La dame de l'Orient-Express
Auteur : Ashford Lindsay
Editeur : L'Archipel (12/03/2020)
Résumé : En 1928, après son divorce et alors que son ex-mari s'apprête à épouser sa maîtresse, Agatha Christie décide de partir plusieurs mois en Irak pour découvrir la région, trouver l'inspiration de ses prochains romans et, surtout, se changer les idées. Agatha Christie embarque incognito à bord de l'Orient-Express, où elle fait la connaissance de deux femmes, Nancy et Katherine. La première fuit un mari violent et Agatha va la prendre sous son aile. La seconde travaille sur un chantier archéologique à Ur, en Irak, où elle invite ses deux nouvelles amies. Toutes trois cachent un secret. À Ur, tandis qu'un drame se noue, Agatha va faire une rencontre qui bouleversera son existence et lui redonnera le gout de vivre.
* Inspiré d'un épisode de la vie d'Agatha Christie, La Dame de l'Orient-Express mêle réalité biographique et éléments fictionnels.
L'ironie de la situation ne lui échappait pas. Assise dans un train dont elle avait déjà décidé qu'il figurerait dans l'un de ses futurs romans, elle attendait les conseils d'un des personnages qu'elle avait imaginés. Comment était-ce possible de créer un personnage plus intelligent, plus observateur, plus perspicace que soi-même ?
Avis :
Je vais vous avouer une chose : je crois bien n’avoir encore jamais lu (ou même vu) de roman d’Agatha Christie. Mais alors que je referme La dame de l’Orient-Express, qui m’aura permis de découvrir un peu cette grande dame, j’ai plus qu’envie de lire au moins l’un de ses ouvrages ; peut-être bien Le crime de l’Orient-Express qui lui a été inspiré par son voyage.
Pour écrire son roman, Lindsay Ashford s’est inspirée d'un épisode de la vie d'Agatha Christie et, en partant de faits avérés, a brodé avec sa plume quelques semaines entre Londres et Bagdad, mettant en scène personnages réels et imaginaires. A la fin du roman, elle nous explique d’ailleurs la part de fiction et de réalité. Elle nous conseille également l’autobiographie d’Agatha Christie si nous souhaitons en apprendre d’avantage.
J’ai beaucoup aimé l'écriture de l’auteure, qui nous immerge dans les années 30, alors qu’Agatha vient de divorcer (contre son gré) et se retrouve à bord de l’Orient-Express pour fuir le re-mariage de son mari. Mais tout commence en réalité dans les années 70, alors qu’un mystérieux jeune-homme vient sonner à sa porte avec deux photos, à la recherche de réponses. Ces photos vont la replonger en 1928, à bord du fameux train.
J’ai adoré le voyage en train, la description de l’aménagement, les sensations durant le voyage et les paysages. Au point de me dire que j’aurais bien accompli le même périple ! Agatha apparaît très perturbée par son divorce et quelque peu obsédée par son ex-mari ; c’est une femme qui n’a plus confiance en elle, a peur du regard des autres, notamment à cause de la presse qui étalé une version erronée de sa vie privée en première page. Elle voyage d'ailleurs sous un faux nom et s'est grimée pour l'occasion. Deux autres femmes, également passagères du train, sont suivies en parallèle : Nancy, jeune-femme déçue par son mariage, qui projette de s’enfuir avec son amant (des similitudes avec la propre histoire de la mère d’Hercule Poirot sont visibles) et Katharine Wooley, archéologue qu’Agatha a réellement côtoyé dans son existence. Les trois femmes vont se rencontrer et, petit à petit se confier, nouer une amitié, malgré leurs caractères opposés et leurs secrets. Toutes trois très différentes, elles vont s’accepter et évoluer les unes avec les autres. Le personnage le plus ambigu est certainement celui de Katharine, qui apparaît un peu comme une femme fatale, manipulatrice et aimant dominer voire contrôler les autres. Pourtant, elle cache une lourde blessure et va se trouver transformer par sa rencontre avec Agatha. Nancy, malgré la désillusion de son mariage, apparaît sans doute comme la plus naïve, ou en tout cas la plus fragile. Prise sous l’aile d’Agatha, au contact de l’expérience malheureuse de celle-ci, elle verra sa romance avec un homme marié sous un autre jour. Quant à Agatha, il s’agit vraiment d’une femme fascinante. Elle s’intéresse et se documente sur tout ce qu’elle découvre et semble avoir un très bonne culture générale. Lourdement blessée par l’abandon de son mari, au moment où elle avait le plus besoin de lui, elle arrive à s’en détacher et se rendre compte qu’elle est finalement peut-être mieux sans lui. Elle reprend confiance en elle progressivement et donne un nouveau sens à sa vie ; conseillée à la fois par sa maman et son personnage vedette, le grand Hercule.
La dame de l’Orient-Express permet d’avoir un aperçu de la vie privée d’Agatha Christie, mais c’est aussi une histoire de femme, à une époque où les femmes n’avaient pas forcément grande liberté, une histoire d’amitié, d’amour tout de même et également de voyage. Lindsay Ashford nous entraîne vers des paysages exotiques, nous confronte à des coutumes différentes, des couleurs, des senteurs… nous replonge dans le passé lointain à travers des fouilles archéologiques et des croyances anciennes. Assurément ce livre nous fait voyager et nous touche, d’autant plus que l’auteure y aborde une maladie peu commune.
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