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Paris est tout petit - Maïté Bernard


Paris est tout petit

Auteur : Maïté Bernard

Éditeur : Syros (01/02/2018)

Résumé éditeur :

L'histoire d'amour que vous n'oublierez jamais, un roman qui répare et un hymne à Paris Inès a 17 ans et un objectif : être admise à Sciences Po après le bac. Elle vient de trouver un job de femme de ménage chez les Brissac, dans le 7e arrondissement de Paris, mais elle n'avait pas prévu le coup de foudre intense entre elle et Gabin, le fils aîné de ses employeurs. " Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment, comme nous, d'un aussi grand amour. " Cette phrase de Prévert devient leur credo. Inès et Gabin sont ensemble le soir de l'attentat du Bataclan, quand le pire se produit. Dès lors, leur histoire et la ville qui les entoure prennent d'autres couleurs, celles de l'après.

C'est incompréhensible. Comme les êtres humains peuvent-ils être aussi différents ? Comment peut-il y avoir d'un côté ceux qui ont tiré sur la foule, et de l'autre, des gens qui culpabilisent parce qu'ils étaient à l'hôpital et qu'ils n'ont pas pu venir plus tôt ?

Avis :

Je remercie Babelio et les éditions Syros pour l’envoi de Paris est tout petit suite à la dernière masse critique jeunesse. Cette lecture m’a permis de découvrir une auteure et une ME que je ne connaissais pas du tout et la rencontre est plutôt positive ! C’est tout d’abord la couverture du roman qui m’a attirée, puis le résumé : une histoire d’amour entre deux jeunes-gens de classes sociales différentes, impactés par les évènements du 13/11 au Bataclan. Le sujet était délicat et méritait beaucoup de tact de délicatesse pour le traiter. Charlotte Bernard a réussi avec brio l’exercice et a su m’émouvoir dans sa façon de traiter ses personnages. J’ai également beaucoup apprécié la petite brochure accompagnant le livre, expliquant notamment comment le projet d’écriture de Charlotte s’est construit.

Paris est tout petit c’est une ode à la vie, à l’amour et avant tout une ode à Paris. N’étant moi-même pas Parisienne et n’imaginant pas pouvoir y vivre, elle a tout de même su m’entrainer dans les pas de Gabin à la découverte d’un Paris enchanteur.

J’ai énormément apprécié ma lecture qui a été très chargée en émotions. Les personnages sont extrêmement réalistes et très fouillés. L’entièreté du roman est retranscrite du point de vue d’Inès, qui est donc le personnage le plus décrit et analysé psychologiquement. On s’identifie totalement à ses questionnements, ses découvertes, ses doutes… J’ai trouvé ces ados/jeunes-adultes particulièrement matures et cultivés ; pourtant, chacun étudie dans des conditions particulières puisque Gabin suit des cours à domicile et Inès et ses amis sont dans une zone défavorisée, bien qu’ils aient intégré un programme spécialisé sciences po. Ils sont tous très impliqués dans leur éducation, pour que leurs parents soient fiers, pour avoir un avenir. Leurs connaissances littéraires et culturelles sont impressionnantes mais cela leur est « nécessaire » pour pouvoir s’intégrer. Ainsi, ces ados musulmans, d’origine étrangère, mais pourtant français puisque ce sont leurs grands-parents les immigrés, sont obligés de s’instruire deux fois plus que les autres pour justifier une appartenance à un pays aux yeux des autres ; c’est du moins ce que leur rabâchent leurs enseignants et, même si j’en ai été révoltée, je suis persuadée que ce genre de situation est monnaie courante. Pourtant, Inès ne remet à aucun moment en cause sa situation et fait avec. Je l’ai trouvé particulièrement touchante, jeune-fille qui découvre ses premiers émois, remettant en question les principes de son éducation mais assez ouverte d’esprit pour faire la part des choses. Au fil du livre, Inès s’affirme, se cherche, se découvre et apprend à s’écouter ; sa relation avec Gabin est belle et émouvante. Si elle se sent décalée dans son monde bourgeois, lui ne la juge pas et l’aime comme elle est.

Lorsqu’arrive le passage sur le Bataclan, je dois avouer que j’ai dû interrompre ma lecture ; afin de me préparer psychologiquement, car rien que de lire l’échange entre Gabin et son petit frère m’a donné la chair de poule. Et si, à la lecture du résumé, j’avais compris qu’il y serait fait mention, je n’avais pas conscience que ce serait dans ces proportions. Mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler ; sachez juste que les mots de Maïté Bernard sonnent juste et que, si je me suis retrouvée propulsée en arrière, avec ma propre vision de provinciale, j’ai apprécié le discours de l’auteure. Elle touche, elle réfléchit, elle cherche à comprendre. Comme tout le monde en fait. Mais à aucun moment elle ne tombe dans le mélo ou le sentimentalisme et elle amène également son lecteur à s'interroger.

La seconde partie du roman se déroule donc post-bataclan et nous pouvons sentir le désarroi des personnages. Pourtant il faut continuer à avancer, à vivre. Et cela, encore une fois, Maïté le retranscrit parfaitement. Paris est tout petit est un concentré de références littéraires et cinématographiques, qui campe des personnages avec les pieds sur terre, presque trop matures pour leur âge, qui se retrouvent face à l’affreuse réalité du terrorisme. Saviez-vous qu’il n’y avait pas eu autant de victimes simultanées dans Paris depuis la seconde guerre mondiale ? J’ai été touchée par tout, Inès et Gabin, les sentiments, les réflexions (dont j’en ai noté certaines) et, si la fin pourrait décevoir, je la trouve simplement parfaite, et je suis ravie que l’auteure ait choisi l’accomplissement d’Inès, même si cela peut se faire dans la douleur. Et puis, qui sait ce qui se passera dans 10 ans ?

Nous avons patienté, nous avons espéré, nous nous sommes démenés, dans savoir que notre vis d'avant avait pris fin. Je ne comprends pas celle qui nous attend maintenant. J'ai l'impression qu'elle est comme ces fermetures Eclair que l'on n'arrive pas à remettre sur leurs rails. On hésite à jeter la trousse ou le vêtement parce qu'on y tenait, et puis peut-être que quelqu'un va arriver à réparer la fermeture, mais personne n'y arrive, ou ça ne tient pas longtemps. Mais on ne peut pas poser une vie de côté comme on le fait d'un vêtement.

C'est dur de ne pas pouvoir visualiser le quotidien de quelqu'un qu'on aime [...] Peut-être suis-je ridicule à essayer de vouloir comprendre son autre vie.

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