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La relève - Fanny Chesnel

La relève

Fanny Chesnel

Editions Flammarion


A son réveil, Cesar, 15 ans, calme et pondéré, intelligent et beau comme un astre, promis à un avenir radieux, découvre que ses jambes ne fonctionnent plus...



Plonger dans ce roman, c’est entrer en contact avec une magnifique plume. Belle et complexe. Ce sont des comparaisons bien senties ou des métaphores filées au visuel palpable. C’est pénétrer dans la tête des personnages. Se souvenir que les apparences sont souvent trompeuses. Qu’avoir 15 ans relève parfois du sacerdoce, même lorsqu’on avance un irrésistible sourire est vissé aux lèvres.


« Il n’y a plus d’ici et maintenant chez l’adolescent, pas de pleine conscience, pas de présent pur, seuls le sillage d’un passé déjà dissout et l’appréhension d’un futur brisé par les lames de fond. 

L’auteur parle d’un milieu bourgeois qui m’est parfaitement étranger, pourtant, la souffrance de ce jeune dépasse ce cadre et pourrait toucher toutes les catégories socio culturelles. Il y a la pression perpétuelle et écrasante. L’ombre oppressante des attentats, cette menace qui surgit insidieusement à n’importe quel coin de rue. Il y a aussi toutes ces pensées qui tournent et tournent encore dans la tête de Cesar. Et puis ses jambes qui lâchent du jour au lendemain, parce que l’esprit a refusé de flancher. Son corps qui se brise avant Ie cela n’atteigne son âme.


J’ai aimé cette histoire, Cesar, la relève. Je me suis délectée de la complexité de la langue qui excelle à décrire les sentiments, même si j’ai eu la sensation ambivalente que cela brimait un peu les émotions. J’ai dévoré chaque page, emportée par le récit et je dois vous avouer que le moment m’a semblé trop court. Je suis convaincue que l’auteur aurait pu aller plus loin encore, développer davantage, ajouter une flopée de pages pour nous raconter la relève et magnifier encore ce roman d’apprentissage.


J’ai un véritable faible pour les histoires qui content si bien l’adolescence. Ces histoires qui ne se contentent pas de nous y faire replonger, mais qui la font surgir, pour mieux nous emporter.

Cela tient à l’ambiance, mais aussi aux anecdotes, comme cette réflexion géniale sur les profileurs du Ritz ! Exactement le genre de pensée qui aurait pu me traverser l’esprit lorsque j’étais ado !


Enfin, la couverture m’interroge. C’est elle qui a attiré mon regard sur ce livre, exerçant une sorte de fascination. Mais je n’ai pas retrouvé ce passage à l’intérieur du roman. Un détail, me direz-vous. Peut-être une métaphore que j’ai pris, à tord, au premier degré. Mais, aussi futile soit-elle, je m’aperçois que le petit pincement de déception est bien là.


Quoi qu’il en soit, cela n’enlève rien à la qualité du roman et au plaisir de lecture ressenti.


En bref : l’adolescence comme une claque, pour faire éclore la relève.


« [...] la tension s’accumule dans la pièce comme une pile de assiettes sales. Au moindre geste d’agacement, son père risque de les briser toutes. L’équilibre est tenu, plus personne n’ose un mouvement. » magnifique métaphore filée qui va durer sur le chapitre et qui se termine en apothéose « Il y a tant de travail avec les assiettes, de plus en plus difficiles à éviter, qui s’effritent en neige régulière. [...] Quoi, un sac ? Pourquoi est-ce qu’il soufflerait dans ce sac ? Il n’étouffe pas suffisamment dans ce corps ? Lâchez-le, il doit ramasser les morceaux, après on ne pourra plus les recoller, plus jamais ! S’il vous plaît, aidez-le, il n’arrive plus à respirer, il a si peur que tout d’effondre. »


PS : prévoyez votre dictionnaire... si comme moi, vous avez besoin de la définition d’égruger, abstrus, flaccide, dispendieux, munificent. 😉

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