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Photo du rédacteurElsa

Les chiens de Détroit - Jérôme Loubry

Les chiens de Détroit

Jérôme Loubry


Calman Lévy 2017

Libre De Poche 2018

Après être tombée sous le charme du Douzième Chapitre et m’être laissée envoûter par les Refuges, il fallait que je découvre le premier thriller de Jerome Loubry.


Cette fois, je suis allée à la rencontre d’un géant des brumes - un être mi homme, mi légende qui fait disparaître les enfants - au cœur de la ville de Détroit qui se meurt. Cet aspect-là m’a complètement séduite, mais entendons-nous bien, cet être fantasmagorique, né de l’imaginaire collectif, a beau prendre racines dans un terrible conte pour enfant, il a une consistance tristement humaine. Nous ne franchissons donc pas les frontières du réel.



Ce sont deux flics malmenés, usés, un peu fêlés aussi (à prendre dans ses deux acceptions), mais pas encore complètement brisés qui vont traquer ce géant. Ils mettront tout en œuvre pour chasser la brume qui le dissimule, quitte à en perdre la raison. D’ailleurs, j’aurais aimé que leur histoire soit plus fouillée, qu’ils aient un peu plus d’épaisseur. J’aurais voulu m’attacher à eux avant le dénouement, avoir davantage d’empathie.



En toile de fond, on se prend de plein fouet la déliquescence de la ville de Détroit qui s’effrite sous les yeux de ses habitants. Le rêve américain s’effondre et c’est une ville déjà à terre qui voit sa jeunesse disparaître entre les griffes du géant des brumes.


La construction narrative est franchement intéressante, puisqu’elle fait alterner passé, présent et légende. Cela crée un flou qui apporte nombres d’interrogations et attise la curiosité. Je dois cependant avouer que les allers et retours incessants, parfois à quelques jours près, donnent le tournis. Il m’a fallu m’accrocher pour suivre cette construction pleine de bonds dans le temps, mais peu à peu l’histoire se pose et elle prend tout son sens. C’est à ce moment-là qu’elle devient véritablement prenante.


Enfin, j’émettrais un petit bémol pour la fin, peut-être un peu brouillonne, peut-être un peu rapide à mon goût, qui contraste avec le développement et que j’imaginais (j’espérais) plus dense.


Ce thriller est donc franchement bien pensé et original, même s’il m’a manqué un peu d’épaisseur. Je suis certaine que j’aurais davantage apprécié Les chiens de Détroit si je l’avais lu en premier. Jérôme Loubry met la barre si haut dans Les Refuges que j’avais des attentes sans doutes tronquées à l’égard de ce premier ouvrage. Par contre, une chose est sûre : l’auteur n’a eu de cesse de se bonifier et de se renouveler au fil de ses écrits.


En bref : l’histoire, le fond et la forme se complètent parfaitement pour nous offrir un thriller original.



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