Sous le ciel de Toscane
Auteur : Kat Devereaux
Editeur : L'Archipel (04/07/2024)
350 pages
Résumé :
1944. Romituzzo, Toscane. A 14 ans, Stella Infuriati est la plus jeune résistante de la ville - un secret qu'elle garde bien de révéler à ses parents. Elle s'est engagée avec son frère Achille pour faire passer messages, armes et provisions aux partisans cachés dans les collines. Mais lorsque la paix revient enfin, en 1945, Stella s'est volatilisée.
2019. Tori MacNair, écrivaine, débarque à Florence pour fuir un mari violent et refaire sa vie dans cette ville que sa grand-mère anglaise lui a appris aimer. Sur les conseils d'une amie, un jeune avocat, Marco l'aide à s'installer. Mais alors qu'elle fait des recherches sur l'histoire de son aïeule pour les besoins de son nouveau roman, Tori se retrouve confrontée à de douloureux secrets du passé - dont certains concernent une très jeune fille qui a risqué sa vie pour sauver son pays…
Avis :
Une jolie couverture, une histoire à cheval sur deux époques, il n'en fallait pas plus pour me convaincre de partir en Italie. Dans Sous le ciel de Toscane, nous suivons tour à tour deux jeunes femmes : Tori et Stella. L'une dans le présent, l'autre durant la seconde Guerre Mondiale. A priori pas de lien évident entre les deux, mais vous vous en doutez sûrement, il existe bien !
La plume de Kat Devereau est fluide et agréable à lire; elle nous emporte au gré du temps et nous installe dans une Italie cosy, aux italiens très accueillants (elle oppose souvent la pudeur des anglais au côté tactile des italiens). J'ai beaucoup aimé le personnage de Tori, son déracinement subit et son envie de reprendre son destin en main. Malgré tout, je trouve que plusieurs détails de l'intrigue sonnent un peu "cliché", que ce soit la sœur invasive de la jeune femme qui ne veut pas croire ce qu'elle lui raconte au sujet de son mariage, les bonnes personnes sur lesquelles elle tombe systématiquement ou encore son agent littéraire qui accueille extrêmement bien son changement de cap et git de façon très altruiste (alors peut-être que oui ça existe). Je reste volontairement vague pour ne pas trop en dévoiler mais, malgré les sujets difficiles évoquées par l'autrice, on est sur une version conte de fée "tout est bien qui finit bien".
J'ai apprécié le lien qui uni(ssai)t la jeune femme à sa grand-mère, et ce besoin de retourner dans ses pas. Tout comme j'ai souhaite se débrouiller seule, sans partager ses problèmes avec le premier venu, fragilisée par sa relation avec son mari (même si vu de notre fenêtre on a envie de lui dire "mais confie toi à Marco bon sang !"). La violence psychologique qu'elle a subit, et surtout les conséquences que cela a sur son comportement (notamment en terme de confiance en soi), est très bien retranscrite et permet de ne pas banaliser (comme peut le faire sa sœur) ce genre de comportement. On comprend parfaitement sa peur d'être considérée comme une affabulatrice quand son mari n'a pas le même visage vis à vis des autres. J'ai pris plaisir à voir le cheminement de Tori vers une vie à la fois plus apaisée mais aussi plus enrichissante et en accord avec elle-même.
Stella, dont nous découvrons la destinée en parallèle, du haut de ses 14 ans, n'est pas en reste quand il s'agit de s'affirmer. C'est une jeune-fille qui pousse à l'admiration entre son engagement dans la résistance et la manière dont elle courbe l'échine à la maison, face au comportement abusif de ses parents. J'ai adoré le lien qu'elle entretien avec son grand frère, même si celui-ci semble aveugle au traitement infligé par leurs parents. Tout dévoué à sa sœur, il n'hésite pas à lui apporter son soutien même si cela n'a pas toujours le résultat attendu. Dans ce contexte de peur, j'ai été agréablement surprise de voir que l'autrice étoffait encore plus son personnage, l'entrainant dans une voie féministe et non dans la romance qu'on aurait pu attendre.
Sous le ciel de Toscane apporte un vent de légèreté sur des sujets assez durs. En fil rouge, Tori même l'enquête, creusant le passé de sa grand-mère ; si nous ne sommes, finalement, pas si surpris que ça des révélations faites par les différents protagonistes, on ne peut s'empêcher d'avoir le cœur serré face au destin de certains.
Le mot de l'autrice, en fin de roman, apporte un éclairage particulier à son récit : elle y met en parallèle fiction et réalité et c'est le genre de détail que j'affectionne particulièrement.
Une lecture agréable en définitive même s'il m'aura manqué un petit quelque chose pour me captiver.
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