Terre d'Ombre 3
De loi et de sang
Auteur : Vania Prates
Éditeur : Rebelle Editions (28/05/2019)
Résumé :
La jeune Lake du clan du sud, guérisseuse de l'âme, n'est plus. Dorénavant, elle est connue sous le nom de Messagère, et ce qualificatif n'est jamais pris à la légère. Que lui reste-t-il comme solution ? Craindre cette nouvelle réputation ou l'apprivoiser et s'en servir comme arme ? D'autant que de grands pouvoirs amènent de grands ennemis. Et des ennemis, elle ne les compte plus. Après avoir fait un pacte avec le chef de Brivaël, Lake retourne à Ceslaw dans le but de faire tomber Théorys et rouvrir les frontières, entourée cette fois d'une confrérie de personnages tous plus atypiques les uns que les autres. Amis et alliés, prêts à la protéger des tentacules de Ceslaw. Cependant, elle va se rendre compte que les apparences peuvent être trompeuses, que les enjeux politiques sont vicieux et la vérité plus sournoise encore que prévu. Les dés sont jetés. Lake n'est plus la proie, elle va devenir la chasseuse.
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Pour être honnête, je dirais que tous les cœurs pourris de cette terre mériteraient de mourir. Mais j'ai vécu assez longtemps pour savoir que l'humain est ainsi fait, et qu'il est plein de nuances. Il y a des cœurs malades qu'on peut soigner, des cœurs purs, des cœurs amochés, des cœurs colorés, des cœurs empoisonnés. Tous ceux-là peuvent changer au fil du temps ou rester tels quels. Mais dès qu'un cœur est pourri, il n'y a plus rien à faire.
Avis :
J’ai beaucoup beaucoup aimé les deux premiers tomes de la saga Terre d’Ombre et, en relisant mes avis de l’époque, ils se rejoignent tous les deux sur le fait que l’univers et les personnages sont très immersifs, détaillés et savent capter le lecteur avec une grande facilité ; la plume de l’auteure est vraiment fluide et retranscrit avec brio des paysages, une ambiance et une intrigue très réfléchis, qui nous propulsent aux côtés des personnages.
Je me suis donc précipité sur De loi et de sang que j'ai reçu peu après sa sortie. Malheureusement, j’ai commis une petite erreur, car les précédents opus ayant été lus il y a assez longtemps, le récit de Vania Prates n’était pas assez frais dans mon esprit. Je me suis donc retrouvée un peu larguée sur le début, prise au milieu d’une équipée plutôt nombreuse dont je ne me souvenais pas forcément des noms ou des rôles. Malgré cela, j’ai très vite retrouvé l’ambiance, les échanges et l’addictivité de l’histoire. Les détails sur les personnages et/ou l’intrigue me sont revenus petit à petit, alors que l’auteure resitue des évènements ou tout simplement parce qu’une parole ou une action ravivaient mes souvenirs. Je vais essayer d’en dévoiler le moins possible sur l’intrigue en elle-même, mais cela n’est pas toujours évident lorsqu’il s’agit d’un dernier tome.
Dans ce dernier volet, nous retrouvons la ville de Ceslaw, dans laquelle se situait une grande partie de l’intrigue de Messagère. Nous nous rendons compte que Lake a fait du chemin à la rencontre d’un personnage ou d’un autre qu’elle avait côtoyé lors de ses premiers pas dans la cité. Elle était arrivée seule, elle est désormais plus que bien entourée, de personnes qui tiennent à elle et sont à ses côtés quoi qu’il leur en coûte (humains ou non). J’ai beaucoup aimé cet esprit de famille, avec une Lake un peu surprotégée alors qu’il faudrait peut-être plutôt craindre que la menace ne vienne d’elle. Elle désire toujours comprendre ce que son don implique et doute souvent de sa capacité à réussir là où les autres ont échoué ; elle est à la fois plus forte et affaiblie par sa peur de blesser ceux qu’elle aime. Elle découvre peu à peu ses nouvelles capacités et apprend à accepter ce qu’elle est, tout en cherchant un moyen de le détourner. Jaylan, de son côté, a drôlement évolué entre l’homme froid et calculateur que l’on pouvait deviner et l’homme dévoué à ses amis que l’on a appris à découvrir. Vania nous live quelques confidences sur Jay, notamment la raison de son détachement et par là même un bout de son passé (avant Brivaël et sa rencontre avec ses frères). Les autres compagnons de Lake sont tout aussi attachants, à travers les petits détails que l’auteure nous donne, les dialogues souvent plein d’entrain qui font ressortir le lien qui les unit.
Nous regagnons Ceslaw donc, de manière incognito pour tout vous dire, parce que Lake est recherchée… et par plusieurs personnes bien sûr, sinon ce ne serait pas drôle ! La première partie du roman est plutôt calme, entre recherche, prise de connaissance des évènements qui se sont déroulés durant leur absence… l'aspect politique reste plutôt en arrière-plan. Puis, à mesure que les compagnons infiltrent la cité, que Lake poursuit son propre but (avec une aide pour le moins intéressante), les manigances se font de plus en plus pressantes, la situation de Ceslaw s’envenime et un massacre semble s’annoncer ; des alliés se révèlent en fait être des ennemis et Vania nous met une grande claque en révélant la personne qui tire les ficelles du complot politique en cours dans la cité. Elle nous le répète pourtant à maintes reprises, à travers Lake et ses mentors (Bô et Domitian) : il faut se détacher des évidences et voir par-delà la toile. Mais je n’ai rien vu venir ! Pire, j’ai fait d’autres suppositions (de dernière minute) avec les faits que j’avais devant les yeux. La surprise n’en a été que plus grande, d’autant plus qu’il s’agit d’un personnage que je n’aurais jamais soupçonné et qui, même une fois démasqué, poursuit dans les faux-semblants (pourriture jusqu’au bout car je vous l’assure, absolument tout a été planifié ! >> cela rejoint un peu la citation que je vous ai relevée).
Une autre surprise vient d’un personnage que l’on avait aperçu dans le premier tome et qui devient un allié ici : il s’agit de Lynx, l’homme mystérieux capable de localiser n’importe qui dans la cité. Jusqu’au bout son identité sera maintenue secrète, et jusqu’au bout je me laisserai duper puisque je pensais à un tout autre personnage.
Au final, il se passe beaucoup de choses dans la dernière partie; les masques tombent, des affrontements se mettent en place et les décisions des personnages (et de Lake en particulier, qui se répète, comme un mantra, les mots d’un Emissaire) nous entraînent dans un tourbillon duquel on ne sait pas très bien qui en réchappera.
Même si l’auteure a pris des décisions difficiles (en sacrifiant certains personnages notamment), j’ai trouvé cette fin parfaite, autant du point de vue de l’accomplissement des personnages que des fils qui s’assemblent et nous révèlent les dessous de Ceslaw.
C’est donc le cœur léger et, bien qu’ayant eu quelques difficultés à rédiger cet avis, que je quitte Lake et ses compagnons.