Comme une image
Auteur : Magali Collet Editeur : TAURNADA ÉDITIONS (06/10/2022)
246 pages
Résumé :
Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons. C'est une enfant intelligente et vive, une grande sœur attentionnée et une amie fidèle. C'est la petite fille que chacun aimerait avoir. D'ailleurs, tout le monde aime Lalie. Tout le monde doit aimer Lalie. C'est une évidence. Il le faut.
Avis :
Lorsque les éditions Taurnada m'ont proposé de découvrir le dernier Magali Collet, j'ai longuement hésité car le sujet est extrêmement dérangeant. Mais j'ai lu le résumé et une fois qu'on l'a lu, on ne peut faire autrement que d'ouvrir le livre. J'avoue que je me suis blindée avant d'en commencer la lecture, autant la couverture (avec cette enfant au regard glaçant) que la quatrième de couverture m'ont fortement fait penser au film Le bon fils - sur le DVD duquel on peut lire "Le diable a un visage : celui d'un ange" - dont je ne me rappelle pas la totalité de l'intrigue mais qui m'avait fortement marquée et choquée à l'époque de mon visionnage.
Comme une image se lit très très vite : il n'est pas épais et une fois commencé on a beaucoup de mal à le poser. Nous sommes à la fois dans la tête de Lalie (ce sont d'ailleurs les passages les plus dérangeants), et portons un regard extérieur sur les actions et sentiments de son entourage : ses parents, sa belle-mère ou encore son institutrice. Lalie est un personnage aussi fascinant que glaçant. Magali Collet nous livre un récit rythmé, qui nous pétrifie au fur et à mesure que l'on prend conscience de la particularité de Lalie. Le récit est effrayant de réalisme, et ne serait-ce qu'envisager l'idée qu'un enfant ait de telles pensées m'a totalement perturbée. D'ailleurs, les adultes ont ce même raisonnement : Lalie est une enfant, elle a vécu des choses difficiles et elle est perturbée. Pas une seconde ils ne vont émettre le moindre doute sur son état mental car les enfants sont synonymes d'innocence.
L'intrigue est très bien menée. "Tout le monde doit aimer Lalie. C'est une évidence. Il le faut." Ce sont ces mots en particulier qui m'ont séduite, et ils sont ô combien vérifié par le comportement de la petite fille au visage d'ange qui cache une enfant manipulatrice, calculatrice et méchante. Lalie est très intelligente et elle agit de manière à ce que personne ne soupçonne rien, employant des mots simples alors que ses pensées sont construites avec soin, s'entourant "d'amies" et commettant volontairement des erreurs lors des interrogations. Elle est prête à tout pour être appréciée et, lorsque sa couverture commence à voler en éclat, pour que son vrai visage ne soit pas dévoilé.
Ce roman. La façon de penser de cette enfant. Son incapacité à éprouver des émotions. Son besoin d'attention. Et cette colère qui enfle. On ne parle pas de psychopathie ou de sociopathie pour un enfant (c'est ce que dit une psy dans le roman), mais comment le devient-on ? et comment le diagnostique-t-on si tout est fait pour que ça ne se voit pas ? Même la psy qui avait certains doutes se retrouve ralliée à la causse de la fillette. Lalie est machiavélique et extrêmement brillante. Malheureusement pour son entourage, les deux ne font pas bon ménage. Souvent, ce n'est pas face à une enfant de 10 ans que j'ai eu l'impression de me trouver. Et cette fin. Totalement inattendue et stressante.
Magali Collet a réalisé un travail d'orfèvre pour donner vie à Lalie. Je ne sais pas si l'écriture l'a autant chamboulée que sa lecture l'a fait avec moi, mais elle touche du doigt un sujet captivant et le lecteur ne peut s'empêcher de se demander... et si ?
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