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Rencontre avec Agnès Ledig - Foire du livre 19/11/2017


Vous vous en rappelez peut-être (ou pas), en novembre, nous avons eu la chance de rencontrer (toutes les 4) Agnès Ledig, lors que la foire du livre de Brive-la-Gaillarde. Comme on dit : « mieux vaut tard que jamais » ; nous avons enfin pris le temps de vous en faire une restitution !

Nous étions 7 femmes. Certaines avaient déjà lu des ouvrages d’Agnès, d’autres ne la connaissaient que de nom ou pas du tout. Nous avons pu discuter de son métier d’écrivain, de ses romans et de sa vision de la vie et nous avons même glané quelques infos sur celui qu’elle est en train d’écrire et qui sortira au mois d’avril.

Agnès Ledig est à l’image de ses romans : profondément humaine, souriante et douce. C’est une hypersensible qui sait déchiffrer les gens et glisse un peu de chacun d’eux dans ses histoires. En véritable humaniste, elle a une vision de la vie résolument positive et transforme le chagrin en mélancolie parce que « c’est un joli chagrin ». Et si le monde lui fait parfois peur, elle essaie de le faire évoluer à son niveau, par petites touches, en distillant la gentillesse, la bienveillance et le respect dans ses dires, ses gestes, mais aussi dans ses écrits.

Agnès Ledig est une bouffée d’oxygène car elle sait trouver le bonheur dans les joies simples et croit aux signes du destin 🦋

Avant de choisir l’écriture, Agnès Ledig était sage-femme; elle l’est encore parce qu’une fois que l’on est diplômée sage-femme, on le reste. Aujourd'hui, elle a arrêté d’exercer car si vous connaissez un peu son histoire, elle a perdu un petit garçon en 2006. L’écriture a été son exutoire. Elle a couché sur le papier ce qu’elle avait sur le cœur, pour ne pas le trimballer le reste de sa vie. C’est pour elle un moyen de s’évader : lorsqu'elle écrit, elle est dans sa bulle, c’est une sorte d’isolement qui fait du bien. Parce que ça lui permet d’oublier un peu le reste et surtout que ça transcende les choses de mettre des mots sur les maux.

C’est ainsi qu’elle écrit un premier roman : 2 secondes avant le miracle.

Elle participe au concours femme actuelle avec ce roman, et arrive 40e sur 500. Encouragée par ce résultat honorable, et comme elle a pris goût à l’écriture à travers ce premier livre, elle participe de nouveau l’année suivante. Cette fois-ci, elle franchit les sélections et on lui décerne le « coup de cœur des lectrices » du prix femme actuelle.

Pour elle, c'est le début du conte de fées. Marie d’en haut est publié par les nouveaux auteurs. C’est en juin. Dès le mois d’août, elle reçoit un message (via Facebook) de la part d’Albin Michel, qui lui propose un contrat. Alors, Agnès ressort 2 secondes avant le miracle (objet de sa première participation au concours), qu’elle retravaille beaucoup, car entre temps elle a eu le temps de faire un gros travail sur son deuil. 2 secondes avant le miracle devient Juste avant le bonheur et signe le début d’une longue coopération d’Agnès Ledig avec les éditions Albin Michel.

« Ne baisse pas les bras tu risquerais de le faire 2 secondes avant le miracle. »

Juste avant le bonheur… Agnès a beaucoup pleuré en l’écrivant, cela a été pour elle une vraie thérapie ; son chemin de guérison. Cela a changé sa vie, et même si elle reste égale à elle-même dans son quotidien, lui a fait prendre un virage, qui lui fait penser qu’il y a un petit bonhomme aux manettes qui lui envoie de jolies choses à vivre.

Ce second (premier) livre reçoit le prix Maison de la Presse trois semaines après sa sortie et Agnès se laisse entrainer dans le tourbillon qui ne s’arrête pas. Elle ne revient toujours pas du nombre d’exemplaires vendus, d’autant plus qu’elle n’en a jamais rêvé; pour elle ce n’est donc pas un aboutissement mais bien un conte de fées, comme elle aime à le répéter. Quelque chose qui vient et qu’elle prend avec beaucoup de plaisir et de jubilation parce que plein de gens en rêvent et que pour elle, c’est venu sans qu’elle le demande.

Agnès Ledig est très ouverte et à l’écoute de ses lecteurs. Régulièrement, il lui arrive de pleurer quand une personne qui vient à elle se met à pleurer en lui racontant son histoire, ou simplement en la voyant. Cela lui montre à quel point ce qu’elle écrit a pu toucher, et toucher les gens la touche.

Car Agnès est une hypersensible, ce n’est donc pas facile tous les jours pour elle. Elle encaisse des choses parfois très douloureuses et se compare avec humour à Lulu Vroumette (de Frédéric Pillot, avec qui elle a collaboré par son album jeunesse) la petite tortue sans carapace : des fois ça fait mal mais plus le temps passe et plus elle le prend comme une chance, parce qu’elle a ce qu’elle appelle des antennes. Elle capte des choses très profondes sur les gens et elle arrive à les retranscrire ; elle pense d’ailleurs que c’est peut-être pour cela que ce qu’elle écrit touche : parce que c’est sans carapace.

Agnès Ledig est très portée sur les sentiments et le ressenti; elle nous disait avoir lu un article extraordinaire qui disait « on se trompe dans l’orientation des jeunes car on leur demande quel métier ils veulent faire plus tard alors qu’il faudrait plutôt leur demander quel verbe ils veulent faire plus tard ». Parce qu’un verbe peut aboutir à plusieurs métiers. Pour Agnès, depuis toujours, ce verbe est « prendre soin ». C’est pour cette raison qu’elle a été sage-femme et qu’aujourd’hui elle a envie de prendre soin de ses lecteurs à travers ses romans.


Elle écrit Pars avec lui après avoir rencontré des patientes qui lui ont confié leur vie avec un pervers narcissique. Elle veut essayer de provoquer une prise de conscience, pour dire aux femmes que ce n’est pas normal, ce qui se passe n’est pas normal ! Chaque contexte est différent mais il faut une main tendue, une identification dans une histoire qui semble venir de la vraie vie, pour peut être prendre conscience.

Lorsqu’elle a eu terminé le livre, elle s’est dit que si une femme en France peut prendre conscience que quelque chose ne va pas dans sa vie et qu’elle arrive à franchir le cap de partir, ce serait gagné. Une bonne quinzaine de lectrices ont déjà réagi.

Très touchée par ce qu’elle partage avec nous, les larmes coulent sur les joues d’Agnès ; mais ce sont des larmes d’émotion, parce qu’elle est heureuse, c’est ça pour elle « prendre soin » : ce qu’elle transmet par les mots aide les gens.

Lorsqu’elle écrit, Agnès s’inspire rarement d’une personne. Ce n’est pas un copier/coller de la vraie vie, elle prend plein de choses et d’idées parmi plein de gens, elle met le tout dans un shaker, mélange (sûrement la nuit car elle ne dort pas beaucoup) et ressort d’autres personnages. Il y a des petites pastilles de vraie vie dans des petits bouts de personnages ; le reste c’est l’imagination qui le fait. Peut-être nous reconnaitrons-nous un peu dans un prochain roman.

L’intrigue d’On regrettera plus tard et De tes nouvelles se déroule dans un petit village près de chez elle (le Banc de la Roche). C’est un endroit magnifique avec de très belles vues. Elle a beaucoup ri car une vieille dame du village, qui lit tous ses livres, cherchait à identifier les lieux et les personnages du livre parmi ses connaissances. Mais comme Agnès ne s'est réellement inspiré de personne, elle ne risquait pas de trouver.

Il arrive toutefois qu’elle fasse quelques exceptions. Par exemple, le lac et les amis d’enfance de Juliette dans Pars avec lui sont « réels » (comme cela est d’ailleurs précisé à la fin du livre). Agnès Ledig a vécu une très belle histoire grâce à Jean-Louis et Guillaume qu’elle a rencontré sur internet et lui ont fait découvrir un superbe lac et des bouquetins. Vingt mâles avec des cornes immenses. Impressionnant mais magique à vivre ; donc forcément elle le retranscrit de façon sincère. Elle essaie tout de même de vivre des choses de la vraie vie qui vont l’aider à retranscrire. Un de ses futurs romans ce passera à Brocéliande ; elle avait besoin de s’inspirer des lieux, de sentir les ambiances, voir les arbres, tomber amoureuse… et a donc passé une semaine sur place.

Plus ça va, plus Agnès a besoin de la nature et la nature l’inspire. Son prochain roman, Dans le murmure des feuilles qui dansent, prévu pour avril, fait la part belle à la forêt et met en scène une montgolfière (la couverture et le titre ont été dévoilés entre temps).

Agnès Ledig n’a pas de difficultés à véhiculer ce qu’elle souhaite par les mots. Elle est dans l’émotion quand elle écrit ; c’est comme si elle était ses personnages et qu’elle ressentait ce qu’ils ressentent. Si bien qu’à la fin d’un roman, les personnages ne partent pas ; ils sont toujours là. Agnès est très nombreuse au fond d’elle-même ! Alors c’est un compliment qui la touche énormément lorsqu’on lui dit avoir l’impression de laisser des amis de côté en fermant un de ses livres. Cela signifie qu’elle a réussit à rendre ses personnages réels et attachants.

Agnès nous avoue, même si ça fait un peu schizophrène pour un auteur de dire « ce sont mes personnages qui me disent quoi dire, quoi écrire et quoi faire », que c’est un peu le cas pour elle. Après On regrettera plus tard, elle a essayé de partir sur autre chose mais il n’y avait rien qui venait et elle avait encore Valentine et Rick dans la tête. Elle a senti au fond d’elle que c’était inachevé et qu’il fallait qu’elle prolonge un peu l’histoire.

Agnès Ledig est une auteure qui aime faire fonctionner l’imagination de ses lecteurs : elle fait peu de descriptions des personnages, des lieux. Elle est plus dans les dialogues et considère que les descriptions nous appartiennent car c’est trop important. C’est ce qui fait que l’on s’évade et chacun s’évade différemment. Elle n’aime pas trop diriger et préfère que chaque lecteur se fasse son idée. Pour elle, le plus important ce sont les émotions et pas la façade ; même si on dégage à l’extérieur ce que l’on est à l’intérieur.

Après ce premier échange au sujet de ses romans essentiellement, nous avons digressé sur la gentillesse, le don de soi dans le monde actuel. Nous vous proposons de retrouver cette discussion dans un prochain article, accompagné de photos d'Agnès Ledig prises à l'occasion, afin de ne pas rendre cette première publication trop chargée.

... à suivre ...


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