top of page
  • Photo du rédacteurClem

Echange fatal - Siobhán MacDonald


Echange fatal

Auteur : Siobhán MacDonald

Éditeur : Archipoche (12/09/2018)

Résumé :

Pour les vacances de la Toussaint, Kate et Hazel décident d'échanger leurs domiciles.

Kate est irlandaise et pense qu'une semaine à New-York sera salvatrice pour son couple et sa famille.

Hazel vit à Manhattan et rêve de retourner à Limerick, sur les terres de son enfance, avec son mari et leurs deux enfants.

Mais les vacances idylliques virent au cauchemar. Quand s'ouvre ce roman, un coffre de voiture se referme. A l'intérieur, le cadavre d'une femme...

Il peut-être hasardeux d'échanger sa maison avec des inconnus !

Avis :

Je remercie les éditions de l’Archipel pour ce roman que j’avais choisi à l’occasion d’Halloween… et que je suis bien contente de ne pas avoir lu durant cette période ! En effet, l’action d’Echange fatal se déroulant entre septembre et octobre, je n’aurai pas été à l’abri de me faire des films suite à cette lecture que j’ai vraiment adoré mais qui m’a également perturbée.

J’ai trouvé qu’Echange fatal était très très bien construit et écrit. En effet, la plume de Siobhán McDonald nous happe directement et tout est question d’interprétation dans son intrigue. Il suffit d’un évènement pour déclencher l’effet papillon avec toutes les conséquences qui vont en résulter ; le problème, c’est que durant une grande partie du récit, on ne sait pas ce qu’est cet évènement, pire, on imagine tout autre chose. Et ce dès le départ, alors qu’Hazel Harvey est assassinée.

Tour à tour, nous allons pénétrer l’esprit de Kate et Mannix O’Brien et d’Hazel et Oscar Harvey ; deux couples avec deux enfants chacun (fille/garçon), vivant respectivement en Irlande et à New-York. J’ai beaucoup aimé cette introspection au sein de chaque couple, et notamment la vision de chaque membre du couple ; on perçoit tout le poids des secrets et des non-dits, les attentes de l’un par rapport à l’autre et ce que l'un pense que l’autre attend de lui. En ce sens j’ai trouvé que l’auteure avait particulièrement bien investi ces personnages et retranscrit ce problème de communication homme/femme, le fait que la femme a toujours une propension à s’imaginer le pire ou chercher des choses là où il n’y en a pas, et l’homme de ne jamais se sentir à la hauteur. Ces quatre personnages sont très différents les uns des autres et, les incompréhensions de couple ajoutées aux affres du quotidien en font des couples en « perdition » ; chacun tenant à l’autre mais étant trop préoccupé par les aléas à côté pour se montrer conciliant, les frictions allant de ce fait en augmentant. Je pense que l’on peut aisément se reconnaitre, ne serait-ce qu’un peu dans la vie de famille des O’Brien ou des Harvey.

Siobhán McDonald nous brosse le profil de chacun, allant piocher dans des souvenirs d’enfance ou des attentes déçues, on éprouve forcément de l’empathie pour ses personnages et le petit bonhomme Fergus vient encore gonfler l’attachement que l’on ressent. A travers Fergus, elle évoque le harcèlement scolaire mais aussi la difficulté pour les parents (et l’autre enfant) d’avoir à gérer un enfant différent. Même si elle ne met pas clairement de mots sur l’état de Fergus, celui-ci semble souffrir d’un trouble mental l’obligeant à avoir un cadre très strict dans tout ce qu’il fait et l’isolant à l’école, d’autant plus qu’il subit les quolibets d’un petit délinquant. Sa sœur, Izzy, est particulièrement mûre pour son âge et son comportement avec son frère est très émouvant. Les enfants Harvey, quant à eux, sont beaucoup moins évoqués, le sujet étant plus centré sur Oscar.

Des personnages très réalistes donc, mais à qui il n’arrive que des tuiles (ou presque), perte de travail, déboires professionnels, violence… et chaque action conduit inéluctablement à une fin tragique. Là où l’auteure est très forte, c’est qu’elle joue sur les mots et la perception que va avoir le lecteur, l’interprétation qu’il va en faire. Entre la découverte du corps au tout début de roman et le premier chapitre sur Mannix ou encore l’évocation à demi-mots de sa première femme, mon jugement était fait ; les chapitres sur Hazel m’en convaincant encore plus. Mais que j’avais tort ! J’ai foncé droit dans chaque pièce tendu par Siobhán M. et j’ai adoré ! Lorsque la vérité commence à se faire, on ne peut plus lâcher le livre ! J’ai été stressée sur toute la dernière partie du livre ; quel suspense et quelle angoisse ! Les personnages, et particulièrement Kate, prennent conscience de la réalité des choses, des implications, des conséquences et de l’impact que cela va avoir sur leur vie. Tout est plutôt réaliste, nous sommes confrontés, tout du long à de vrais sentiments et questions de tous les jours ; on a presque l’impression d’avoir réellement côtoyé Kate, Mannix, Hazel et Oscar le temps de cette tranche de vie.

Echange fatal est vraiment une très très bonne surprise, je pourrais presque dire un coup de cœur !


bottom of page