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Au petit bonheur la chance ! Aurélie Valognes

Au petit bonheur la chance !

Auteur : Aurélie Valognes

Éditeur : Mazarine (07/03/2018)

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- C'est pas un truc de garçon que de mettre le couvert, Mémé. Tu ne le sais pas ?
- Et la vaisselle ? demande-t-elle circonspecte.
- Bah, encore moins. Le Papa, il lit le journal, pendant que la Maman, elle fait la vaisselle. C'est comme ça la, la vie, Mémé.
- Je crois, mon petit bonhomme, qu'il y a deux ou trois choses que tu n'as pas bien comprises "dans la vie" [...]

Résumé éditeur :

1968. Jean a six ans quand il est confié du jour au lendemain à sa grand-mère. Pour l'été. Pour toujours. Il n'a pas prévu ça. Elle non plus. Mémé Lucette n'est pas commode, mais dissimule un cœur tendre. Jean, véritable moulin à paroles, est un tourbillon de fraîcheur pour celle qui vivait auparavant une existence paisible, rythmée par ses visites au cimetière et sa passion pour le tricot. Chacun à une étape différente sur le chemin de la vie : elle a tout vu, il s'’étonne de tout, Jean et Lucette vont s'apprivoiser en attendant le retour de la mère du petit garçon. Ensemble, dans une société en plein bouleversement, ils découvrent que ce sont les bonheurs simples qui font le sel de la vie. Avis :

Au petit bonheur la chance est mon premier Aurélie Valognes. Je remercie d’ailleurs les éditions Mazarine, qui m’ont permis de découvrir ce roman avant sa sortie officielle, grâce au concours organisé sur leur page. Auré avait aussi eu cette chance et vous a partagé son avis il y a quelques semaines.

Pour avoir rencontré l’auteure à la foire du livre, et passé un très bon moment en sa compagnie, j’ai trouvé que son livre lui correspondait tout à fait ! Tout en douceur et en simplicité. De plus, Aurélie s’adresse à nous à la fin du roman, et cela ajoute beaucoup, je trouve à la teneur de son écrit.

J’ai trouvé au petit bonheur la chance (APBLC) très original car il est tourné du point de vue du petit garçon de 6 ans à l’origine du récit. C’est un point de vue très rafraichissant et tellement émouvant. De plus, ayant moi-même un fils de 6 ans, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver des similitudes dans son comportement, malgré les 50 années d’écart ; car APBLC se déroule dans les années 70.

Le sujet de départ est un sujet très dérangeant de mon point de vue, puisqu’il s’agit de « l’abandon temporaire » d’un enfant par sa mère. Vous comprendrez donc à quel point ce livre peut être touchant puisque vécu par l’enfant abandonné. Pour moi, c'est quelque chose d'inimaginable, une mère qui abandonne son enfant (et dont on a l'impression qu'elle empêche son bonheur avec quelqu'un d'autre qu'elle); pour cela, il est très intéressant d'avoir quelques chapitres tournés du point de vue de Marie, la maman; qui deviendra la mère au bout d'un certain temps. De plus, Aurélie Valognes, dans son petit aparté aux lecteurs en fin de roman, nous explique sa démarche et on en arrive à "comprendre" un petit peu cette mère.

APBLC c'est tout de même une belle histoire d'amour, entre un petit garçon et sa grand mère, mais aussi sa tante et toutes les personnes qui prendront une place importante, tentant de combler l'abandon dont il a été victime. On suit les premiers pas de Jean à l'école, ses déconvenues, sa découverte de la vie et de l'injustice qui la caractérise. Immergés dans les années 70, on ne peut s'empêcher s'esquisser un sourire à l'évocation de tel évènement ou tel objet qui nous parle. Aurélie Valognes est beaucoup dans les échanges entre personnages et les sentiments, APBLC émeut mais j'ai également trouvé quelques longueurs: sur certaines descriptions, qui font un peu énumération, comme si elle avait voulu caser le plus de références possible. Ceci n'est pas dérangeant car le récit retrouve vite du souffle et nous entraine à nouveau dans le tourbillon de la vie de Jean, qui est, à n'en pas douter, un petit garçon modèle. J'ai beaucoup aimé voir le monde à travers ce regard innocent, qui, peu à peu, prend conscience des choses, jusqu'à comprendre et accepter ce qu'on lui offre.

J'ai également eu mon lot de surprises dans cette lecture, notamment Serge, que je n'ai pas vu venir. J'ai été très touchée par sa relation avec Jean, qui prend des responsabilité, malgré ses 11 ans, tout en ayant conscience que cela n'est pas son rôle. Jean est définitivement un enfant touchant et adorable.

Lucette, la grand-mère de Jean, est une femme tout à fait remarquable. Elle incarne la stabilité et la dévotion. Femme éprouvée par la vie et les êtres qu'elle a perdu, elle donne tout pour son petit fils, en restant réservée car les sentiments ne se montre pas. Elle préservera Jean à sa manière.

Enfin, j'ai été quelque peu révoltée par les comportement du premier maître et de la maîtresse parisienne de Jean. Si je ne suis pas contre l'autorité, je ne comprends pas l'injustice; et il est aberrant de constater la différence radicale entre les deux instituteurs, qui semblent quelque peu bornés. J'étais, bien sûre, au courant de certaines pratiques (ma tante est une gauchère contrariée), mais de là à orienter un enfant utilisant les deux mains vers le professionnel...

APBLC ne m'a absolument pas dépaysé puisque le facteur, qui est un personnage adorable, porte le prénom de mon fils et que les cousins s'installent à Baden-Baden, ancien lieu de résidence de ma belle-sœur. Pour la petite anecdote, la flute sur la photo vient de la forêt noire.

Un très joli livre donc, avec une vision de la vie résolument optimiste malgré les déboires des personnage, qui nous touche d'un vent de nostalgie et nous émeut forcément un petit peu.


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Lucette continue sont inondation, ta tête ailleurs, comme si elle souhaitait qu'ils se réincarnent en poissons. Jean intervient :
- Dis donc, Mémé, fais attention avec cet arrosoir ! Tu es en train de mettre de l'eau partout.
- Et ?
- Bah, ils sont en dessous quand même !
Lucette s'est arrêtée, net. C'est qu'il n'a pas tort, le petit.
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