Le serment
Auteur : Arttu Tuominen Editeur : EDITIONS DE LA MARTINIÈRE (16/09/2021)
439 pages
Résumé :
Ils sont trois : un cadavre lardé de coups de couteaux, un suspect errant les mains ensanglantées à l'orée d'un bois et l'inspecteur chargé de l'enquête. Trois hommes qui se connaissaient ; trois hommes qui ne s'étaient pas revus depuis vingt-sept ans.
Dans les prairies sauvages de Finlande ressurgissent les souvenirs d'une enfance féroce, les traumatisme du passé. Entre les courses à vélo et les vengeances à la sortie de l'école, un pacte de sang a été scellé. Un serment qui se rappellera à eux trois décennies plus tard.
Avis :
Le résumé de ce polar, découvert sur BePolar, m'a très semblé prometteur et m'a donné envie de découvrir cet auteur et son histoire de vengeance remontant à l'enfance.
Une très chouette lecture qui m'a tenue en haleine et pourtant… Pourtant, dès le départ, nous connaissons le meurtrier. Il n'y a donc pas vraiment d'enquête, ou plutôt pas d'enquête pour débusquer l'assassin; il s'agit plus d'une investigation pour découvrir le mobile et les liens qui pourraient, éventuellement, unir les deux hommes. Plus qu'un roman policier, il s'agit là d'une histoire de vie. L'auteur décortique les relations qui unissent ses personnages; à travers ce meurtre, et les souvenirs qu'il fait ressurgir, il pousse Jarii, le commissaire intérimaire, à s'interroger sur le sens de sa vie, ce qu'il en a fait, ce qui a réellement de l'importance ou non.
Arttu Tuominen balade son lecteur entre deux époques : les années 90 et 2018. L'adolescence de Jarii et l'époque à laquelle le meurtre, dont il est en charge, a eu lieu. L'écriture est très sensorielle : on ressent pleinement les choses; les odeurs, tout comme les sensations. On discerne très bien le fossé entre les deux époques, que ce soit au niveau des moyens de communication (pas de portables en 1991) ou de l'urbanisation (la campagne dans laquelle a grandi Jarii n'existe plus en 2018, les maisons ont poussé un peu partout, et lorsqu'il le décrit, l'auteur arrive à l'étendre au propre lieu de notre enfance).
Au fil des souvenirs, le lecteur commence à entrevoir une rupture. Comment Antti et Jarii, qui étaient comme deux frères, se sont perdus de vue. Qu'est-ce qui a fait que cette amitié fusionnelle n'existe plus ?
Il y a beaucoup de violence entre les lignes, l'action est lente, introspective. Les noms à consonnance nordique, parfois compliqués, souvent ressemblants ajoutent de la lourdeur. Chaque personnage avance dans une direction différente, sans connaitre l'avancée des autres. La dernière partie est vraiment immersive, l'angoisse filtrant à travers les lignes.
Au final, ce n'est pas une belle histoire mais elle m'a tout de même beaucoup plu, parce qu'elle montre ce qu'il y a de meilleur et de pire chez l'homme; elle prouve que tout n'est pas toujours noir ou blanc, que la justice peut être injuste et qu'on ne sait jamais ce qu'il se passe dans l'intimité d'une maison. C'est à la fois beau et tragique, une amitié comme on en connait peu, qui transcende les années, quand bien même elle semblait enterrée.
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