RAY SHEPARD - tome 2
Hérésie
Auteur : Morgane Rugraff
Editeur : Editions Plume Blanche (08/01/2017)
Résumé Editeur :
« Mon frère, je n'aurai de cesse de te traquer et tu le sais. A présent, je ne suis plus si loin de toi. Sens-tu ma force ? Tremble, Ryo ! »
Avis :
Il n’est pas rare que l’on soit déçu à la lecture d’un tome 2 ou 3, le premier tome nous ayant tellement plus. Alors que je tourne les dernières pages d’Hérésie, le second tome de Ray Shepard, les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont : Oh. Mon. Dieu !!! Il est absolument génialissime ; un cran au-dessus de son prédécesseur. Je pense qu’il va être très très compliqué à écrire cet avis !
J’ai découvert Ray Shepard grâce à la maison d’édition Plume Blanche qui a l’habitude de publier des livres sans résumé ! C’est donc sur la couverture, les avis et, il faut l’avouer, un peu de confiance, que je me suis lancée dans Ray Shepard. Cela fait un an que j’ai terminé le premier tome, pourtant, et malgré la complexité de la trame tracée par Morgane Rugraff, j’ai très vite replongé au cœur de Penngrad.
Hérésie se dévore, on s’empreigne des mots qui s’enchainent, des sentiments des personnages, on vit le livre, la boule au ventre car on ne voit rien venir ! Moi qui ai tendance à prévoir les évènements par avance, j’avoue que je me suis laissée mener par le bout du nez. Ne vous fiez pas aux apparences et méfiez-vous surtout des faux-semblants ! Et en même temps, Morgane Rugaff explore à fond ses personnages et semble prendre un certain plaisir à en torturer certains !
Le récit est de nouveau décomposé en fonction des saisons et nous suivons, tour à tour, les différents groupes de personnages qui se sont séparés à la fin d’Amnésie. Le passage d’un groupe à l’autre se fait aléatoirement et, bizarrement, on ne se sent aucunement frustré lors de ces changements, comme cela m’est déjà arrivé, avec l’envie de retrouver le groupe que l’on vient de quitter. Morgane Rugraff prend un risque avec la quantité de personnages introduits dans son roman, le risque de perdre le lecteur, que celui-ci se désintéresse de certains. Pourtant, tout est tellement bien orchestré, les personnages tellement fouillés, tellement réalistes que cela fait plutôt la force du roman. Bien au-delà des préoccupations premières des personnages, c’est une guerre qui s’annonce, le récit prend une toute autre dimension, les hommes se croisent, à la recherche du pouvoir, toujours plus grand, pour leur propre réussite personnelle. On fait fit de la moralité, meurtres et massacres font partie du quotidien, pourtant à travers les yeux de ses personnages, l’auteure arrive tout de même à éveiller un soupçon de conscience, à faire transparaitre toute l’horreur des actes de ces personnes qui n’ont plus aucune limite. Et cela va bien au-delà ce qu’on aurait pu imaginer.
Les personnages sont tous « méchants » d’une certaine manière, on ne trouve pas, ici de héro sur son cheval blanc, juste des alchimistes qui veulent la justice et qui, pour cela, sont prêt à emprunter des voies peu recommandables, au risque de se perdre en chemin ; d’autres, suivent des objectifs plus personnels tout en croisant des personnes capables de leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls, ou pas.
Ce qui est le plus dérangeant dans Hérésie, c’est ce l’on prend conscience que tout semble déjà orchestré par avance… On arrive à suivre Ryo le temps de deux trois scènes, mais l’on ne peut pas le cerner ! Il en sait beaucoup, il est l’instigateur de nombreux évènements dans la vie de son frère, mais je n’arrive pas à comprendre son but. Est-ce lui qui tire les ficelles ? Y-a-t-il quelqu’un d’autre ? Je serais terriblement frustrée si au final il n’y avait rien derrière ses actions.
Ray retrouve peu à peu ses souvenirs, dont certains sont très percutants, poignants, violents, allant même jusqu’à nous arracher quelques larmes. On découvre le visage de son frère à travers ses yeux, et l’on ne peut s’empêcher de se demander si c’est réellement la réalité brute.
Aux anciens personnages viennent s’en ajouter de nouveaux, de passage ou destinés à prendre part à l’histoire de façon plus durable. Chacun apportant quelque chose à l’un de nos protagonistes. J’ai particulièrement apprécié Haru et sa sœur, Logan et Missa ; par contre, j’ai détesté Léane à partir du moment où je l’ai « vue ». Grand absent de l’histoire : Tiago qui ne fait qu’un passage éclair. Ses apparitions dans le premier tome m’avaient plutôt troublée car tout était mystérieux, on ne savait pas trop quel était le « rôle » de ses maitres (rien de bon apparemment), mais je suppose qu’on en saura certainement plus dans le prochain opus.
Le truc génial avec Hérésie, c’est que l’auteure a réussi à me faire aimer des personnages que je n’aimais pas du tout dans Amnésie ! C’est le cas de Mariah, son évolution est fulgurante ; on a l’impression qu’elle a murît et qu’elle est ressortie de son expérience avec beaucoup de force et de sagesse. Elle semble à la fois inaccessible et hyper touchante. Quant à Jim, si je ne savais pas trop quoi en penser dans le 1er tome, il est devenu en l’espace de quelques pages un de mes personnages favori, et ce, malgré les horreurs qu’il a commises. J’ai adoré en apprendre plus sur son passé et voir la lutte qui se joue en lui.
Les personnages que j’ai le moins appréciés sont ceux de Matt et Kaily, même si celui de Kaily, qui avait déjà bien évolué dans le 1er tome est en train de prendre une tournure pour le moins inattendue. Quant à Matt, j’attends de voir ce que l’auteur lui réserve mais je le trouve un peu inconstant et trop plat.
En bref, et pour ne pas m’étendre plus, dans Amnésie tout est hyper bien construit, Morgane Rugraff mène son intrigue d’une main de maitre, son lecteur par le bout du nez et celui-ci en redemande même ! Les personnages sont justes fabuleusement bien construits et exploités. Ray Shepard et moi c’est, à n’en pas douter, un coup de foudre littéraire ! C’est avec une joie non feinte que je me lancerai dans le 3e volet, en espérant qu’il y ait des précommandes, ce qui me fera gagner quelques semaines ^^