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Le visage de la résistance - Amar Lune

Los Intocables - 1

Le visage de la résistance

Auteur : Amar Lune

Editeur : L'Archipel (29/02/2024)

487 pages

Résumé :

Mira est une jeune femme sans histoire à Ciudad Juarez, au Mexique.

Un soir, elle se retrouve impliquée dans une affaire l'opposant au plus important cartel de la ville : Los Intocables. Leur chef, Eduardo Hernandez, réputé pour son sang-froid et sa cruauté, veut l'exécuter mais ses proches lui conseillent d'en faire une alliée aux yeux de l'opinion publique. Il va donc la retenir de force au sein du clan.

Une lutte incessante se joue en Mira, tout comme celle qui est le quotidien d'Eduardo : la prison ou la mort.


Avis :

Le visage de la résistance, premier tome de Los Intocables, est la première parution du label New Rules, aux éditions de l'Archipel. Ce n'est pas forcément un roman que je souhaitais découvrir car j'étais assez réticente sur l'aspect "immoral" induit par la notion de cartel. Pourtant, au vu de toutes les réactions enthousiastes que j'ai pu voir sur la saga d'Amar Lune, je me suis laissée convaincre de lui donner sa chance.

Dès le départ, l'autrice annonce la couleur avec ces mots : « Cet ouvrage est destiné à un public mature et adulte. Des thèmes sexuels et violents y sont abordés. Tout le contexte est à prendre en compte car cette histoire n'est pas destinée à être romancée. La plupart des actions et le quotidien des cartels ont été documentés et s'inspirent de faits réels. La psychologie occupe une place prépondérante. Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des lecteurs (addictions, relations toxiques et abusives, violence, torture, propos injurieux…). »

Bilan : je confirme, la sensibilité du lecteur est fortement éprouvée et cela commence dès les premières pages ! J'ai découvert un univers qui me semble complétement surréaliste car très éloigné de mon quotidien. Il rappelle certains films ou séries plébiscités mais mon cerveau a vraiment eu du mal à l'ancrer dans la réalité. En effet, les hommes affiliés aux différents cartels ne semble avoir aucune notion d'humanité, ils tuent, torturent, baisent, se droguent comme on change de culotte. La notion même de vie ne semble avoir aucune signification pour eux: homme, femme, enfants, dommages collatéraux… les victimes sont nombreuses car il ne faut laisser aucun témoin.

Malgré tout ce contexte, le roman d'Amar Lune est terriblement addictif. On s'attache immédiatement à Mira, cette jeune femme sans histoire qui se retrouve en plein cauchemar, dépassée par des évènements sur lesquels elle n'a aucun contrôle, prise dans l'engrenage du cartel de Los Intocables. La première partie du récit est effectivement beaucoup basée sur le psychologique; l'état de terreur de Mira, l'adrénaline et la volonté de sauver sa peau, la haine qu'elle peut ressentir pour les personnages qui l'on mise dans cette situation. L'autrice arrive à décortiquer et exprimer de manière très explicite tout ce qui se joue dans la tête de Mira, justifier ses choix, parfois contre sa morale, pour protéger ceux qu'elle aime et surtout essayer de s'en sortir. Pour autant, je n'ai pas ressenti les émotions se dégager d'entre les lignes, ce qui est peut-être plus facile à vivre au final car si nous étions saisis des mêmes sentiments que Mira, la lecture promettrait d'être intense.

On comprend donc bien le dilemme de Mira : entourée d'hommes sans foi ni loi, elle ressent une profonde répulsion et une peur extrême à leur égard. Pourtant, elle va devoir cohabiter avec eux puisque son destin est désormais irrémédiablement lié au cartel. Elle va devoir passer au delà de son état d'apathie et faire ce qu'il faut pour rendre la situation la plus vivable possible. Qu'on s'entende bien, elle est retenue prisonnière et subit une pression psychologique constante ainsi que des menaces de mort; la situation, quoi qu'elle fasse pour l'améliorer, est malsaine.

Le lecteur est aussi soumis à un certain dilemme : il tente de trouver, à travers les chapitres du point de vue des différents criminels, quelque chose qui explique leur comportement sanguinaire. Il tente de voir la bonté en eux… mais y a-t-il réellement quelque chose à trouver ? C'est assez frustrant parce que oui, on a presque tendance à apprécier Edouardo, le chef du cartel alors que vraiment, le gars est un vrai psychopathe ! Amar Lune dessine tout de même un peu son passé et un traumatisme lié à la perte de sa mère. Enfin, malgré ça il prend quand même un peu trop plaisir à voir souffrir les gens ! Peut-on réellement voir l'homme derrière les horreurs qu'il accomplit ? Peut-on accepter le sang sur ses mains ?

Personnellement j'ai beaucoup aimé le cousin, Miguel, avec son humour bien lourd et sa joie de vivre, il semble certes, totalement à l'ouest mais il a un petit côté attachant. C'est d'ailleurs un autre aspect du milieu que nous fait côtoyer l'autrice : langage cru, insultes à gogo, humour en dessous de la ceinture et femme objet. J'avoue que c'est un poil dérangeant… L'introduction de l'espagnol pour certains mots (notamment au niveau des jurons) nous plonge un peu plus au cœur du Mexique.

Enfin, j'ai particulièrement aimé la partie d'échec qui se joue. Même si ce n'est pas le centre du récit, c'est un peu celui de l'intrigue : plusieurs personnages avancent leurs pions (c'est le cas de le dire), essayant d'anticiper les réactions des autres. Au cœur de la toile, Mira doit, elle aussi, tirer son épingle du jeu, sachant qu'elle ne pourra pas épargner tout le monde et ça c'est difficile à entendre pour elle.

Un premier tome vraiment réussi qui aura réussi à me faire oublier mes à priori et me donne envie d'enchainer sur le second, même si je sais que je ne serais sans doute pas épargnée plus que les personnages.

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