La nouvelle
Auteur : Cassandra O’Donnell
Éditeur : Flammarion jeunesse (06/03/2019)
Résumé :
« Je vous présente une nouvelle élève, annonça le prof, elle s’appelle Haya. Elle vient de Syrie… » C’est drôle, songea Gabriel, il y a des gens qui attirent l’attention sans qu’on sache pourquoi… Cette fille, il ne la connaissait pas, mais elle l’intriguait à cause de ses yeux graves et la manière dont elle relevait fièrement le menton comme un défi…
Avis :
J’ai choisi La nouvelle lors que la dernière opération masse critique Babelio à cause du nom de l’auteure (que je n’ai pas encore lue mais eu le plaisir de rencontrer) et du sujet évoqué. En effet, La nouvelle parle d’une jeune fille Syrienne qui se retrouve intégrée dans un collège breton ; j’ai pensé qu’il serait intéressant de découvrir ce récit avec mon fils aîné. Ce dernier à 7 ans et vient d’apprendre à lire ; s’il a réussi à déchiffrer sans problème plusieurs pages, c’est moi qui lui ai fait la lecture en plusieurs temps les soirs.
Il a eu beaucoup de questions sur le vocabulaire employé, notamment des mots du langage familier tel que « cafter » (sur ce point il était au même niveau qu’Haya, l’héroïne) mais également un peu plus soutenu comme « mets ». C’est un roman qui est tout à fait accessible aux enfants de cet âge, mais l’on préférera le confier à des enfants plus âgés pour une lecture solo. Les protagonistes sont d’ailleurs des collégiens, et c’est probablement à eux que s’adresse au premier lieu La nouvelle.
Comme d’habitude lorsque j’écris un avis sur un livre jeunesse, je vous donnerai mon propre ressenti et celui de mon fils.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le récit de Cassanda O’Donnell, il permet d’aborder avec ses enfants, à travers des personnages qui leur ressemblent et auxquels on s’attache, le sujet de la guerre (en général et en Syrie plus particulièrement), de ses ravages mais également des hommes (femmes et enfants) qui la subissent. Il permet de faire comprendre que si nous sommes en paix dans notre pays, ailleurs dans le monde, des personnes souffrent et ont peur de ce qui les attend, des personnes peuvent perdre tout ce qu’elles ont. Il permet aussi de parler de la façon dont on perçoit ses immigrés en France ; de la bêtise des gens, de la méchanceté des enfants entre eux (probablement parce qu’ils répètent ce qu’ils entendent à la maison). Mais si ce rejet et cette méchanceté n’était en fait que le reflet de notre propre peur vis-à-vis de ce que l’on ne connait pas ?
A travers les personnages de Gabriel et Haya, Cassandra O’Donnell va nous faire découvrir une petite part de culture Syrienne mais surtout les sentiments de ces personnes déracinées, qui n’ont rien demandé, n’ont pas eu le choix et ne souhaiteraient rien plus que de pouvoir rentrer dans leur pays. La nouvelle s’est une histoire de tolérance et d’amitié interculturelle mais aussi de découverte et d’acceptation. Cassandra O’Donnell a choisi de donner à Gabriel une famille imparfaite (comme le sont toutes les familles), avec deux frères aux caractères très différents qui ne s’entendent pas (peut être la faute au père) et une grand-mère aimante qui cache un secret. Un secret qu’on devine, un petit peu, et qui explique bien des choses. Un secret qui parle d’intégration et qui aidera les deux frères à se retrouver.
A travers Haya, elle dresse le portrait d’une petite fille qui n’a peur de rien, si ce n’est des fusils et des bombes, d’une petite fille que les méchancetés de ses camarades de classe n’atteignent pas car qu’est-ce que c’est à côté de ce qu’elle a déjà vécu. Par-là, La nouvelle permet de faire la part des choses et de se rendre compte que nos petits problèmes ne sont rien.
C’est un très beau roman donc, qui, je l’espère, saura toucher les plus jeunes et leur permettre de prendre conscience de certaines choses. Il est très émouvant, notamment lorsque l’auteure nous parle, à travers le regard d’Haya, de ce qu’elle a traversé. J’ai eu plus d’une fois les larmes aux yeux en lisant, probablement parce que la lecture à voix haute amplifie les mots.
Quant à mon fils, lorsque je lui ai demandé ce qu’il en avait pensé, il m’a répondu : c’était bien.
[SPOILER] Il en a retenu qu'Erwann et Lucas se comportaient mal car ils étaient méchants avec Haya, il ne voulaient pas d'étranger dans le pays alors qu'ils avaient le droit. Que le frère de la grand-mère de Gabriel avait été tué parce qu'il ne pensait pas comme le roi, et ça ça l'a beaucoup interpelé; il m'a demandé quand est-ce que c'était arrivé exactement et a pris conscience que dans certains pays les choses ne se passent pas comme chez nous. A la fin du roman, alors qu'Ava cuisine, il m'a dit "à mon avis, elle prépare des plats de son pays, il avait tout compris ! [SPOILER]
Un roman peut-être encore un tout petit peu compliqué pour lui, mais il en garde certains enseignements qu'il appliquera, je l'espère, dans sa vie future.