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Un goût de cannelle et d'espoir - Sarah McCoy


Un goût de cannelle et d'espoir

Auteur : Sarah McCoy

Éditeur : Pocket (02/04/2015)

Résumé éditeur :

Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa sœur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l'armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d'insouciance. Jusqu'à cette nuit de Noël, où vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps… Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d'une pâtisserie allemande, celle d'Elsie… Et le reportage qu'elle prépare n'est rien en comparaison de la leçon de vie qu'elle s'apprête à recevoir.

Nous nous racontons tous des mensonge, sur nous-même, notre passé, notre présent. Nous imaginons que certains sont minuscules, insignifiants et d'autres énormes, compromettants, alors qu'ils reviennent tous au même. Seul Dieu en sait assez pour pouvoir juger nos âmes.

Avis :

Un goût de cannelle et d’espoir dormait dans ma PAL depuis un long moment, puisque je l’avais acheté à Livre Paris 2016, sur les conseils de Pretty Books. C’est l’ouvrage qui a été sélectionné pour la lecture commune de notre groupe, durant le second trimestre 2018 ; l’occasion pour moi de le découvrir enfin, ainsi que la plume de Sarah McCoy, dont c’était mon premier roman !

Le récit se découpe en deux parties : passé et présent, en alternant un chapitre sur deux. Nous suivons le personnage d’Elsie jeune boulangère allemande, durant la seconde guerre mondiale puis, sur plusieurs périodes de sa vie, et enfin en 2007 (période actuelle). Durant les épisodes du présent, Elsie a 80 ans et nous faisons également la connaissance de Reba, Riki et Jane, la fille d’Elsie. L’écriture de l’auteure est plutôt agréable et arrive à faire passer de nombreuses émotions ; j’ai eu plus d’une fois les larmes aux yeux, sur la dernière partie du roman notamment. Sarah introduit lettre et échanges de mails dans son texte, donnant un aspect un peu plus personnel encore à l’histoire.

Si globalement j’ai beaucoup apprécié ma lecture et ai relevé de nombreuses citations qui m’ont parlé et semblé tout à fait d’actualité, j’ai cependant eu du mal avec un personnage en particulier et j’ai été un tantinet déçue par certains éléments restés dans le flou. Ceci dit, lorsque l’on mêle dans un même récit de nombreux personnages et deux époques différentes, il est forcément difficile de conclure chaque point.

Ce sont les périodes de guerre que j’ai le plus apprécié ; on s’attache très vite à Elsie, jeune-fille nazie, qui embrasse l’idéologie du Führer, comme toute sa famille. Elsie est une personne comme une autre qui, confrontée à l’horreur de la guerre, ne saura pas qui croire et comment agir et qui, comme tout un chacun pense d’abord à sa propre sécurité et celle de sa famille. Pourtant, elle reste une personne exceptionnelle qui, malgré son jeune âge, arrivera à écouter son cœur et agir en conséquence de ce que lui dicte sa conscience. J’ai beaucoup aimé l’angle de vue adopté par Sarah McCoy : il y a des bons nazis et des mauvais nazis. En effet, il est facile de juger après coup, mais si nous avions été confronté à cette situation de guerre, nul ne peut dire que nous aurions pris le contre coup d’Hitler. L’homme a un esprit de préservation qui peut faire fi de ses congénères. J’ai d’ailleurs trouvé particulièrement intéressant le point de vue de Josef Hub (fiancé d’Elsie et membre de la Gestapo), confronté directement aux camps et tiraillé dans sa conscience, en perdant l'esprit. L’aspect Lebensborn, non étudié (en tout cas à mon époque) au programme scolaire, est également très instructif et « le lavage de cerveau » imposés aux jeune-gens de l’association terrifiant. Julius, le neveu d’Elsie, est un pur produit du régime et son conditionnement fait froid dans le dos ; je crois que malheureusement la chute a dû être terrible pour ces enfants dont on a volé l’innocence. À contrario, Tobias, petit garçon juif, fait preuve d’une force de caractère et d’un instinct de survie impressionnant.

Durant les épisodes en période actuelle, j’ai beaucoup aimer retrouver Elsie, sa force et sa joie de vivre. Le caillou dans ma chaussure a été Reba : je n’ai tout simplement pas réussi à apprécier le personnage, à comprendre sa psychologie. Son enfance difficile nous est petit à petit dévoilée, mais cela ne m’a pas aidé à la cerner et à décrypter sa manière de penser. Sa rencontre avec Elsie et Jane va tout changer et l’amener à remettre en question ce qu’elle a fait de sa vie. Il est triste de se dire qu’il aura fallu une rencontre choc pour arriver à lui faire prendre conscience qu’elle faisait fausse route. Pourtant, je pense qu’avec le rythme de vie actuel, les attentes hors de la réalité des gens, la recherche du toujours plus, nombre de personnes passent également à côté de l’essentiel.

Sarah McCoy évoque également les clandestins Mexicains qui cherchent à entrer en fraude aux US à travers le personnage de Riki. Contrairement à Reba, j’ai trouvé Riki très touchant ; fils de Mexicain, désirant à tout prix prouver son appartenance aux US, il va être confronté à des choix très difficiles et sa conscience être mise à rude épreuve ; tout comme Reba, il remet en cause ses choix et ce qu’il est. C’est finalement en étant présent les uns pour les autres que les choses pourront évoluer.

Un goût de cannelle et d’espoir évoque énormément de thèmes plutôt délicats, ce qui le rend très dense dans les messages qu’il véhicule. L’amour pour sa famille, pour son prochain, l’acceptation de soi est ce qui permet d’avancer dans la vie. Malgré le personnage de Reba et son évolution spectaculaire au cours du roman, j’ai beaucoup aimé ma lecture et tenterai probablement de découvrir un autre écrit de Sarah McCoy.


Les gens se languissent souvent des choses qui n'existent pas, des choses qui ont été, mais ne sont plus. Mon pays me manquera toujours parce qu'il n'est plus.

Elsie aurait tant voulu se jeter dans les bras de sa mère et sangloter, mais elle n'était plus une enfant, et tout le poids de sa vie d'adulte la plantait au sol.

Alors suivez mon conseil, ce n'est pas si souvent que le destin met sur votre chemin un homme bon que vous aimez. C'est un fait. Tous ces films et ces émissions à la télé, où tout le monde dit "je t'aime!", les célibataires se choisissent les uns les autres, comme des biscuits dans un bocal, pfff ! Des sornettes. Ce n'est pas de l'amour. Ce n'est rien d'autre que de la sueur et de la salive.

- [...] Mais est-ce qu'on ne fait pas tous passer notre bien avant celui des autres ? Elle promena la main dans l'eau savonneuse. - Nous sommes tous humains, Reba. De simples hommes. - Les hommes se trahissent.

Si tu aimes vraiment quelqu'un, tu le suis où qu'il aille; tu abandonnes tout ce que tu as, même ta vie. Enfin, ça ne veut pas dire que tu dois t'ouvrir les veines pour n'importe quel abruti simplement parce qu'il fait battre ton cœur...

J'ai vécu assez longtemps pour savoir qu'on ne doit pas prendre sa propre mort trop au sérieux. Il y a un dicton allemand qui dit : Alles grau in grau malen. On n'a pas le droit de " tout peindre en noir" quand d'autres ont vécu bien pire.
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