Bain de boue
Auteur : Ars O' Editeur : EDITIONS DU SOUS-SOL (18/08/2023)
256 pages
Résumé :
La bauge, peut-être demain, après la catastrophe.
Tout n’est que boue à perte de vue.
Au centre, le refuge, où le Jardinier règne en maître sur deux castes : les pelleteux, chargés de repousser la boue, et les puterels, une cour de très jeunes hommes et femmes privilégiés mais à sa merci. Certains sont nés là et ne connaissent rien du monde extérieur. D’autres, plus rares, sont venus d’ailleurs, par-delà les ruines, et prétendent ne pas savoir pourquoi.
Il en est ainsi de Lana et Rigal, qui, lassés de lutter contre la boue, coulée après coulée, ont décidé de fuir l’hostilité des lieux pour faire la route inverse. Flanqués du Puterel roux et de la Môme, sa jeune protégée, ils tentent d’échapper aux dangers de l’environnement et des hommes pour retrouver le chemin de la lumière.
Avis :
Ce qui est bien avec le Comité de lecture Cultura, c'est qu'il me permet de découvrir de nouveaux auteurs et, parfois, de nouvelles maisons d'éditions. C'est carton plein pour Bain de boue avec lequel j'ai pu lire pour la première fois Ars O' (je crois bien qu'il s'agit d'ailleurs de son premier roman) et les Editions du sous-sol. Outre le résumé alléchant, ce sont les mots "la dystopie prend peu à peu la forme d'une épopée flamboyante, portée par une langue d'une grande richesse et d'une formidable inventivité", notés sur la quatrième de couverture, qui m'ont convaincue de choisir Bain de boue parmi les livres proposés.
Le bilan est assez mitigé. Peut-être m'étais-je moi-même survendu le concept de la dystopie/épopée flamboyante. Ce qui est certain, c'est que la langue est effectivement d'une grande richesse, et ce malgré le parlé/pensé très particulier des personnages. La dystopie est également différente de celles que je peux avoir l'habitude de lire; plus réaliste, totalement ancrée dans le monde que l'on connait, dans un futur que l'on pourrait (aisément) imaginer.
Le texte n'est pas réellement découpé en chapitres, mais plutôt en parties narratives; c'est à dire que chaque partie porte la vision de l'un des personnages. Bizarrement, cela ne m'a pas dérangée (NDM : en général je lis "au chapitre") et, bien que le personnage "prenant la parole" ne soit pas clairement identifié (son nom en début de partie par exemple), on arrive facilement à voir à travers quels yeux les scènes et dialogues nous sont retranscrits.
Dans Bain de boue, la société dépeinte ne nomme pas les individus. Ainsi, si Rigal et Lena, qui viennent de l'extérieur de la Bauge, ont un prénom qui les identifie l'un envers l'autre, ils sont La Grande et Le Gros pour les autres. Le Puterel et La Môme ne sont qu'un puterel et une môme parmi les autres, et nommés comme tels. Tout comme la Vieille Truie et son mode de pensée totalement embrouillé.
Nous avons donc une vague idée de ce qu'est la Bauge, que nous explorons à mesure de l'avancée du récit. On nous parle de "dehors", ce monde "civilisé" que nous connaissons, mais dont nous ne pouvons pas comprendre pas l'évolution entre aujourd'hui et la Bauge, de même que nous ne saurons pas pourquoi ceux qui viennent de dehors y sont abandonnés. Il y a aussi ceux qui naissent dans la Bauge; mômes "choyés" car puterels en devenir ou pelleteux livrés à eux-mêmes et à la dureté de la vie. Ceux qui ne connaissent ni les routes, ni l'électricité, ni la technologie.
Les phrases sont courtes, pas toujours "recherchées", parfois destructurées, reflet des pensées du personnage concerné. Mais le vocabulaire est éclectique, l'auteur mêle mots courants voire familiers à un langage un peu plus soutenu.
En soi l'épopée est plutôt intéressante. On contemple les relations humaines, leur évolution, l'envie de survie et les changements qui opèrent au contact des autres. On se heurte à des personnalités plus ou moins fortes. Mais on ne tremble pas vraiment à l'idée que les personnages puissent se faire engloutir par une coulée ou rattraper par d'éventuels poursuivants. De plus, je suis personnellement restée sur ma faim. Trop de choses non dites ou non expliquées, trop d'interrogations restantes à la fin du récit.
A moins que Bête lectrice. Bête lectrice. Rien compris.
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