Surface
Auteur : Olivier Norek
Éditeur : POCKET (12/03/2020)
400 pages
Résumé :
Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture. Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier… Comment se reconstruire dans de telles conditions ? Mais voilà que soudain, les squelettes des enfants disparus vingt-cinq ans plus tôt, enfermés dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier…
L'enfer reste toujours le regard que les autres portent sur nous. Comme un jugement. Le regard qui nous examine, celui qui nous empêche d'oser, celui qui nous freine, celui qui nous fait nous aimer ou nous détester.
Avis :
Nouvelle lecture dans le cadre du challenge #BookLanta auquel je participe sur Instagram, puisque Surface faisait partie des livres secrets de la quinzaine. C'est un polar qui m'attirait énormément, notamment parce qu'il s'agit d'un des coup de cœur d'Elsa, et c'est donc tout naturellement que je l'ai attaqué, à l'aveugle, sans avoir lu le résumé au préalable. Le résumé Pocket est d'ailleurs un peu trop détaillé, contrairement à celui de Michel Lafon qui se contentait de deux phrases énigmatiques.
C'était mon premier Norek, et ce fut un coup de cœur. Un récit prenant, une plume minutieuse, qui capte le moindre sentiment des personnage. A la fois une quête, un parcours pour apprendre à s'accepter, et une plongée dans le passé d'un petit village de campagne pour la résolution d'un cold case.
L'héroïne de Norek, cette capitaine qui se retrouve meurtrie aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, est un personnage extrêmement marquant. Forte et faible à la fois, traumatisée par ce qu'elle a traversé, elle se cache derrière sarcasme et humour grinçant, ne parvenant pas à accepter celle qu'elle est devenue malgré elle. Le psychiatre qui la suit est tout aussi fascinant, dans sa façon de percevoir les choses et de comprendre, mieux que Noémie ne le fait elle-même, ce dont elle a besoin. C'est un homme dévoué à son travail et à ses patients, qui a à cœur de les voir se reconstruire, de leur faire comprendre ce qu'ils valent.
No a peur de son propre regard mais c'est surtout celui des autres qui la dérange; d'autant plus qu'elle est attentive à la moindre de leurs réactions. La difficulté d'accepter un nouveau physique, mais surtout de guérir le traumatisme qui y est lié est particulièrement bien retranscrit par l'auteur. J'ai aimé voir Noémie s'ouvrir petit à petit, s'acclimater à une situation qu'elle n'a pas choisi et qu'elle prend comme une punition, pour finalement se dépasser afin de faire mentir ses détracteurs; ceux qui veulent la mettre au placard, ceux qui la juge pour une blessure qu'elle a subit durant son service. Vous l'aurez compris, certains personnages et leurs méthodes m'ont fortement agacée; j'ai eu le cerveau en ébullition et le ventre noué en découvrant leurs projets pour écarter Noémie. Mais c'était bien mal la connaitre !
Quand une enquête surgie du passé se greffe au récit, les questions s'accumulent et nous suivons avec un intérêt croissant les déductions, les hypothèses, toutes les ramifications qui surgissent de l'esprit de la jeune-femme. Ce village si paisible où tous se connaissent, mais où les secrets sont bien enfouis.
Dans une opposition urbain / rural, Olivier Norek nous dresse un tableau bien au delà de la surface et du perceptible, une héroïne qui ne nous lâche pas, des personnages tout en profondeur et surtout, une fin que l'on ne devine qu'au tout dernier moment, démolissant toutes nos certitudes.
Un roman puissant, au rythme soutenu, qui nous plonge au plein cœur de l'Aveyron et de ses secrets
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