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L'île de la Mangrove rouge - Sarah Lark

L'île de la Mangrove rouge

Auteur : Sarah Lark

Éditeur : L'Archipel (04/06/2020)

464 pages


Résumé :

Jamaïque, 1753. Deirdre, la fille de Nora et de l'ancien esclave Akwasi, vit dans la plantation de sa mère et de son beau-père.

Les garçons de l'île, fascinés par la jeune métisse, ne cessent de lui tourner autour. Mais Deirdre n'a d'yeux que pour un seul homme : le Dr Victor Dufresne...

Après L'Île aux mille sources, Sarah Lark entraîne de nouveau ses héroïnes dans les décors enchanteurs des îles caribéennes. Mais, sous les tropiques, le temps comme le destin se montrent parfois capricieux...


Avis : 

J’avais énormément aimé le premier tome de la saga de Sarah Lark : L’île aux milles sources, c’est donc avec joie que je me suis plongée dans L’île de la mangrove rouge, et avec joie que j’ai retrouvé Doug et Nora, les protagonistes que je connaissais.

Cette lecture a toutefois été parasitée par un personnage toxique (qui suit bien les traces de son père) et un autre qui m’a agacée. Heureusement, cela ne nuit que relativement peu à l’ensemble de l’histoire, et la plume de Sarah Lark est véritablement entrainante.

J’ai à nouveau aimé découvrir les aspects « historiques » en rapport à l’esclavagisme ; alors que nous avions précédemment découvert les plantations de Jamaïque (anglaise), nous sommes ici propulsés à Saint Domingue (française), où les cultures et les pratiques sont différentes. A la canne à sucre sont préférés le café et le tabac, et les enfants esclaves travaillent dès leur plus jeune âge à des tâches moins « rudes » que la culture de la canne. J’ai également apprécié côtoyer des personnages ouverts et justes, qui contrebalancent les excès de certains contremaîtres ou planteurs (mèz). On constate qu’il est difficile de faire évoluer les choses, même en employant les meilleurs arguments du monde comme sait si bien le faire Nora. Les blancs se considèrent comme tous puissants et la vie de leurs esclaves leur importe moins que la rentabilité de leur affaire.

Il est intéressant d’apercevoir, l’espace d’un instant, un retournement de situation quand les maîtres commencent à être assassinés. Le climat de tension et de peur qui se crée est tout de même moins perceptible que si l’ensemble du récit se déroulait sur une plantation. La question de perception des choses et celle des moyens employés se pose constamment : quels actes peuvent réellement être justifiés ? Nous voyons éclore le début d’une révolte qui mettra encore quelques années à aboutir.

Une chose est flagrante, que l'homme soit noir ou blanc, il peut tout aussi bien être bon que cruel. Aucune histoire de couleur là dessous.

A l’esclavagisme s’ajoute la piraterie. J’ai adoré découvrir ces hommes engagés dans le pillage des bateaux des colons, voir leur techniques d’approche et l’esprit de camaraderie qui règne sur leur vaisseau.

Dans ce second opus, nous suivons la fille de Nora et Akwasi, Deirdre, qui a la chance de ressembler à une blanche malgré ses origines. Nous suivons également Jefe / Caesar, le fils du même Akwasi, qui est né libre et a été élevé par sa mère, elle aussi affranchie, mais en qui brûle une haine féroce. C’est le fameux personnage toxique, celui dont on a l’impression qu’il fait toujours les mauvais choix, souvent au détriment des autres. Vraie tête brûlée, il rêve de suivre les traces de son père. Il est plutôt bien loti, mais il veut plus. Il croit que tout lui est dû. Deirdre, quant à elle, a été couvée par ses parents ; elle prend, plus d’une fois, les traits d’une enfant capricieuse et gâtée. J’ai eu beaucoup de mal à justifier certaines de ses actions, d’autant plus avec les dommages collatéraux associés.

Nous suivons également Victor, l’époux de Deirdre, qui est un homme parfait. C’est un peu l’impression qu’il donne ; désintéressé de la fortune de sa famille, à l’écoute de tout le monde, y compris des noirs sur lesquels il ne porte pas le même regard que la population blanche en général. J’ai retrouvé en lui certains traits de Doug, comme j’ai retrouvé des traits d’Akwasi en Jefe.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Bonnie, jeune fille noire maltraitée par son maître, qui prend son destin en main et dont le courage n'a d'égale que sa volonté de s'en sortir. Même si elle est, elle aussi, affectée par les décisions prises par d'autres, elle va apprendre à s'affirmer et se laisser aider.

En plus de me faire voyager, au gré de superbes paysages (et d'autres moins idylliques), L'île de la mangrove rouge m'a fait passé par toutes les émotions: enchantement, agacement, stress… Sarah Lark ne ménage pas ses personnages et le hasard fait souvent bien les choses, lorsque le chemin des différents protagonistes se croise nous laissant entrevoir que le monde est vraiment petit !

Malgré les quelques difficultés que j'ai pu avoir avec certains personnages ce fut une lecture des plus agréables, qui se finit peut être un peu rapidement car nous avons presque l'impression de laisser tout le monde en plan. J'ai toutefois apprécié la page finale du roman, qui fait le trait entre évènements historiques et les libertés prises par l'auteure quant au devenir de Macandal.


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