Les amoureux de la lune
Auteur : Lizzie Felton
Éditeur : Editions du chat noir (04/04/2018)
308 pages
Résumé :
À 16 ans, troquer sa vie parisienne pour suivre sa famille sur la côte d’Azur est un enfer pour Lucie. Pourtant, la jeune fille y intègre bien vite le cercle de la jeunesse dorée locale, qui l’initie à l’effervescence nocturne, synonyme de soirées endiablées, où l’alcool coule à flots, les rencontres sans lendemain se succèdent et l’insouciance adolescente rayonne.
Mais lorsque Lucie rencontre Ulysse, le monde de la nuit prend un tout autre visage sous le regard azur de ce jeune peintre. Malgré les avertissements de ses nouveaux camarades, la jeune fille est attirée par ce mystérieux artiste qu’elle ne croise qu’à la nuit tombée, lui qui voit dans les ombres des couleurs que personne ne décèle, une magnificence que tout le monde ignore, une fascination pour l’astre argenté.
Lui qui voit et révèle en elle cette même beauté invisible…
S’épanouissant avec Ulysse dans la nuit, comme une fleur au soleil, Lucie est alors emportée par un tourbillon d’émotions, un amour de la Lune qui changera à jamais sa vision de la vie.
Le monde t'offrira un autre spectacle, mais il n'en sera pas moins beau. En tout cas, ce n'est jamais deux fois le même. C'est pour cela qu'il faut constamment ouvrir les yeux. Car tout change, tout bouge, tout se transforme. Et c'est infiniment merveilleux de pouvoir assister à cela.
Avis :
Je ne vous cacherai pas que c'est, une fois encore, la très jolie couverture qui a attiré mon attention sur Les amoureux de la lune. Le résumé me laissait un peu plus incertaine, et c'est pour cette raison que j'ai mis un peu de temps à me laisser convaincre de lui donner sa chance. L'un des bienfait du COVID (si l'on peut dire) aura été de me faire découvrir Les amoureux de la lune, puisque c'est durant que le confinement que j'ai finalement craqué.
J'ai été happée par la plume de Lizzie Felton dans un univers qui m'est totalement inconnu : celui de la jeunesse dorée et de ses excès. L'élite de la société, où l'argent coule à flot mais où manque l'essentiel. Lucie est une ado qui m'a tout de suite parue détestable : gâtée par ses parents qui lui cèdent tout, ou presque, on a l'impression qu'elle considère que tout lui est dû. Le paraître est également essentiel pour elle, après tout, elle sort avec le plus beau mec de la capitale. Et puis...
Et puis Lucie est déracinée. Arrachée à son monde par la mutation professionnelle de son père. Elle boude. Un peu. Et elle se lie avec les jeunes du coin. Les jeunes de cette résidence huppée et ultra recherchée (certains restent plusieurs années sur liste d'attente avant de pouvoir acheter). Un monde à part quoi. Une communauté fermée sur elle-même, dans laquelle chacun rivalise de richesses. Villas immenses, plages privées, parents absents et décadence. Lucie est encore au lycée, mais elle côtoie des fêtes où l'alcool ne manque jamais.
Marie, Achille, Diego… Nous découvrons des adolescents attachants, perdus, en rupture. Des adolescents qui nous énervent et nous touchent en même temps. Et arrive Ulysse. Ulysse qui fascine et effraie à la fois.
Lizzie Felton nous offre un voyage onirique, poétique aussi par moment, et nous nous laissons bercer par le mystère, puis la magie qui percent à travers les pages. Mystère de cette famille Lovelasse, qui semble vivre la nuit et mener de bien étranges activités. Cette famille Lovelasse qui habite un manoir tout droit sorti d'un conte et qui fait surgir les idées les plus folles ! Magie des mots, magie de la beauté qui nous entoure, et que nous oublions (trop souvent). Magie de voir le monde autrement et magie du premier amour.
Lentement, mais sûrement, Lucie va se métamorphoser. Si, au départ, tout est encore basé sur le paraitre (puisque c'est la beauté magnétique d'Ulysse qui l'obsède), les sentiments naissant sont purs et tellement forts. Lucie se (re)découvre à mesure qu'elle ouvre les yeux sur le monde, et elle n'en devient que plus belle. Jeune-fille naïve, prête à accepter les règles qu'on lui impose pour passer du temps avec Ulysse, prête à croire à toutes les explications, aussi invraisemblables soient-elles, pour s'expliquer l'inexplicable. Ou alors pour ne pas envisager le pire ? Lucie est un peu trop crédule, mais elle est jeune et amoureuse.
C'est un roman tout en douceur, avec une pointe de fantastique (ou d'imaginaire); une pointe seulement. Un roman qui évoque l'art, à travers la peinture, la musique, l'écriture ou encore la couture. Mais également l'amitié et le poids du secret. Une ode à la vie, à travers un mal peu connu, mais surtout pour l'amour qui en ressort (de soi, des autres, de la nature…).
Ce qui m'a totalement conquise, ce sont les derniers chapitres. Les réactions de Lucie face à la vérité. Et surtout ce magnifique épilogue qui offre une fin (ou un départ) parfaite et si humaine à ce superbe roman. Je l'ai fini en larmes et en même temps étrangement apaisée.
〇
L'amour est comme un bon disque, songea Lucie. D'abord, tout n'est que découverte. On a envie de passer son temps à l'écouter. On saisit d'ailleurs toutes les occasions de le faire. On se sent envoûté par ses différentes mélodies qu'on ne connait pas encore, mais dont on pressent déjà qu'elles vont nous plaire. Après quelques écoutes, on se met à l'aimer plus fort encore, ce disque. On chante avec lui, on y découvre des notes que nous n'avions jamais entendues, des mots dont nous n'avions jamais saisi le sens nous apparaissent clairs. Puis il faut dire ce qui est : on finit par s'en lasser. A force de l'entendre, on ne le supporte plus. La musique reste toujours aussi savoureuse, mais on s'en est trop gavé. On est écœuré. Et finalement ce disque que l'on connait pas cœur n'apparait plus qu'en bruit de fond. Et il tourne, il tourne en rond.
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