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Malamorte - Antoin Albertini

Malamorte

Antoine Albertini


Editions JC Lattès

Livre de Poche 2020


Voici ma première lecture de la sélection d’avril du #prixdeslecteurs .



Tout commence par un type qui désingue sa famille, avant de se faire sauter le caisson. S’en suit le meurtre d’une femme sur un sentier de randonnée. C’est le flic du bureau des homicides simples qui se retrouve chargé de ces deux enquêtes. Comprenez qu’il a été mis au placard depuis fort fort longtemps et qu’il a tendance à se prendre de grosses bitures en systématique. Malheureusement ou heureusement pour lui, cette fois, tout lui tombe dessus pratiquement en même temps et c’est armé d’une belle gueule de bois, qu’il va mener son enquête façon Columbo des temps modernes.


L’auteur a une plume agréablement cynique qui m’a séduite d’entrée de jeu. Elle ne manquait ni de verve ni d’originalité et c’est accompagnée de ce ton caustique que j’ai découvert les côtés sordides de l’île de beauté et tous les petits et gros pourris qui la gangrènent (fictivement, évidemment 😉).


« "Dites, fit l’escogriffe à queue de cheval, on en a pour longtemps ?" Dans l’idée que je me faisais d’un monde parfait, deux minutes et quelques gifles auraient suffi. »

J’ai également beaucoup aimé les dialogues et plus particulièrement ceux avec Janek, l’ancien légionnaire. Ils sont mordants et on les imagine parfaitement dans la bouche de nos personnages. Je dirais même qu’ils donnent corps à ceux qui les prononcent. Truculents !


« Ne le prenez pas mal : je me contrefous de votre petit numéro de Sherlock Holmes. Je me suis renseigné sur votre compte. Vous tenez l’affaire de votre vie, pas vrai ? Pas mal, pour un gars qui végète dans un placard à balais. Alors tâchons d’y aller mollo, parce que je ne suis pas d’humeur à me laisser pisser dans le képi. [...] Et vous puez la gnôle, si je peux me permettre. »

L’enquête en elle-même reste assez classique, même si notre flic s’entrave sans cesse dans tout un tas d’éléments que sa hiérarchie étouffe allègrement.


Vous l’aurez compris, ce thriller a le mérite d’être franchement original, et si la seconde moitié m’a véritablement harponnée, il m’aura manqué une bonne dose de dynamisme dans sa première partie pour l’apprécier en totalité. Impossible de rester concentrée plus de 20 pages d’affilée jusqu’au milieu de notre histoire. J’imagine que le contexte n’a rien arrangé, mais il faut reconnaître que le contraste avec la seconde partie est trop évident pour être remis en question. D’ailleurs, en parlant de la dernière moitié du livre, sachez qu’elle est franchement bien fichue ! Tout a été méticuleusement pensé par l’auteur pour nous sauter à la figure par salves explosives, sans que l’on n’ai rien vu venir.


Entre le maniement aiguisé de la langue, les dialogues tranchants et une fin finement amenée, je pense que je peux mettre de côté la platitude de la première moitié et vous recommander chaleureusement ce thriller ! Personnellement, je compte bien découvrir un peu mieux les textes de l’auteur.

Enfin, je dois vous faire une dernière confidence : je n’aurais sans doute pas découvert ce livre sans le prix des lecteurs. Alors merci à eux pour cette chouette découverte !


En bref : un thriller pas banal, flanqué d’un Colombo des temps modernes en couple avec sa bouteille.


« Le tonnerre roula sur les crêtes et le ciel lâcha sans prévenir une pluie si dense que le sol se transforma aussitôt en marécage. Depuis son céleste trône, Dieu s’esclaffait en nous pissant à la gueule. »



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