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Rubiel e(s)t moi - Vincent Lahouze


Rubiel e(s)t moi

Vincent Lahouze

Editions Michel Lafon

****,5 /5

Parfois, c’est le hasard qui met un livre et son auteur sur votre chemin. Et c’est bien connu, « le hasard fait bien les choses ».

En flânant dans les allées de la foire du livre de Brive (comprenez en courant d’un stand à un autre, tout en évitant de faire la queue), j’ai vu ce livre qui me faisait de l’œil à la librairie, j’ai levé les yeux et j’ai vu Vincent. Il était seul. Je me suis lancée. Le moment était venu de découvrir son livre.

Je ne suis pas une adepte des autobiographies et des histoires vraies en général. Mais parfois, on sent qu’il est temps de sortir de sa zone de confort.

Dès les premières pages, on découvre Rubiel. Il nous embarque avec lui et ses émotions dans son orphelinat colombien des années 90. La plume est fluide, poétique, entrainante. On pleure le départ de Frederico tout en poursuivant Rubiel dans les couloirs et la cour. On se demande sans cesse ce qui va lui arriver. Et dans un coin de ma tête j’avais l’image de ce gaillard souriant de 30 ans rencontré à la foire du livre. Et je me disais que la vie de cet enfant galopant était aux antipodes de l’homme rencontré. Ça paraissait tellement fou et improbable.

Dans les autobiographies, la question des souvenirs réels et fantasmés se pose assez vite. Ici, elle n’a pas lieu d’être. Il faut se laisser porter par l’histoire. Vincent n’est pas dans la recherche de l’exactitude. Il vous fait voyager avec ses mots. Il nous transporte de Rubiel à lui en une valse frénétique. On est dans l’émotion. Juste l’émotion portée par de belles phrases.

Préparez-vous à être ébranlé du début à la fin. Préparez-vous à rencontrer Rubiel et Vincent à travers deux histoires qui s’entrecroisent sans jamais se télescoper. Préparez-vous à entrevoir la dualité d’un homme « Je me sens à la fois multiple et incomplet. Une âme en mosaïque. »

La vie de Rubiel est tellement prenante, agitée, résiliente et tristement belle en Colombie. Celle de Vincent est beaucoup plus fragmentée et désordonnée, ce qui apporte un véritable plus au récit puisque ça casse son rythme et empêche le lecteur de se complaire dans la monotonie d’une autobiographie ordinaire. Ce récit qui coule va devenir plus tumultueux au fil des pages. La poésie plus brutale et plus puissante, plus emphatique aussi (les figures de style valsent en tous sens pour notre plus grand plaisir). Et d’un bout à l’autre, il y a tellement d’émotions ! La plume est poignante et belle. Et l(es)’histoire(s) aussi.

Enfin, l’auteur glisse certains messages - on pourrait presque parler de plaidoyers - sur la bienveillance et le regard qu’on porte sur l’autre. Nos choix, notre liberté d’être ce que l’on veut ou ce que l’on peut. Ce sont des valeurs qui sont importantes à mes yeux et qui ont ajouté un petit quelque chose à son récit.

Vincent, tu es bien parti pour ressembler à Gabo mais je te souhaite surtout d’être heureux et apaisé. J’espère que toute l’empathie et la bienveillance que tu as sur le monde qui t’entoure, tu seras un jour capable de les avoir avec toi-même.

En bref : une puissante histoire autobiographique poétique et plurielle qui nous embarque d’un bout à l’autre et qui fait briller les yeux et cogner le cœur.

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