Sous les apparences - I
Auteur : Sullian Loussouarn
Éditeur : IS Edition (30/11/2018)
Résumé :
Jonathan, la quinzaine, fait sa rentrée à Ardenne, une petite ville dominée par quelques dynasties bourgeoises. Le garçon, du genre surdoué, le nez toujours plongé dans ses livres, n'a pas le caractère frivole des adolescents de son âge et a toujours été moqué et rejeté. C'est pourquoi ses parents aisés, vivant en Italie, lui ont accordé un éloignement et une indépendance relative puisqu'il est surveillé de près par Ella, une amie de sa mère.
Dès le premier jour, Jonathan est fasciné par la beauté de Selenna, une jeune fille aveugle de sa classe. Celle-ci est mise à l'écart par tout le lycée et même toute la ville, pour un événement datant de deux ans ayant entraîné sa cécité. Lui, va à sa rencontre, l'aide, la défend et tombe vite amoureux. La famille de Selenna est méfiante, puis cède devant la sincérité du garçon. Au fil du trimestre, commence à se dévoiler la chape de secrets qui entoure Selenna et plombe la ville. Pire, quelqu'un cherche à la tuer.
Que s'est-il donc passé deux ans auparavant ? Pourquoi toute la ville lui en veut-elle ?
Avis :
J’avoue avoir craqué sur la couverture de sous les apparences sur SimPlement, et le résumé m’a vraiment intriguée, au point que je me suis lancée dans cette lecture jeunesse. Je remercie IS éditions pour leur confiance.
J’ai commencé mon voyage à l’aveugle (ne me rappelant plus du résumé quelques mois après, qui en révèle déjà pas mal), mais avec un gros à priori : en effet, j’ai lu quelques avis assez négatifs sur le roman ; pas tant sur l’histoire elle-même que sur la survente faite par la maison d’édition. Je vous avoue que je n’étais pas très rassurée en attendant parler de fanfiction de PLL et Twilight. Finalement, si je ressors mitigée de ma lecture, j’ai plutôt passé un agréable moment et les ressemblances avec les deux livres/film/série cités plus haut sont vraiment minimes (selon mon ressenti tout du moins car mes lectures remontent !).
Déjà, je ne sais pas si cela doit entrer en ligne de compte, mais il faut savoir que l’auteur de Sous les apparences est tout jeune. Il a 17 ans et a écrit ce premier tome (oui, je me suis faite avoir, c’est un tome 1 alors que rien ne l'annonce) à 13 ans. Je dois reconnaitre que j’ai été plutôt surprise par la richesse de son vocabulaire et sa façon d’écrire ; car c’est vraiment bien écrit et assez cohérent tout du long à deux/trois choses prêt. Pourtant, j’ai eu un peu de mal à accrocher à cette écriture, peut-être parce qu’elle fait trop recherchée et donc un peu artificielle par moment, que la réflexion du héros de 15 ans semble parfois trop poussée pour son âge ? Certes, Jonathan nous est présenté comme un adolescent hors normes, pas porté sur le sexe ou la boisson comme beaucoup de ses condisciples (en même temps je ne l'étais pas non plus, mais ici cela est très souvent mis en avant), vivant seul dans un appartement à plusieurs milliers de kilomètres de ses parents, grand lecteur de classiques qui se met à dévorer Twilight, victime de moquerie alors qu’il est plutôt beau gosse (mais intello…). Cependant, il y a un parfois un gouffre entre ses réflexions limite philosophiques et ses brusques prises de consciences de sa libido par exemple. C’est un héros un peu trop parfait en tout, qui analyse les choses de façon très rationnelle, on ne perçoit pas réellement ses sentiments. Sa façon de parler de l’amour par exemple, est très belle, mais ne fait pas « vibrer ». Les dialogues pêchent un peu par moment, un petit côté niais qui fait encore contraste avec la maturité que l’on sent dans le texte. Contrairement à ce que j’ai pu ressentir dans d’autres livres, ils ne font pas artificiels pour autant.
Le personnage de Selenna est à la fois très intéressant et agaçant. Elle souffle le chaud et le froid, faisant continuellement se remettre en question Jonah; un coup elle lui parle, un coup elle ne lui parle plus… Si l’on comprend que suite à l’agression dont elle a été victime quelques années plus tôt et à cause de à laquelle elle a perdu la vue, elle cherche à se protéger, on comprend un peu moins bien ses différents revirements de comportement alors qu’elle nous est plutôt dépeinte comme une jeune-fille raisonnable. Je n’ai pas forcément ressenti d’alchimie entre les deux personnages, juste une grande fascination de la part de Jonah, qui peine à mettre des mots sur ce qu’il ressent.
Les personnages secondaires tels qu’Ella, une amie de la mère de Jonah qui veille sur lui, Mercedes et Léon ou encore Jaimie que l’on verra sans doute plus dans le prochain volet sont très sympathiques mais un peu trop mis de côté à mon sens. La famille des deux adolescents est plutôt particulière : si les parents de Jonah laissent partir leur fils de 15 ans, ils semblent pourtant plutôt rigides, notamment en ce qui concerne les "bonnes manières" ; quant à la famille de Selenna, nous rencontrons essentiellement son frère, présenté comme le garçon taciturne et mystérieux qui ne parle pas beaucoup ce qui lui donne, je le reconnais, un certain attrait; et sa sœur aînée qui est sur le point de se marier. Les Rhodes sont plutôt détestés dans la bourgade, et Selenna, qui était la Allison DiLaurentis du lycée avant son agression suscite une haine profonde vis-à-vis de ses camarades. Sa famille vis à l’écart des autres et est très soudée.
L’auteur cherche à entretenir un suspens sur le passé de la jeune-fille que Jonah cherche à découvrir, ainsi que sur ses agresseurs qui n’ont jamais été identifiés. Ce suspens est un peu trop léger à mon gôut, Jonah est plus porté sur sa relation avec Selenna que sur les messages anonymes qu’il reçoit ou son envie de connaitre la vérité. Pourtant, il répète beaucoup qu'il est très curieux (je dois sans doute l'être encore plus). Avec les quelques incidences que nous laisse Sullian Loussouarn, j'ai pu établir certaines hypothèses semblent se confirmer dans le dernier chapitre. Sous les apparences soulève tout de même pas mal de questions dont on espère avoir les réponses et, l’épilogue (que je ne suis pas sûre d’avoir tout à fait bien compris – mais qui parle ?) nous laisse entrevoir une suite plus dynamique, du moins je l’espère.
Je regrette que l'auteur ait négligé le côté mystérieux que nous annonce le résumé au profit des états d'âme de Jonathan; j'aurai vraiment voulu en apprendre plus sur le passé de la ville, ce qu'il s'est passé entre Ella et Héléna, la personnalité de Sélenna avant son accident… Le fait que je pensais me trouver en présence d'un tome unique a peut être aussi joué sur le fait que j'attendais plus de révélations ici.
En bref, une jolie plume qui ne m’a pas embarquée, ne parvenant pas à saisir complément les sentiments, mais une fin de tome plutôt mouvementée qui nous laisse espérer une suite prenante.