sombre.
On suit Julian et son ami Souichiro, deux amis assez différents. Un de leur point commun est la jeune sœur de Souichiro, décédée, dont Julian était amoureux. Il y a aussi Akiko la timide, Haru l'impertinente... je me suis attachée aux personnages, malgré une certaine méfiance envers certains.
Sur fond de drame familial, certain cache des secrets du passé et d'autre cherche à percer à jour la malédiction d'une famille!
Je ne vais pas résumer l'histoire, je ne veux pas vous spoiler si vous souhaitez le lire. Je vais juste préciser qu'elle est très bien construite, avec une intrigue principale qui se dessine en douceur. On alterne entre vie et rêve, entre réalité et songes, qu'est-ce qui est vrai quand le passé vient hanter le présent?
Si vous ajoutez une pointe de magie à ce tableau, vous aurez un roman qui va devenir totalement addictif!
De nombreux retournements de situations qui ont réussi à me déstabiliser, et je me suis rendue compte que rien n'était écrit sans raison, avec de nombreux indices glissés avec finesse.
Et une révélation à la fin, qui est assez inattendue! C'est beau et d'une certaine violence, c'est déroutant et c'est ce qui fait de cette histoire un roman que je ne suis pas prête d'oublier!
J'ai particulièrement aimé les descriptions du Japon, les renvois à la vie quotidienne (les Konbini, le thé Macha, les karaokés, l'ambiance si feutrée des cimetières), et les noms japonais expliqués par des notes de bas de page. L'auteure y a vécu, et ça se ressent.
J'avais l'impression d'y être, de sentir les effluves des restaurants, de voir les fleurs de cerisiers qui volent au vent et les couleurs vives des toris et des temples... rien que pour cela, un grand merci à l'auteure. Grâce à cela, on est parfaitement dans l'ambiance de ce roman.
Le deuil, le déni, l’amour, l’amitié, le racisme, le sexe et les relations interdites, le poids des traditions et l’horreur magnifiquement mis en avant par une plume délicate et lyrique, avec des passages plus crus voir cruels et de nombreuses métaphores. L'auteure nous entraine dans un univers riche.
Les aspects psychologiques des personnages sont accentués par la magie (cheveux hérissés sur la tête de la professeur, encre qui ne reste pas sur le papier lors du dessin du portrait d'Akiko...), j'ai trouvé ce système très astucieux et intéressant.
Ce roman, très original avec une pointe de mystique, met en lumière la dualité de la nature humaine, ces bons côtés, comme les plus sombres. Une quête de vérité, au moment du passage vers la vie adulte, qui est totalement addictive. Une plume douce qui compense le côté dramatique de l'histoire.
Je pense qu'il va rester dans ma mémoire un long moment et que je le relierai probablement, avec un regard somme toute différent.
La vie est faite de ce genre de chose, d'un équilibre entre perte et gain qui fait avancer les hommes.
Devant la mer, tu peux tout oublier. Il n'y a que devant elle que tu peux te permettre de n'être qu'un grain de sable sans autre but que d'exister, m'avait-il dit lorsque nous écoutions le roulis des vagues.
J'aime bien toutes ces lois qui tentent de décrire le monde. Je trouve ça amusant que des cerveaux se soient activés pour construire des modèles stables pour un monde instable. C'est un peu comme s'ils avaient voulu réparer, à l'aide de chiffres, un concept tordu.
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