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Le douzième chapitre - Jérôme Loubry


Le douzième chapitre

Auteur : Jérôme Loubry

Éditeur : Le Livre de Poche (04/09/2019)

Résumé :

Été 1986. David et Samuel ont 12 ans. Comme chaque année, ils séjournent au bord de l'océan, dans le centre de vacances appartenant à l'employeur de leurs parents. Ils font la connaissance de Julie, une fillette de leur âge, et les trois enfants deviennent inséparables. Mais une ombre plane sur la station balnéaire et les adultes deviennent de plus en plus mystérieux et taciturnes. Puis alors que la semaine se termine, Julie disparaît. 30 ans plus tard, David est devenu écrivain, Samuel est son éditeur. Depuis le drame, ils n'ont jamais reparlé de Julie. Un jour, chacun reçoit une enveloppe. À l'intérieur, un manuscrit énigmatique relate les événements de cet été tragique, apportant un tout nouvel éclairage sur l'affaire.


Les hommes naissent-ils fous ou le deviennent-ils avec le temps et les épreuves ?


Avis :

J’avais repéré Le douzième chapitre à sa sortie en poche, ma copine Elsa l’a beaucoup aimé et l’auteur était présent à la foire du livre de Brive cette année ; il ne m’en fallait pas plus pour craquer !

J’ai dévoré ce second roman de Jérôme Loubry. L’ambiance est parfaite entre enfance/innocence et vicissitudes de l’âge adulte. L’auteur nous plonge dans une lecture très très bien construite et nous balade entre années 80 et époque actuelle. Le récit est découpé en plusieurs narrations : le David adulte, écrivain émérite, qui subit le contrecoup de la lecture du mystérieux manuscrit qu’il a reçu ; les différents chapitre du manuscrit, qui nous transportent rue des Mouettes, au bord de l’Atlantique, l’été 1986 ; et des extraits de l’année 1986 qui viennent compléter le manuscrit pour le lecteur que nous sommes.

Jérôme Loubry crée une atmosphère particulièrement tendue en tournant ces phrases de telle manière que nous pressentons qu’il va se passer quelque chose sans réellement savoir quoi ; nous tournons les pages dans l’attente de la délivrance. Il dissémine des petits « ce fut la dernière fois qu’on le vit », « ils ne savaient pas que ce serait leur dernière… » … Pourtant, tout semble très intuitif, de telle sorte que j’ai chaque fois (ou presque), compris juste un peu avant qu’il ne l’annonce clairement, ce qu’il est en était (comme par exemple le bracelet brésilien, l’identité du prisonnier ou encore la réalité de cette nuit de 1986). Loin de gâcher un quelconque suspense, ces rebondissements attendus m’ont encore plus captivée.

Le douzième chapitre est un roman à sensations : la manière dont les événements du dernier été sont décrits sollicite aussi bien notre imagination visuelle que tactile et émotionnelle ; nous nous replongeons sans mal dans ce temps de l’innocence, cette fuite du quotidien, ces instant d’évasion et de bien-être, on sent le sable sous nos pieds et surtout, les fantômes qui planent. Car ces fantômes qui murmurent à l’oreille des vivants, ses histoires qu’on racontent le soir pour faire peut aux enfants, ses légendes auxquelles on ne veut pas croire mais pourtant… font la poésie du roman. La réflexion est poussée, les indices sont là, au final, nous n’attendons que le dénouement, connaitre le fin mot de l’histoire, ce qui a fait que nous en sommes arrivé là.

A l’instar de ces personnages du passés, qui furent ou aveugle ou sourd ou muet, chacun n’ayant qu’une vision tronquée des événements ou s’étant convaincu que rien n’était arrivé, nous redécouvrons la suite des événements qui a conduit à cet été dramatique. Plus encore, nous évoluons dans une époque qui nous est révolue ; où toute la sur-connexion des enfants n’existait pas, où certaines vérités n’ont pu être découvertes que bien plus tard.

Les personnages font également la force du récit, chacun d’entre eux étant très bien décrit psychologiquement à défaut de l’être physiquement, sans que cela ne soit un frein à notre imagination. A travers son roman, Jérôme Loubry évoque également la fin d’une époque, le déclin des industries françaises et les impacts sur les petits villages de ma région.

Un roman immersif et empreint de poésie, qui me donne envie de découvrir d’autres ouvrages de l’auteur.

Je compris à cet instant de ma jeunesse que d'infimes parties de nous mouraient continuellement. Que des souffrances qui ne s'éteindraient jamais complètement usaient le corps et l'esprit jusqu'à l'abandonner dans une chambre aseptisée ou au bout d'une corde. La vie en était pleine, de ces premières morts. Elles faisaient de nous des fantômes.

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