Nymphéas noirs - Michel Bussi
Auteur : Michel Bussi
Presses de la Cité
Parution : Janvier 2011
Note : 4,5 / 5
438 pages
Résumé éditeur :
Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels.
Au cœur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit et sait tout.
Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps.
« Trois femmes vivaient dans un village. La troisième était la plus douée, la deuxième la plus rusée, la première était la plus déterminée. A votre avis, laquelle parvint à s’échapper ? La troisième la plus jeune s’appelait Fanette Morelle ; la deuxième s’appelait Stéphanie Dupain ; la plus vieille c’était moi. »
Un étonnant roman policier dont chaque personnage est une énigme.
Avis lecture :
3ème Bussi pour moi en 2020 (et 3ème tout court d'ailleurs). Comme toujours je me méfie de ces romans dont tout le monde parle. Et là encore, je suis conquise par ce polar sombre et ce roman en trompe l'œil au pays des couleurs des impressionnistes!
On suit trois femmes, trois âges différents (la jeune fille de 11 ans, la jeune femme institutrice magnifique aux yeux mauves et la vieille femme "sorcière").
Mention spéciale pour les chapitres de la vieille femme : elle s'adresse directement à nous lecteur (narration à la 1ère personne), elle nous annonce des événements à venir... c'est une façon d'écrire très risquée à mon sens, cette proximité personnage/lecteur, et pourtant je crois que ce sont mes chapitres préférés. J'ai aimé son tempérament, son humour et sa façon de voir "sans être vu".
Je ne rentrerai pas plus dans les détails, sous risque de dévoiler des éléments de l'enquête et de vous révéler des passages importants.
On part pour un jeu de pistes, entre trois époques, trois femmes, trois histoires distinctes (mais pourtant si liées). Des personnages attachants, intriguants, voir pour certains très inquiètants, mais aussi tout en nuances.
J'admets que vers les 150 dernières pages, j'ai commencé à comprendre le fond de l'histoire et pourtant j'ai aimé me faire surprendre par cette fin, tant le suspense monte de page en page!!! Je crois que ce côté surprenant fait l'originalité de cette histoire. Même si on est un peu manipulé par l'auteur... mais c'est de bonne guerre, et on lui pardonne vite!
Un remerciement particulier pour le dernier chapitre et la fin, merci pour cette issue, pleine d'émotion.
L'intrigue est plutôt classique : un meurtre d'un ophtalmo un peu coureur de jupon dans un village paisible et donc un assassin à trouver. Et c'est là que l'on retrouve la patte de l'auteur, cette façon de brouiller les pistes, de donner des bribes d'explications, de révélations et de laisser planer un doute (voir plusieurs).
Les jeux psychologiques sont bien décrits. On ressent les émotions des personnages (peur, joie, rancœur...).
Le cadre : magnifique. Giverny, berceau des peintres impressionnistes et du célèbre Monet.
J'ai eu l'impression de me promener dans les deux rues principales, de sentir les roses, de pouvoir effleurer les épis de blé... J'avais depuis longtemps envie de visiter ce lieu mondialement connu, et ce roman ne fait que confirmer cette volonté! Les descriptions des lieux sont teintées de poésie, de romantisme, l'auteur se transforme lui-même en peintre pour nous faire vivre dans cette cité. On ressent une certaine sérénité baignée des douces couleurs du soleil (malgré les touristes!). Les références à l'oeuvre et à la vie de Monet, subtiles ou plus appuyées, sont nombreuses dans ce roman.
Que l'on aime ou pas la peinture et l'Art, on ne peut qu'être sensible à ce lieux.
Je ne sais pas si c'est volontaire, mais je vois aussi un message sur le temps qui passe (et les œuvres de Monet qui elles restent toujours présentes, alors que les hommes et les femmes finissent par partir et que les paysages évoluent... comme les peupliers qui vont être abattus car faisant de l'ombre au fameux jardin).
Et un autre sur l'envie d'ailleurs, de partir... de croire en ses rêves, de saisir sa chance quand elle passe, "cette certitude que la vie est ailleurs".
J'aime ce style décontracté dans l'écriture. On attend un événement tragique, on voit le décompte des dates, 13 jours pour trouver le dénouement... mais le ton n'est jamais grave. J'y ai même trouvé un certain humour dans les propos de la plus vieille femme et dans les dialogues entre les policiers.
Le jeu de piste est très bien dosé, avec une bonne alternance des personnages. L'intensité s'accentue au fil des pages (et du Ru ;p ), le lecteur reste captivé.
Un bon polar, original, et un cadre (pour ne pas dire un écrin) exceptionnel!
Ce roman ressemble à un tableau, un peu flou au début mais qui prend forme au fil des coups de pinceaux pour se révéler dans les dernières pages.
Merci encore Mr Bussi pour cette balade.
C’est cela vieillir : voir mourir les autres.
"Si je rêve c'est bien de ce qu'on m'interdit..." Oui, le rêve est hors la loi .
Une vie, tu sais, Fanette, c'est juste deux ou trois occasion à ne pas laisser passer.
Monet disait que la sagesse, c'est de se lever et se coucher avec le soleil.
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