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Boy erased - Garrard Conley


Boy erased

Auteur : Garrard Conley

Éditeur : Autrement (13/02/2019)

Résumé :

Arkansas, 2004, Garrard a dix-neuf ans lorsque ses parents apprennent son homosexualité. Pour ces baptistes ultraconservateurs, la chose est inconcevable: leur fils doit être "guéri". Garrard est conduit dans un centre de conversion, où tout est mis en œuvre pour le forcer à changer. Où la Bible fait loi. Où Harry Potter est un livre déviant, où écouter Beethoven est interdit. Où on lui inflige une véritable torture mentale pour corriger sa prétendue déviance. Mais comment cesser d'être soi-même?


Je devais être à la hauteur ou risquer de décevoir mon père devant ces autres hommes. Puisque tout le monde me voyait comme un prolongement de mon père […] on s'attendait à ce que de grandes choses sortent de ma bouche.


Avis :

Lors de la dernière masse critique Babelio, j’ai été attirée par Boy erased pour deux raisons : le titre ne m’était pas inconnu et le sujet me semblait vraiment intéressant (le formatage pour « guérir » un jeune-homme gay). Ce qui se révèle assez effrayant à la lecture, c’est qu’il existe de telles pratique de nos jours car Garrard Conley a seulement 33 ans, ce qui veut dire que son récit alors qu'il était âgée de 19 ans a eu lieu dans les années 2000.

Boy erased est réellement très intéressant et révoltant, pourtant, mon avis se révèle plutôt mitigé.

Là où je m’attendais à être emportée par les sentiments d’un jeune-garçon, je me suis plutôt retrouvée en spectatrice d’une dissection : les termes sont précis, techniques et n’amènent pas forcément à une grande empathie de la part du lecteur. Il s’agit du parcours de Garrard pour accepter ce qu’il est et la religion est très présente. En effet, l’auteur a été élevé dans une communauté baptiste missionnaire et, dès les premiers signes de son attirance sexuelle, il s’est senti honteux et a cherché à la rejeter, a eu une longue relation amoureuse avec une fille de son église et à tout fait pour satisfaire les exigences avec lesquelles il a grandi. Plus que les réactions de rejet de son entourage, leur volonté à vouloir le changer, c’est son propre rejet de lui-même, son sentiment d’être anormal, de pêcher et la honte de ce qu’il est qui m’a marquée ; il y a un tel mal-être en lui et surtout une telle réflexion biaisée par ce qu’on lui a enseigné.

Le récit de Garrard oscille entre présent et passé ; la description du programme destiné à le soigner et son comportement vis-à-vis de cela, en bon élève, comme toujours d'un côté et de l'autre, ce qui l’ a conduit à prendre une telle mesure, comment il arrive à occulter un viol car il se sent coupable d’être homosexuel. J’ai été choquée de la façon dont il en parlait, à multiple reprise, le viol, ni plus ni moins, cet acte dont il a conscience qu’il est anormal et en même temps qu’il décrit avec beaucoup de recul.

Boy erased s’attarde également beaucoup sur la figure du père, cet homme exemplaire que tout le monde assimile à Garrard : comment le fils pourrait-il être différent du père ? Son père, ce prédicateur respecté dont tout le monde s'attend à ce qu'il suive les traces. Il nous retrace le parcours de ce dernier et s'y compare parfois, cherche ce qui a fait, dans sa vie, qu’il devienne homosexuel. C’est ce que les encadrant du LIA (Life In Action) attende de lui : retracer les pêchés de ses ancêtres (alcoolisme, divorces, jeux d’argent…) pour rechercher les origines du mal. Il se retrouve mis au banc et jugé, au même titre que les pédophiles ! LIA fait vraiment figure de secte qui conditionne l’esprit de jeune-gens influençables et en recherche d’eux-même; avec des préceptes très vieillots et des idées arrêtées sur chaque chose.

La mère de Garrard, beaucoup moins présente dans le récit est pourtant très proche de lui. Si elle est bouleversée (dégoutée ?) par la révélation de la sexualité de son fils, elle n’en restera pas moins à ses côtés sur le chemin de la « guérison » et par-delà.

Quand l’incompréhension, le choc des croyances se retrouvent confrontés à l’amour d’un fils et surtout à son bonheur. Garrard Conley ne s’étendra pas sur l’après, à demi-mot nous comprenons qu’il s’est accepté et je pense que ce livre nous le prouve.

C’est un témoignage fort et courageux, qui fait passer des messages mais que j’ai également trouvé plutôt détaché, pour cela je n’ai pas pu l’apprécier totalement. Il y a des longueurs, beaucoup de références à la religion et cela m’a vraiment paru lourd.

Si j’en ai l’occasion, je regarderai le film qui est tiré de l’ouvrage de Garrard Conley, il parait qu’il est bien et je pense que le rendu cinématographique peut être très différent.


Pourquoi ne l'avais-je pas remarqué avant ? C'était de dire la vérité qui vous attirait des ennuis.

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