Des poignards dans les sourires
Auteur : Cécile Cabanac
Editeur : POCKET (18/06/2020)
512 pages
Résumé :
Catherine Renon n'a plus vu son mari François depuis des jours et ne semble pas s'en émouvoir. Dans ce coin d'Auvergne où les rumeurs blessent et tuent, pas question de prêter le flanc à la calomnie. Et surtout pas à sa belle-mère, veuve solitaire qui voue à son fils un culte tout en démesure.
Virginie Sevran et Pierre Biolet, du SRPJ de Clermont-Ferrand, ont été appelés pour constater la présence d'un corps démembré et en partie brûlé au Col des Goules. C'est la première enquête de Virginie depuis qu'elle a quitté le 36, quai des Orfèvres pour la province, à la stupéfaction de ses proches. Quant à Pierre, il observe sa nouvelle coéquipière d'un œil à la fois bienveillant et inquiet. Qu'est-elle venue chercher ?
Quand l'enquête met un nom sur ce corps, celui de François Renon, les questions les plus folles surgissent, avec une seule certitude : tous les meurtriers possibles de ce fils de bonne famille sont autant de facettes d'une victime annoncée.
Avis :
C'est lors de la dernière foire du livre de Brive que j'ai acquis Des poignards dans les sourires, sur les conseils d'Elsa qui avait beaucoup aimé un roman avec le même duo d'enquêteurs Servan/Biolet. Ma maman, qui partait en voyage en décembre, me l'a emprunté pour le trajet et me l'a rendu en disant qu'il était très bien. C'est donc avec une immense confiance que je me suis plongée dans les pages de cette première enquête de Virginie Sevran en Auvergne.
Des poignards dans les sourires se lit très très vite tant il est immersif. L'écriture de Cécile Cabanac est prenante et quasi chirurgicale : elle va droit au but, tout en décortiquant les comportements des personnages. Ces phrases sont concises, rythmées et entrainent sans mal le lecteur dans une course à la vérité.
Chaque partie nous situe géographiquement et nous donne date et heure. Elles nous baladent de personnage en personnage, chacun suivant son propre but : retrouver un père ou un fils disparu, continuer à avancer malgré tout ou encore se réconcilier avec le passé. Si la police, comme le lecteur et certains membres de la famille de François Renon savent qu'il a été assassiné, d'autres sont laissés dans l'ignorance, supposant une simple disparition. On découvre ainsi les différentes réactions, et surtout les secrets que tous semblent cacher. Il faut dire que les actions de la famille Renon ne sont pas toutes jolies jolies et que plus d'une personne aurait pu en vouloir à François.
Les personnages sont nombreux et entretiennent des relations compliquées, parfois conflictuelles. Le François que l'on découvre à travers les différents témoignages et grâce au périple de son fils n'est pas un père ou mari ou même un homme exemplaire, bien au contraire. J'ai aimé le fait que son fils de 16 ans, prompt à condamner le comportement de sa mère dans un premier temps, découvre le vrai visage de son père et les précautions prises par sa mère pour protéger les enfants de cette face de son mari. J'ai énormément apprécié Catherine qui reprend sa vie en mains et fait tout ce qu'elle peut pour sortir sa famille de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Seule contre tous. Car tous ont le jugement hâtif, quand bien même ils auraient eu la prétention de se faire appeler "ami".
Le duo d'enquêteurs n'en est qu'aux prémices de leur histoire puisque Virginie Sevran débarque tout juste dans la région. Une façon pour elle de prendre un nouveau départ et, malgré des magistrats/responsables un peu mal embouchés, elle est plutôt bien accueillie. Le fait de découvrir des éléments de leur vie personnelle nous les rends plus humains. Le rapprochement Virginie/Sophie Brun, la chef du service médico-légal amène une touche girl power à l'intrigue.
L'enquête est bien ficelée, des fausses pistes, certaines plus faciles que d'autres, se dessinent. Les langues se délient et les positions se prennent. Au final, même ceux qui semblent les plus fragiles ont un côté sombre, un ressentiment inavoué. Parfois, j'ai été surprise des choix opérés par les personnages.
Au final j'ai passé un agréable moment de lecture mais j'avoue avoir été moins emballée par la dernière partie du roman où certains dialogues / scènes m'ont semblés un peu moins aboutis / crédibles que ce qu'on avait pu lire jusque là.
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