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La petite fille du phare - Christophe Ferré


La petite fille du phare

Auteur : Christophe Ferré

Éditeur : L'Archipel (03/10/2018)

Résumé :

Ploumanac'h, Côte de granit rose. Le temps d'une soirée dans un bar proche de leur maison, Morgane et Elouan laissent la garde de leur bébé, Gaela, à son frère adolescent.

Au retour, un berceau vide les attends. Aucune trace d'effraction, nulle demande de rançon. Les pistes se multiplient, mais l'enquête piétine.

Très vite, la police judiciaire pense que la petite fille ne sera jamais retrouvée.

Pour les parents de Gaela, l'enfer commence. D'autant qu'on fouille leur passé, et que celui-ci présente des zones d'ombre. Morgane est bientôt suspectée d'avoir orchestré la disparition de sa fille...

Un suspense au dénouement aussi stupéfiant qu'une déferlante sur les côtés bretonnes.

Avis :

Je remercie Babelio et les éditions de l’Archipel pour cette nouvelle lecture, dont la couverture (qui est magnifique vous le noterez) et le résumé avaient grandement retenu mon attention lors de la dernière opération masse critique. Ce qui est un peu dommage, c’est que le résumé que l’on trouve en ligne (Amazon et Babelio notamment) en révèle trop par rapport à celui de la quatrième de couverture que je vous ai mis plus haut, gâchant un peu le suspense.

Etant moi-même maman, je savais d’avance que le sujet serait plutôt difficile et mes attentes émotionnelles étaient assez élevées. Il s’agit là du premier lire de Christophe Ferré que je découvre et j’ai été plutôt convaincue par sa plume même si, vous le verrez, j’ai plusieurs reproches plutôt personnels à faire. Ce roman est assez angoissant, avec en toile de fond un paysage de bord de mer qui s’accorde parfaitement aux émotions véhiculées. On ne peut pas vraiment dire que les personnages soient attachants, que ce soient les parents, les enquêteurs, les villageois ou les journalistes ; au contraire, certains sont réellement antipathiques et, à l’instar de Morgane, on se sent plus d’une fois acculé par le comportement de tel ou tel protagoniste, ne comprenant pas où il veut en venir, quels sont ses desseins cachés, ce que l’on manque ? La petite fille du phare révèle les moins bons côtés de la nature humaine : suspicion, médisance, jugement… et le lecteur en vient à douter de tout et de tous. Je pense que le seul personnage auquel je me suis réellement attachée est Arthur, le fils aîné, qui se retrouve propulsé dans l’horreur et qui, du haut de ses 13 ans est bien trop jeune pour supporter tout cela.

Morgane est le personnage que l’on suit tout au long de l’enquête sur la disparition de Gaela, 10 jours ; et Christophe Ferré l’explique, s’il a choisi un personnage féminin, c’est parce que les femmes sont plus sensibles et que, dans le scénario présent, cela semblait un choix beaucoup plus intéressant. Si j’ai souffert avec cette maman, j’ai aussi eu beaucoup de mal à comprendre son comportement, allant parfois jusqu’à me demander si elle n’était pas dérangée. Je m’explique, elle cache des informations aux enquêteurs, au prétexte qu’elle n’a pas de preuves et également car elle ne veut pas dévoiler certains secrets (mais cela nous ne le comprendrons que plus tard), mais cette manière d’agir ne fait que la rendre suspecte et je me suis sincèrement posé la question : que vaut-il mieux, mettre toutes les chances de son côté pour retrouver son enfant ou continuer de protéger des secrets au risque de perdre cet enfant ? Tout le monde réagirait probablement différemment, mais dans ce sens, je ne me suis pas identifiée à Morgane qui, bien qu’elle semble effondrée, n’aiguille pas vraiment la police. D’un autre côté, j’ai tout de même trouvé son personnage très intéressant ; acculée par ce que l’on dit sur elle, par la pression de la police qui la soupçonne, elle cherche par-dessus tout à prouver son innocence, sombrant par moment dans le déni, suspectant tout le monde, y compris son propre fils. Elle ne sait pas à qui se fier, elle se retrouve complétement seule, sans soutien, sans appui et virant à la paranoïa par moment… Puis, peu à peu la vérité sur les apparences se fait et ce que l’on découvre derrière est déroutant. La citation que j’ai relevé, résume tout à fait bien l’ambiance de ce roman. Jalousies. Manipulations. Vengeance. Il n’y a plus d’amitiés qui tiennent car l’on ne connait jamais réellement ceux qui nous entourent et l’être humain est prompt à jeter la pierre et juger son prochain, se repaitre du malheur des autres.

Parfois l’intrigue (ou l’esprit de Morgane) tourne un peu en boucle ; elle répète plusieurs fois qu’elle ne veut plus voir telle ou telle personne et y retourne tout de même. De plus, certaines situations m’ont tout de même choquée : son mari qui part seul avec les enfants sans l’informer d’où il va ni quand il revient, laisser seul un bébé de 10 jours avec un adolescent de 13 ans… Mais Morgane a une façon de voir les choses un peu particulière, un regard d’artiste sur le monde et on arrive à la comprendre, un peu. Pourtant, j’ai trouvé qu’Arthur était trop laissé livrer à lui-même ; fortement éprouvé par les évènements, interrogé à priori parfois seul par la police, il ne semble pas plus entouré, consolé, que ça par ses parents ; c’est lui qui m’a le plus marquée dans ce récit, jeune garçon innocent plongé trop tôt dans un monde de requins.

Je vous avoue que j’appréhendais énormément le fin mot de l’histoire et, au final, j’ai été complétement surprise (même si l’élément qui avait mis la puce à l’oreille du premier juge d’instruction m’avait également paru suspect) et surtout satisfaite de la conclusion de Christophe Ferré : machiavélique certes mais rationnelle et pas tirée par les cheveux ; je pense qu’une autre fin aurait remis en question mon appréciation du roman dans sa globalité, parce que j’avais besoin de quelque chose de « compréhensible » pour expliquer l’incompréhensible. Si certains points ne m’ont pas plu, j’ai été globalement perturbée par cette histoire, chamboulée par les rancœurs et les sentiments négatifs qui émanent des personnages. Christophe a une écriture agréable et a su parfaitement retranscrire l’ambiance pesante ; un roman saisissant, angoissant, avec quelques défaut à mon sens, mais qui tient ses promesses.

Comme dans tous les villages de France, derrière de pimpantes façades se cachent de sordides secrets. Les gens, les familles se haïssent, personne ne sait pourquoi, même pas eux. Les enlèvements et les meurtres d'enfants sont rares, mais ils existent. Mais l'envie de tuer, de se venger, de régler ses comptes de manière définitive est omniprésente. Quant un petit garçon ou une petite fille disparaît, la France entière se passionne pour l'évènement qui devient une sorte de miroir grossissant de toutes les haines accumulées partout depuis des siècles.

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